L’Envers du Culte: Total Recall (1990), Au dela du réel (1980)

Total Recall: Une éternité que je n’avais pas vu celui ci! Adaptation d’une nouvelle de l’incontournable Philippe K.Dick, Total Recall, au delà de présenter les thématiques habituelles du hollandais (violence, ambiguité, exagération) est surtout marquant de par ses FX/décors réussis (qui ont plutôt bien vieillis) et sa thématique sur l’identité qui fait craindre un twist à chaque instant. Même si je n’aurai pas forcément choisir Schwarzy (initiateur principal du projet après que Dino De Laurentiis ait abandonné) pour le rôle principal (Michael Ironside et Sharon Stone régalent suffisement pour compenser), la seule véritable ombre au tableau est son côté prévisible. Le scénario de ce côté là est par moments aussi original qu’un film d’action de série B. Dommage! Un film au propos social qui a eu son important dans l’univers SF futuriste/cyberpunk dans tous les cas (pas si fréquent au cinéma l’air de rien).

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0100802/

Anecdotes:

  1. Cette adapation est un vieux projet datant des années 1970… une de ses versions donnera finalement… le script d’Alien! Cronenberg travaillera sur une autre version au milieu des années 1980 avant d’abandonner pour tourner La Mouche. Le scénario connaîtra ainsi plus de 40 moutures!
  2. Le tournage s’est déroulé à Mexico et dans le Nevada.
  3. Certains éléments sont inspirés de The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy de Douglas Adams.

Au Delà du Réel/Altered States: Comme il ne faut pas rester sur une mauvaise impression, je me suis lancé dans cet autre métrage culte de Ken Russell qui me faisait envie depuis longtemps! Et le réalisateur a réussi à me toucher beaucoup plus dans celui ci (comment ça, ce n’est pas difficile?), malgré un univers particulier bien à lui (cet amour du kitsch et d’un certain mauvais goût qui peut en décourager certains… on ne pourra d’ailleurs que constater que le film a d’ailleurs passablement vieilli)! Mais… avec des passages hallucinés du plus bel effet, rappellant le meilleur de Jodorowsky mais aussi les mutations corporelles de l’ami Cronenberg, Au Delà du Réel possède deux grandes forces: un scénario alléchant, à la fois fort et original (une quête du savoir originel adaptée de la nouvelle de Paddy Chayefsky qui n’est pas sans rappeller un certain Dr Jekyll & Mr Hyde) et les solides interprétations du duo William Hurt/Blair Brown qui portent le film. Autrement, ça part un peu dans tous les sens: SF, drame, fantastique, métaphysique, épouvante, surréalisme,… mais ça reste suffisamment intrigant pour se regarder jusqu’au bout! Le gros problème est finalement le rythme: c’est long, lent et par moments… carrément verbeux (voire culcul comme pour la fin)! On ne pourra pas reprocher à son réalisateur d’être resté en terrain connu en tout cas! Une véritable expérience cinématographique!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0080360/

Anecdotes:

  1. La direction du film a été proposée à beaucoup de beau monde: on parle de Spielberg, Kubrick, Pollack, Wise, Welles (la flemme de mettre les liens, débrouillez vous!)… mais c’est finalement Arthur Penn qui sera choisi… dans un premier temps!
  2. La collaboration entre Russell (régulièrement ivre sur le plateau) et Chayefsky (qui mourra peu de temps après la sortie du film) a été tellement conflictuelle pendant le tournage que ce dernier n’apparaît que sous pseudonyme pendant le générique (« Sidney Aaron »). Russell deviendra d’ailleurs peu après persona non grata à Hollywood (Altered States est son premier film américain) et devra revenir en Angleterre quelques années plus tard.
  3. Ce film marque les débuts au cinéma de William Hurt et Drew Barrymore. C’est également un des premiers métrages à utiliser des effets spéciaux numériques.
  4. Le film s’inspire des expériences scientifiques de John C. Lilly, l’inventeur du caisson d’isolaton (entre autres).
  5. John Dykstra, spécialiste des effets spéciaux, quitta le tournage peu après Arthur Penn et c’est Bran Ferren qui prendra sa suite… avec un budget amoindri!

L’Envers du Culte: Les Diables (1971), L’Heure du Loup (1968)

Les Diables: Film culte (inspiré d’un récit historique réel que relatera Aldous Huxley dans Les Diables de Loudun) qui s’avère être une énorme farce au vu du (sur)jeu d’acteurs, de son scénario, de son montage et même de sa BO tellement excessifs ou à la ramasse (mais jamais dans l’entre-deux et c’est bien tout le problème) qu’ils semblent pondus sous acide, façon Jodorowsky ou Gilliam mais sans leur génie. On connaît le goût habituel de Ken Russell pour le mauvais goût, le surréalisme et la provocation mais là, les potards du grotesque ne sont pas loin d’exploser… Même Oliver Reed, souvent génial dans des rôles flamboyants, fait office de petit joueur… Alors oui, on saisit bien le propos à charge contre le rigorisme/fanatisme religieux, la frustration sexuelle, la noblesse et les abus de pouvoir en général mais honnêtement, n’était il pas possible de proposer quelque chose de plus fin, sans se vautrer dans des clichés provocateurs ridicules au point de décrédibiliser totalement ses personnages et son récit? C’est pas comme si Ken Russell était un manchot total non plus… Le métrage a au moins eu le mérite de m’arracher des rires nerveux devant le n’importe quoi ambiant et constant… J’imagine que c’est déjà énorme! Ceci dit, tout n’est pas à jeter, à commencer par quelques séquences inspirées (cf photo du dessous), les décors et les costumes foutrement réussis! Historiquement, ce film fait partie des débuts de la nunsploitation mais franchement, quelle corvée les amis!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt0066993/

Anecdotes:

  1. Le film s’inspire également de la pièce de théâtre du même nom de John Whiting et de La possession de Loudun de Michel de Certeau.
  2. Certains éléments modernes (et donc anachroniques) ont été volontairement intégrés au récit par Russell.
  3. Ce film a fait grand bruit au moment de sa sortie de par son caractère violent et sexuel, malgré le montage final éliminant les scènes les plus sulfureuses. Il faudra attendre 30 ans pour qu’une version director’s cut soit disponible, la Warner faisant volontairement opposition à cela.
  4. Les films Metropolis et La Passion de Jeanne d’Arc ont eu une grande influence sur les décors et les costumes.

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L’Heure du Loup: Depuis le temps, il fallait quand même bien découvrir Ingmar Bergman! Surtout qu’au vu de son univers, ça avait beaucoup de chances de me parler! Et effectivement, ce fut une très belle découverte. Déjà, le noir et blanc est magnifique ici, l’ambiance oppressante à mi chemin entre drame et fantastique que ne renieraient pas des Lars Von Trier (Antichrist surtout) ou (et c’est bien plus évident) des Lynch. Les acteurs principaux Max Von Sydow et Liv Ullmann (qui collaboreront plusieurs fois avec le réalisateur) sont totalement habités par leur rôle. Enfin, c’est surtout un film qui laisse court à l’interprétation du spectateur, ce qui est toujours appréciable. L’Heure du Loup est il un film sur l’angoisse de la paternité, les mensonges au sein d’un couple, les fantasmes et la tentation adultère, les troubles identitaires, la dévotion extrême d’une femme menant à l’isolement social? Les occupants du château sont ils seulement réels ou purement dans l’imagination/souvenirs du peintre torturé? D’ailleurs ce peintre… et si c’était l’alter-ego de Bergman lui même (qui sortait alors d’une liaison avec Ullman)? Libre à vous d’y adhérer ou pas. Ce qui est sûr, c’est qu’on replongera avec grand plaisir dans cet univers réaliste et minimaliste (très peu de musique dans celui ci… le Dogme 95 n’a finalement rien inventé) qui, grâce à de fascinantes étrangetés avant-gardistes… fait beaucoup avec peu!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0063759/

Anecdotes:

  1. Le film s’inspire aussi bien des propres cauchemars du réalisateur, que de La Flûte Enchantée ou encore des récits gothiques de Ernst Theodor Wilhelm Hoffmann (particulièrement sa nouvelle « The Golden Pot »).
  2. Le premier jet de ce film se nommait « Les Cannibales » mais fut temporairement abandonné pour réaliser Persona (avec lequel L’Heure du Loup partage des thématiques communes).
  3. Ce métrage est un des films favoris d’Andrei Tarkovsky.

L’Envers du Culte: Le Voyeur (1960), Vendredi 13 (1980)

Peeping Tom/Le Voyeur: Film matriciel s’il en est, offrant entre autres des vues subjectives du plus bel effet, on comprend aisément pourquoi et comment Peeping Tom a inspiré des films de psycho-killers tous plus malsains les uns que les autres: gialli, slashers, snuff movies! Souvent comparé à son jumeau Psychose (qui aura l’avantage d’une meilleure mise en scène -encore que- mais surtout d’un réalisateur plus renommé… chez qui Powell a plusieurs fois opéré d’ailleurs), le film de Michael Powell va pourtant plus loin dans ses thématiques, notamment en rentrant totalement dans la psyché de son antihéros et en l’humanisant via sa relation impossible avec sa voisine Helen Stephens (Anna Massey que l’on retrouvera dans Frenzy), ce qui donne un côté drame shakespearien bienvenue. Obsédé (voire totalement dépendant) par le « pouvoir » des caméras (d’où un côté « méta » sur le cinéma, qu’on retrouvera plus tard chez Antonioni, De Palma ou encore Haneke), s’adonnant à des délires de grandeur, miné par des traumas enfantins, les tueries de Mark Lewis (magnifique Karlheinz Böhm) ne peuvent que mal finir mais le métrage réussit à nous tenir en haleine tout du long, jusqu’au puissant climax final. Mieux, Lewis nous entraîne avec lui! Le film, original, brillant, dense et qui mérite amplement d’être (re)découvert, fera couler beaucoup d’encre à sa sortie, sera sévèrement charcuté au montage et sera distribué quasi clandestinement les premiers temps, précipitant la fin de carrière de son réalisateur (pourtant riche de plus d’une vingtaine de métrages). Profondément injuste quand on mesure son influence sur le cinéma d’aujourd’hui!

https://www.imdb.com/title/tt0054167/

Anecdotes:

  1. C’est Powell lui même, sa femme et son propre fils qui jouent les rôles du père, la mère du tueur et le tueur enfant.
  2. Il s’agit du tout premier film anglais montrant frontalement du nu féminin à l’écran.
  3. Pamela Green (Milly) était justement un modèle spécialisé dans la nu au moment du film.
  4. Le scénariste Leo Marks s’inspirera de plusieurs souvenirs de son enfance lors de l’écriture du script.
  5. Le Voyeur est un des films favoris de Martin Scorsese himself. Brian De Palma aidera lui aussi grandement à ce qu’il soit redécouvert dans les années 1970-1980.

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Vendredi 13: Il se trouve que votre serviteur n’avait jamais vu un seul film de la saga Vendredi 13 il y a peu, le côté slasher au rabais de la chose m’en a toujours tenu éloigné. Et… j’aurais dû patienter encore quelques années, voire quelques décennies, tellement j’ai détesté ce que j’ai vu. Quand on pense au Halloween originel, on se rappelle immédiatement de la géniale mise en scène de John Carpenter et sa vision d’auteur inattaquable du cinéma horrifique/fantastique. Quand on pense au premier volet des Griffes de la Nuit, on pense au superbe concept de départ (le boogeyman qui tue en modèlant les rêves de ses victimes pour se venger de leurs parents) directement inspirée par des souvenirs d’enfance de Wes Craven. Rien de tout ça ici, simplement un enchaînement de morts sans aucune tension et un lore quasi inexistant en prime (mention spéciale à la daronne Voorhees qui crache sa valda en moins d’une minute)… Rajoutez à ça une production clairement fauchée qui a subi les outrages du temps, des acteurs mauvais campant de toute façon des personnages débiles (on notera une des premières apparitions de Kevin Bacon), une longueur excessive… et surtout une accumulation de clichés et de défauts déjà dignes d’une parodie d’horreur voire du nanar (se contentant de cocher toutes les cases du slasher) avant l’heure, ça fait vraiment très mal. Le cadre forestier est très mal exploité en prime. Seul le (faux) twist final, ses scènes gores et le mystère autour de l’identité du tueur méritent le coup d’oeil, c’est dire! Et on s’étonnera que le fan moyen de films de genre ait mauvaise réputation avec tout ce que les eighties ont pondu comme métrages bas du front que préfigure ce Vendredi 13… Les suites seront d’ailleurs tout aussi navrantes et même le second dégré mis en avant dès le sixième opus n’arrivera pas à sauver les meubles… Un métrage qui doit beaucoup à son année de sortie, avant le raz de marée slashers des 80’s mais qui a vraiment tout d’un slasher anecdotique dans les faits…

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/fr/title/tt0080761/

« C’est vrai que même vivants, on a l’air sacrément cons, les amis! »

Anecdotes:

  1. Outre Halloween, le film est fortement inspiré par La Baie Sanglante de Mario Bava ainsi que la comédie Meatballs.
  2. Vendredi 13 va inspirer toute une série de slashers se déroulant dans des camps de vacances, parmi lesquels Carnage, Massacre au camp d’été ou encore Madman! Si la production de ce film a tout d’un film bassement commercial (à commencer par capitaliser sur le succès d’Halloween), aucune suite n’était initialement prévu.
  3. Les effets spéciaux sont signés Tom Savini, qui venait de faire ceux de Dawn of the dead de George Romero.
  4. Betsy Palmer a accepté le rôle de la mère de Jason pour se payer une nouvelle voiture.
  5. Adrienne King, l’interprète d’Alice, sera longuement harcelée par un fan après le succès du film. Elle acceptera d’apparaître dans sa suite seulement pour un temps très court et se retira des écrans pendant plus de vingt ans.

L’Envers du Culte: Tetsuo (1989), Vaudou (1943)

Tetsuo: Quel bonheur de prendre une si grosse claque esthétique et inventive quand on a le sentiment d’avoir tout vu ou presque dans le cinéma de genre! C’est que Tetsuo est un métrage (cyber)punk totalement possédé et déjanté (à un point qu’il devient énergivore à regarder), grâce à moultes expérimentations que je vais tenter de résumer brièvement ici: noir et blanc stylisé et granuleux, transformations physiques radicales comme métaphores de la déshumanisation progressive des sociétés industrialisées et technologiques, effets spéciaux faits à la main, sous-texte sexuel (Eros et Thanatos, n’est ce pas?), sentiment de paranoïa constante,… C’est bien simple, Tetsuo ne ressemble à aucune autre métrage à part peut être un certain Eraserhead et ses friches urbaines glauques! Même s’il est un poil trop long à mon goût, le second degré, la musique bruitiste (signée Chū Ishikawa), le montage hystérique et les effets spéciaux hallucinés (tout en stop motion) tiennent en haleine sans trop de mal. Je me suis même demandé dans quelle mesure il n’aurait pas inspiré un certain Edward aux mains d’argent (ou quand Burton ne passait pas des décennies entières à s’auto-parodier). Assurement impressionnant et avant gardiste au vu du petit budget de ce premier film de Shin’ya Tsukamoto. Un film qui divisera à coup sûr mais reste une expérience unique.

Petite vidéo du Coin du Bis pour en savoir plus.

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0096251/

Anecdotes:

  1. Tetsuo est le premier volet d’une trilogie, poursuivie par Tetsuo II: Body Hammer (1992) et Tetsuo: Bullet Man (2009)
  2. Les kaiju et l’univers sado-masochiste/fétichiste ont été deux influences visuelles majeures du réalisateur.
  3. Le tournage a été éprouvant pour l’équipe technique qui se réduisait jour après jour. Certains acteurs ont dû parfois les remplacer afin de terminer le métrage.

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Vaudou/I Walked with a Zombie: Il m’aura fallu entamer ce cycle zombie pour voir enfin mon premier film de Jacques Tourneur. Car je dois bien vous avouer que le cinéma d’épouvante durant les deux décennies 1940-1950 ne m’ont jamais attiré. Et ce métrage n’a pas échappé à la règle: Vaudou est un film qui tient plus de la curiosité vintage que du classique incontournable, faute à un scénario banal (une jeune infirmière est envoyée sur une île proche d’Haïti soigner une femme atteinte d’un mal étrange…rajoutez à cela de grosses ficelles, comme l’amour impossible et la rivalité fraternelle qui tombent comme des cheveux sur la soupe), des personnages trop archétypaux, l’absence d’élements fantastiques/d’épouvante et même de tensions avant la révélation finale. Alors, oui, le visuel magnifique (noir et blanc sublime, décors, gros travail sur les lumières, mise en scène soignée) sauve un peu les meubles mais le mal est fait. Heureusement, le métrage est court et ne se transforme donc pas en supplice interminable. Il est aussi et surtout un des premiers films d’épouvante (aheum!) des années 1930/1940 à revenir aux sources du zombie: la culture vaudou haïtienne (ce que fera aussi plus tard Lucio Fulci avec son Zombi 2 ou Wes Craven avec L’Emprise des ténèbres par exemple) qui permettrait de redonner la vie à des personnes décédées afin de prendre le contrôle de leur esprit…ici traitée de manière fort inintéressante, tout comme l’histoire coloniale bien évacuée du récit (et qui aurait pu mettre un peu d’enjeu dans le merdier). La suggestion et la sobriété ont décidement leurs limites…

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt0036027/

Anecdotes:

  1. Le film est librement inspiré de Jane Eyre de Charlotte Brontë et d’un article de presse sur le vaudou de l’époque (intitulé « I Walked with a Zombie »). Les scénaristes ont toutefois poussé plus loin leurs recherches sur le sujet, sur la demande du producteur!
  2. Le rôle de Betsy (interprètée par Frances Dee) était à l’origine écrit pour Anna Lee, qui l’a finalement refusée car elle était engagée sur un autre projet.
  3. Le film a eu droit à son remake: Ritual, sorti en 2002.

L’Envers du Culte: Ebola Syndrome (1996), La Course à la mort de l’an 2000 (1975)

Première incursion dans le territoire de la catégorie III pour votre serviteur qui a pris une sacrée mandale, même après deux décennies à regarder des dégueulasseries sur petit et grand écran (il faut croire que l’excellente vidéo du Coin du bis et le PIFFcast sur le sujet ont payé)!

Film culte d’Herman Yau, sorti à la fin de l’âge d’or de la catégorie III donc, Ebola Syndrome est juste totalement barré, immoral et inventif au possible! C’est bien simple, à chaque fois qu’on passe avoir atteint un stade dans l’immonde et le subversif, ce métrage va plus loin, un peu comme dans certains films de Takashi Miike. L’histoire: un meurtrier part se mettre au vert en Afrique du Sud. Travaillant comme boniche dans un restaurant, il contracte Ebola, survit… et décide de se venger du monde entier parce que le monsieur a une vision de la justice toute personnelle! Oui, on a rarement vu une ordure aussi pure à l’écran! On pourrait évidemment parler de la prestation folle d’Anthony Wong, acteur phare du genre (on notera aussi la présence de Shing Fui-On et Yeung-Ming Wan, têtes bien connues du cinéma local), de la vision sinistre des femmes (celle de l’humanité, ici, n’est pas foncièrement plus belle), de l’intelligence d’avoir su saisir l’actualité et les peurs de l’époque (virus, tueurs en série, risque de rétrocession chinoise,…), du côté très exploit’ de la catégorie III (surjeu et personnages caricaturaux, sexe et violence omniprésents, effets fauchés quoique peu gores ici, mise en scène et musique parfois aléatoires,…) qui fait que je ne conseillerais clairement pas ce genre de films à tout le monde, de son rythme dingue, de cette touche d’humour omniprésente qu’on peut retrouver dans le cinéma coréen moderne et qui aide bien pour faire passer cette pillule anar à l’extrême… De quoi passer un bon moment! On regrettera juste certaines longueurs et une fin assez décevante. Hong Kong ne se résume défintivement pas au cinéma de John Woo et de Tsui Hark, les amis… et il se pourrait tout à fait qu’un cycle catégorie III voit le jour un de ces quatre, vu le potentiel du merdier!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0116163/

Anecdotes:

  1. Ce film est un remake (à peine) déguisé de The Untold Story du même réalisateur, avec… Anthony Wong et inspirée d’un véritable fait divers.
  2. Le métrage parodie certaines scènes d’Alerte! sorti un an plus tôt et traitant également du virus Ebola.
  3. La version uncut dévoile deux minutes de scènes gores coupées au montage au moment de sa sortie en salles.

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La Course à la mort de l’an 2000: Et bien, moi qui m’attendait à un banal film bis produit par Roger Corman, il ne faudra pas qu’en plus d’avoir passé un agréable moment, ce film ait du fond! Inventif malgré son petit budget, ce métrage décrit une course automobile dans un monde dystopique où le monde est gouverné par un seul homme (tandis que la course transcontinentale est la version moderne du « pain et des jeux »). Mais cette année… il y aura un participant surprise en plus! Fun (entre le gore et les jolies filles peu farouches, l’amateur d’exploitation ne sera pas trop dépaysé) et doté d’un bel humour noir, il tacle évidemment les médias et le monde politique marchant main dans la main. Un film pionner et visionnaire qui profite bien évidemment du succès de Rollerball, avec qui il partage plusieurs points communs. David Caradine (que l’on retrouvera dans Cannonball du même Paul Bartel) y incarne le pilote favori tandis qu’on y retrouve aussi un certain Stallone… un avant Rocky! Jouissif!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0072856/

Anecdotes:

  1. La plupart des voitures utilisées dans les films étaient des engins qui plafonnaient à 100 km/heure. Il a donc fallu faire preuve d’ingéniosité pour donner une impression de vitesse lors du tournage. Caradine et Stallone n’utilisèrent d’ailleurs pas de doublure.
  2. Le film est inspiré en partie de la nouvelle The Racer d’Ib Melchior.
  3. Le rôle de Frankenstein a été proposé à Peter Fonda qui déclina l’offre, jugeant le film ridicule. Le costume du personnage inspirera plus tard celui de Judge Dredd
  4. La violence de la course et ses règles pour le moins saugrenues inspireront de nombreux jeux vidéos des années 1990/2000: Carmageddon, Burnout, Destruction Derby et bien d’autres!

L’Envers du Culte: Le Fugitif (1993), Le Samouraï (1967)

Alors, ma foi, je n’ai pas grand chose à dire sur ce film mêlant assez habilement thriller et action, adapté d’une série des sixties (dont le concept sera repris dans les années 2000 puis 2020), hormis la performance de ses deux acteurs principaux Harrison Ford/Tommy Lee Jones et un rythme général assez bien mené le long de ses deux heures dans un Chicago bien gris… tant son suspense n’a pas fonctionné sur moi. Est ce le scénario aujourd’hui cliché et prévisible (un médecin accusé à tort du meutre de sa femme faute de preuves, un marshal zélé qui le poursuit, un ami qui n’en est finalement pas un, la découverte d’un complot de grande ampleur aux deux tiers du film et j’en passe), des facilités d’écriture qui deviennent des gimmicks poussifs et ridicules (les marshals constamment à la traîne, par exemple), le film même qui a quand même passablement vieilli, la mise en scène finalement peu mémorable, le scénario qui se casse vite la gueule question crédibilité passée la première heure ou… tout ça à la fois? Je ne saurais trop dire, toujours est il que j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans. Peut etre parce que les blockbusters US n’ont jamais été ma tasse de thé. Et là, vous demanderez sûrement que ce que ce brave Andrew Davis a fait d’autre dans sa carrière? Bah des films de seconde zone avec Norris, Seagal et Schwarzy (bref, tout ce que vous ne verrez jamais chroniqué ici)… Tout s’explique! Au moins, on ne passe pas trop un sale moment ici (toujours conclure sur du positif)!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0106977/

Anecdotes:

  1. Ford et Jones (qui reprendra son rôle dans U.S. Marshals) n’étaient pas les premiers choix pour les rôles principaux. C’était Kevin Costner et Gene Hackman qui étaient pressentis au départ. Ford refusa le rôle d’Alan Grant dans Jurassic Park pour tourner le film.
  2. Harisson Ford se blessa sévèrement au genou pendant le tournage. Une grande partie du film a été tourné dans les Great Smoky Mountains, en Caroline du Nord.
  3. Beaucoup de scènes furent improvisées, comme celle de l’interrogatoire à Chicago ou celle de la parade de la Saint Patrick.
  4. Minority Report partage beaucoup de points communs avec Le Fugitif.

Le Samouraï: C’est vrai qu’ici, on parle énormément de films d’exploitation mais il se trouve que j’adore les films français des années 60/70 d’autant plus s’ils versent dans le polar… seulement j’ai encore de grosses lacunes dans ce carcan. Et c’est particulièrement le cas avec la filmographie d’Alain Delon et de Jean-Pierre Melville! Mais c’est désormais chose faite avec ce Samouraï! Au delà de la superbe photographie et de l’interprétation magistrale de Delon dans ce rôle de tueur à gages impassible et solitaire (ou quand la profession a achevé de phagocyter l’humain), c’est avant tout l’ambiance poisseuse et haletante de ce film noir que l’on retiendra… et la mise en scène brillante et minimaliste de Melville, évidemment! Les scénarios de tueurs qui se retrouvent traqués dans une urbanité glauque sont pourtant légion mais celui ci est tout simplement fascinant et intense! Le voilà, le cinéma français que l’on aime! Un film qui fera d’ailleurs date au vu des réalisateurs influents qu’il a inspiré: Walter Hill, John Woo, Nicolas Winding Refn, Jim Jarmusch, Johnnie To pour les plus évidents mais bien d’autres encore!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0062229/

Anecdotes:

  1. Si le film est adapté d’un roman « The Ronin » de Joan MacLeod (bizarrement introuvable de nos jours), il s’inspire également du film Tueur à gages/This Gun for Hire de Frank Tuttle.
  2. Ce métrage marque les débuts au cinéma de Nathalie Delon (alors épouse du comédien).
  3. Les studios Jenner dans lesquels ont été tournés une partie du film ont été ravagés par un incendie pendant le tournage. Les décors ont donc dûs être reconstruits en un temps record (deux semaines).
  4. Le Samouraï est si avare en dialogues qu’il faut attendre environ dix minutes pour que la première réplique soit prononcée!

L’Envers du Culte: Re-Animator (1985), Le Jour des Morts-Vivants (1985)

Re-Animator (1985): Après ce premier visonnage (complet cette fois ci, je dois bien confesser avoir eu du mal plus jeune avec le cinéma du regretté Stuart Gordon), je comprends mieux pourquoi ce film a traversé les années! Mélange de gore outrancier et de comédie noire décomplexée avec ce qu’il faut de sexe (délicieuse Barbara Crampton), références à Lovecraft (le film est l’adaptation de la nouvelle Herbert West, réanimateur), ambiance film à sketches (peu de scènes extérieures, l’essentiel du film alternant entre la maison de Dan Cain et la morgue), zombies alternant entre folie végétative et ultraviolence, ce premier volet de la saga a vraiment de quoi rassasier tout amateur de films bis et d’exploitation. Re-Animator n’a d’ailleurs pas tant vieilli que ça, malgré quelques FX parfois un peu cheap (mais globalement réussis). Principaux points forts, Jeffrey Combs (l’autre jeune révélation du film avec Crampton) et David Gale sont complètement habités par leurs personnages et on sent que tout ce petit monde a pris beaucoup de plaisir à tourner. L’escalade dans la folie des deux protagonistes ne permettant plus de retour en arrière m’a beaucoup fait penser à une sorte de Simetierre dégénéré, mais également par son atmosphère morbide omniprésente. Intéressant aussi le sort réservé au personnage de Dan Cain: moins obsédé par la mort que son compère, gardant un minimum de morale, il finit par devenir tout aussi jusqu’au boutiste qu’Herbert West (sorte de Docteur Frankenstein moderne), à force de le côtoyer, notamment dans une fin lovecraftienne à souhait! Tout cela est bien servi par la BO « hitchcockienne » de Richard Band (un habitué des films du duo Gordon/Yuzna et frère du fameux Charles Band qui financera une partie du film) et un rythme parfait. Principale faiblesse pour moi: on sent que l’étalage des scènes chocs a été largement plus important que le développement des personnages, en résulte un côté caricatural (frôlant parfois le nanardesque) qui justement m’avait tenu loin du film jusqu’à présent… Ceci dit, il faut bien reconnaître que Re-Animator est une petite merveille d’inventivité, de gore et de fun typiquement 80’s! Pour le premier film de Stuart Gordon (produit par son associé de toujours, Brian Yuzna), avec un budget réduit (1 million de dollars), c’est amplement respectable!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0089885/

Anecdotes:

  1. Le film remporta plusieurs prix (dont une mention à Avoriaz en 1986), notamment pour ses effets spéciaux. Plus de 90 litres de faux sang furent utilisés pour le métrage.
  2. Hurlements, Evil Dead et The Revenge of Frankenstein sont les inspirations majeures du métrage.
  3. Stuart Gordon adaptera directement d’autres oeuvres de H.P. Lovecraft au cours de sa carrière: From Beyond, Dagon, le segment Dreams in the Witch-House (Masters of Horror).
  4. Le rôle du Dr Hill était initialement prévu pour Christopher Lee. Le premier cadavre réanimé par West est joué par la doublure d’Arnold Schwarzenegger.
  5. Le film fut tourné en seulement 18 jours.

Le Jour des Morts-Vivants:

L’Envers du Culte: Lost Highway (1997), Häxan (1922)

Lost Highway: Alors pour faire simple et parce que je n’ai pas trop envie de trop vous spoiler le film, Lost Highway commence comme une histoire d’homicide étrange qui va en croiser une autre… jusqu’à la révélation finale, qui achèvera la boucle narrative. Il est bien évidemment ici question de désir, de jalousie mais aussi et surtout de doubles, de troubles d’identité, de narration alternative tout en restant relativement compréhensible, ce qui n’est pas le cas de tous les films de Lynch (ce qui, à mon avis, fait tout le sel de son cinéma mais a pu bien lui desservir à la longue). L’étrangeté et l’ambiance onirique/surréaliste y sont bien dosées (façon Twin Peaks). Les clins d’oeil entre les deux histoires sont suffisament nombreux pour le spectateur lambda, ce qui fait de Lost Highway une bonne porte d’entrée vers un univers lynchéen plus expérimental avant le chef d’oeuvre suivant qu’est Mulholland Drive (avec lequel ce film partage beaucoup de points communs). C’est à mon sens le véritable tour de force de ce film! Autrement, les rôles principaux sont bien campés (Pullman, Blake, Loggia, putain, quelle classe!), il y a une floppée d’acteurs connus dans les seconds, Patricia Arquette, elle, crève littéralement l’écran dans le rôle de la femme fatale héritée des films noirs. Le film est bien rythmé, bien filmé (à cheval entre modernité et vintage) et tient en haleine le spectateur sur plus de deux heures. La bande-son est à tomber: Billy Corgan, David Bowie, Marilyn Manson, Brian Eno, Rammstein, Lou Reed, This Mortal Coil et d’autres… Franchement, que demander de plus? Un revisionnage grandement appréciable dans tous les cas!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0116922/

Anecdotes:

  1. Le scénario du film a été écrit à quatre mains par Lynch et l’écrivain Barry Gifford (dont Lynch a adapté Sailor et Lula sept ans plus tôt)…et parce que le réalisateur adorait l’expression « lost highway » dans son livre Night People.
  2. Le film s’inspire en partie de l’affaire O. J. Simpson et
  3. L’apparence de l’homme mystère, interprété par Robert Blake a été improvisée par ce dernier, auquel Lynch a laissé quartier libre.
  4. La maison de Fred et Renée est une des propriétés de David Lynch, remodelée pour l’occasion.
  5. Initialement, Lynch voulait filmer le métrage en noir et blanc. Il s’arrange finalement avec Peter Deming, directeur de la photographie, pour tourner la plupart des scènes de nuit, sans toucher aux constrastes en post-production.

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Häxan/La Sorcellerie à travers les âges: Film d’épouvante pionnier des années 1920 et souvent oublié au profit des expressionnistes Nosferatu et Le Cabinet du Docteur Caligari, Häxan se présente de prime abord sous la forme d’un documentaire sur la sorcellerie et son « évolution », des temps anciens jusqu’à nos jours. Au final, le métrage oscille plutôt entre fiction fantastique et scénettes satiriques, contrainte du cinéma muet oblige, j’imagine! Cette association de tons est plutôt efficace et permet des séquences osées (les scènes de nus, la critique du rigorisme religieux, par exemple) et inspirées pour l’époque, même si l’ombre de Méliès (ou des grands peintres flamands) n’est jamais très loin! Si le film a plutôt bien traversé les décennies grâce à son visuel léché et son atmosphère malsaine réussie, sa longueur excessive pourra en revanche rebuter certains spectateurs! Dans tous les cas, il interpelle l’imaginaire et reste un formidable témoignage d’un savoir faire artisanal… en nous rappellant que finalement, les plus belles oeuvres sont souvent celles qui savent occulter leurs contraintes financières et techniques (525 000 dollars à l’époque, ce qui en faisant pourtant le film scandinave le plus coûteux de l’époque)!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0013257/

Anecdotes:

  1. Le film ne sera pas épargné par la censure qui fera couper de nombreuses scènes… Il était censé être le premier d’une trilogie… qui ne verra jamais le jour!
  2. Le réalisateur, Benjamin Christensen, joue à la fois le rôle du Diable et du Christ dans ce métrage.
  3. La majorité des scènes a été filmée de nuit, dans un vieux studio danois.
  4. Häxan se base en partie sur le Malleus Maleficarum, un ouvrage du XVe siècle rédigé par deux inquisiteurs allemands.