Bisseries: Shin Godzilla (2016), Aenigma (1987)

Shin Godzilla/Godzilla Resurgence: Si on ne se focalise que sur la créature, ses mutations monstrueuses et le chaos qu’elle provoque, Shin Godzilla est sans hésiter un des meilleurs films de la franchise, avec des effets spéciaux impressionnants et un rythme effréné, tourné parfois caméra au poing (façon found footage). Seulement voilà, ce métrage tient également à nous montrer à tout prix la gestion de la crise par un groupe de politiques et de scientifiques installés à la hâte dans des bureaux tokyoïtes (façon huis clos). Et là, c’est verbeux à loisir, interminable, impersonnel (qui peut avoir de l’empathie et de l’intérêt pour ces innombrables têtes d’ampoule, franchement?) et ça dénote complètement avec le reste (quand ça ne sape pas totalement le rythme du film tout entier). Quelles sont les motivations du kaijū par exemple? Nous ne le saurons jamais… On appréciera par contre le retour aux sources avec l’élément atomique qui était bien passé au second plan au fil des nombreux opus ricains. Shin Godzilla, film bicéphale qui manque cruellement d’homogénéité donc et c’est plus que dommage vu son potentiel!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt4262980/

Aenigma: Après des années à savourer les meilleurs métrages de Lucio Fulci, il fallait bien que je m’attaque à sa (triste) fin de carrière. Rapide éclaircie dans des films bis de plus en plus fauchés depuis l’infâme Manhattan Baby, Aenigma sort (un peu) du lot grâce à quelques scènes inspirées (comment oublier celle des escargots ou celle du musée qui peut être, soyons fou, a inspirée l’idée centrale du Syndrome de Stendhal?), même si bien évidemment on est loin de la maîtrise visuelle et thématique de L’Emmurée Vivante, de L’Au Delà ou de L’Enfer des Zombies… Sorte de slasher fantastique teinté de giallo, coincé entre Carrie, Suspiria et Phenomena, cette histoire de vengeance pêche surtout par son visuel très daté 70’s et ses personnages clichés/peu fouillés incarnés par des actrices peu convaincantes (même si c’était de toute façon déjà le cas avec certains Fulci mémorables dès le départ du scénariste Roberto Gianviti). Dommage aussi de ne pas avoir plus joué sur la carte de l’ambiguïté entre la femme de ménage (je viens d’apprendre que c’est censé être la mère de Kathy, c’est dire si le pitch est mal branlé) et Eva Gordon, leur existence réelle et leurs liens avec Kathy! Ca aurait pu donner un tout autre climax! Ca se laisse tout de même regarder sans trop de peine!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0092516/

L’Envers du Culte: Scream (1996), Le Monstre (1955)

Scream: Porté par un joli casting féminin (Neve Campbell, Courteney Cox, Rose McGowan, Drew Barrymore) et une paranoïa constante de sa scène d’introduction perverse à souhait jusqu’à son twist final légendaire, Scream a lancé en 1996 la mode du slasher « méta » (vite rebaptisé « néo-slasher ») qui joue constamment avec ses propres codes (même si certains slashers des 80’s le faisait déjà en partie) et qui durera jusqu’aux années 2000 (avant l’invasion « zombie » finalement). Clins d’oeil à Halloween et aux Griffes de la Nuit, ainsi qu’à divers slashers de l’âge d’or, éléments clés indissociables du genre (final girl intelligente, chaste et débrouillarde qui devra lutter contre les traumas de son passé, faux coupables, policiers incompétents, soirée étudiante, scènes lycéennes,…), le film ravira sans mal tous les amateurs de psycho-killers blasés de ce sous-genre (présent!) qui a fait l’erreur de s’enfermer très vite dans ses propres gimmicks (le plus souvent par appât du gain). Il faut dire aussi que Freddy sort de la nuit avait quand même bien défriché le terrain deux ans avant, avec nettement moins de succès ceci dit! Autres points forts: la mise en scène au poil de Craven qui permet des scènes d’action efficaces, un scénario de Kevin Williamson (également responsable de celui de Souviens toi l’été dernier) qui ménage admirablement son suspense, des meurtres inventifs, des touches d’humour appréciables (même si un peu trop présentes à mon goût) et un (maladroit) boogeyman réaliste devenu culte! Avec en prime, une jolie crotte de nez jetée à la face des médias et leur rapport aux faits divers! Malgré tout, on sent un potentiel un peu bridé par son propre concept par moments, comme si Wes Craven, conscient de son talent et de l’impact que pourrait avoir son retour au cinéma de genre (modernisé), n’osait pas se lâcher totalement. De mémoire, les deux opus suivants étaient tout de même plus mémorables sur la gestion de la tension et généreux sur le gore mais ce volet originel a en tout cas l’avantage d’être réaliste et surprenant! Vive Scream!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0117571/

Anecdotes:

  1. Le titre originel du film était « Scary Movie »… De la même façon, la robe que portait Ghostface devait être entièrement blanche mais le rendu était trop proche de celui d’un fantôme.
  2. Le masque de Ghostface s’inspire (entre autres) du tableau Le Cri de Munch ainsi que de l’affiche de l’adaptation cinématographique de The Wall (concept album de Pink Floyd).
  3. Wes Craven n’accepta pas ce projet d’emblée, voulant s’éloigner du cinéma d’horreur.
  4. Roger Jackson, qui donne sa voix aux appels téléphoniques du tueur était totalement inconnu du reste du casting final, pour capter au mieux leurs émotions.
  5. Le script s’inspire du sordide fait divers de 1990, connu sous le nom de Gainesville Ripper. Williamson souhaitait d’emblée faire de Scary Movie une trilogie questionnant les liens entre la violence présente dans la fiction et celle réelle.

Le Monstre/The Quatermass Xperiment: Tout premier succès public de la Hammer Films (et premier volet de la trilogie des Quatermass) et il faut dire que pour un métrage de SF/épouvante des fifties, celui là est assez généreux et inventif! Pas impossible qu’il ait passablement influencé Danger planétaire et L’Invasion des profanateurs d’ailleurs! Doté de jolis effets spéciaux et d’un suspens admirablement géré, Le Monstre figure même parmi les précurseurs du body horror et certains passages vous évoqueront sans doute The Thing (ce film est d’ailleurs un des favoris de Carpenter himself)! Mais ce n’est pas tout, entre la mise en scène admirable et la prestation de Brian Donlevy en scientifique détestable/opportuniste et Richard Wordsworth (qui deviendra un habitué des films de la Hammer) en victime mutante partagé entre sa survie et ce qu’il reste de sa morale humaine, cette chasse à l’homme porteur d’une étrange maladie risque bien de vous tenir en haleine jusqu’au bout! Une jolie découverte quoi qu’il en soit!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0049646/

Anecdotes:

  1. Avant cette adaptation cinéma, The Quatermass Experiment était une série TV à succès, produite par la Hammer et diffusée en 1953. Deux autres mini-séries suivront en 1955 et 1958.
  2. Pour le final, une pieuvre vivante a été utilisée, ainsi que des boyaux de vache.
  3. Le « X » du titre fait référence au fait que le film fut le premier métrage de SF a être classé X (interdit au moins de 16 ans) au Royaume-Uni. Ironie du sort, un enfant de 9 ans décèdera d’une maladie cardiaque pendant sa projection en 1956…

Bisseries: Black Sheep (2006), Happy Birthday To Me (1981)

Black Sheep: Que dire de ce sympathique métrage nous proposant une version alternative et fraîche du zombie? Sorte de délire de sale gosse poussé à son paroxysme façon Troma (mais en plus sage), tout le monde en prend ici pour son grade: des écologistes activistes aux méchants capitalistes prêts à tout pour l’appât du gain… y compris certaines expériences génétiques pour le moins risquées! Prenant place en Nouvelle-Zélande (autant vous dire que les paysages sont à tomber), au sein d’une ferme caprine et d’une vieille rivalité fraternelle pour introduire ses moutons zombies (et ses « mouton-garous »), le métrage s’avère être une comédie réussie et bien rythmée, oscillant entre le gore gratuit et un humour (parfois) un peu plus subtil. Conscient de son manque de moyens qu’il assume pleinement (les effets spéciaux sont d’ailleurs tout à fait honorables), à ranger entre un Braindead et Le Loup Garou de Londres, ce Black Sheep vous fera assurément passer un bon moment! Une suite serait visiblement en préparation!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0779982/

Happy Birthday To Me: Autre slasher ayant bénéficié d’un certain culte mais qui reste plutôt méconnu chez nous, Happy Birthday possède une grande force: celle de maîtriser son suspense jusqu’à la toute fin! Et mine de rien, pour un sous-genre aussi standardisé que le slasher, ça fait une grande différence! La final girl… vous la connaissez sûrement puisqu’il s’agit de Melissa Sue Anderson, une des actrices vedettes de La Petite Maison dans la prairie… qui ici s’en sort très honorablement! Si la plupart des meurtres sont filmés en hors champ, le résultat final ne nous est pas épargné… et ces premiers sont tout de même assez vicieux et originaux pour marquer les esprits! Multipliant habilement les fausses pistes (on est clairement ici dans un whodunit teinté de giallo) grâce au passé de son héroïne jusqu’à une fin poisseuse en diable (et son double twist infernal), soignant sa photo et sa mise en scène (il faut dire que Jack Lee Thompson est loin d’être un débutant), ce métrage figure sans mal dans les plus beaux représentants du genre pendant son âge d’or… avec en prime un sous-texte sur la lutte des classes plutôt appréciable! On regrettera cependant des liens très confus entre les personnages (j’ai passé le film à me demander qui était en couple avec qui, par exemple), une absence de version director’s cut (plus de sang, bordel!) et le choix d’un titre qui spoile bien trop! Mais ça c’est pour pinailler car le film rentre sans mal dans mon top 10 slashers!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0082498/

Bisseries: Ennemi d’État (1998), The Strangers (2008)

Ennemi d’État: Thriller technologique et conspirationniste traitant d’un thème terriblement d’actualité (la surveillance du peuple à son insu aux travers des technologies modernes) mêlant mafia, monde de la justice, héros dépassé par les évènements, assassinats politiques, NSA et vieux briscard insaisissable, il faut avouer que ce métrage donne l’eau à la bouche! Et Tony Scott réussit à proposer un métrage clair, prenant et nerveux. La principale ombre au tableau est son côté poussif car… Will Smith ne peut pas s’empêcher de faire… du Will Smith (aka du comique lourdingue et franchement dispensable) et c’est extrêmement dommageable à la fois pour le rythme et la crédibilité de son personnage! C’est rageant car ce Ennemi d’État haletant avait pourtant tout pour marquer les esprits! Gene Hackman s’en sort bien mieux, même si son personnage n’est pas non plus dans du très subtil (à l’image de la résolution du récit)! Il faut aussi reconnaître que le métrage a vieilli (technologiquement forcément mais aussi au niveau du ton employé) et les attentes du public ont bien changé depuis! Ca se regarde bien malgré tout!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0120660/

The Strangers: Voilà un joli survival (bien que infusé de slasher, de drame et de fantastique) inspiré d’une histoire vraie! Scott Speedman et Liv Tyler (bien trop rare sur les écrans) y incarne un couple qui, de retour dans leur résidence secondaire, va se faire harceler toute une nuit par un trio d’agresseurs masqués (masques du plus bel effet, au passage) de plus en plus véhéments. Entre huis clos, couple en proie aux doutes, inversion des rôles (qui sont finalement les vrais intrus ici: le couple de citadins ou les rednecks locaux?), home invasion, The Strangers intrigue et maintient en haleine par sa subtilité (ici, pas de jumpscares car le moindre bruit constitue une menace), sa photographie et son sadisme froid qui n’est pas sans rappeler les films de Ti West! On pensera aussi plusieurs fois à You’re Next et Funny Games… La volonté de rendre les assaillants quasi muets est louable et renforce leur aura et leurs apparitions quasi surnaturelles (soit la vraie nature du slasher selon John Carpenter). Le plus gros défaut du métrage est qu’il se montre extrêmement avare en explications comme sur sa volonté d’étoffer ses personnages principaux… et finit donc par manquer cruellement de consistance! A l’image de sa fin aussi énigmatique qu’incompréhensible!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0482606/

Bisseries: Blood Rage (1987), Haute Tension (2003)

Blood Rage/Nightmare at Shadow Woods/Slasher: Voilà un sympathique slasher sorti à la fin des 80’s (mais tourné en 1983… ce qui peut expliquer son exploitation sous divers titres) quand l’engouement pour le genre commençait clairement à retomber. Ses points forts? Un scénario un minimum original, de généreux effets gore, du second degré décomplexé et quelques variantes déjà bien méta au sein de son propre genre. Par contre, on repassera pour le jeu de certains acteurs, ses personnages globalement peu attachants, le sous-texte assez pauvre (même si on notera un certaine omniprésence de femmes qui élèvent leurs enfants seules) et une photographie un peu à la ramasse. On saluera toutefois sa terrible scène finale et la performance de Louise Lasser et Mark Soper autant à l’aise dans le rôle du psychopathe schizophrène pervers (à l’aspect tout à fait banal, ce qui le rend d’autant plus dangereux) que de son jumeau traumatisé! Dommage tout de même pour le lotissement boisé où se passe le récit et qui, comme dans un certain Vendredi 13, n’est pas du tout exploité!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0085253/

Haute Tension: Cela faisait longtemps que ce survival rural me faisait de l’oeil… Brutal, original, gore (De Rossi, oui vous avez bien lu ce bon Giannetto des familles est aux effets pratiques), bien rythmé, il faut dire que le second (vrai) métrage d’Alexandre Aja avait tout pour plaire… sur le papier! On sent l’influence évidente de Massacre à la tronçonneuse (les champs de maïs, le cadre rural, la station service) bien sûr mais aussi des rape and revenge sur la structure du scénario. Le gros défaut de ce film est le jeu très moyen de Cécile de France, clairement pas à la hauteur de celui de Philippe Nahon, parfait dans son rôle de psychopathe local, froid, brutal et sadique. En même temps, j’ai toujours eu beaucoup de mal avec cette actrice… On notera également des comportements illogiques parfois énervants (mais n’est ce pas le propre des slashers/survivals?) et surtout un twist final qui tient plus de la paresse d’écriture (puisqu’en y réfléchissant deux secondes, il n’est pas cohérent avec le déroulé de l’histoire) que du génie, d’ailleurs ça serait mentir que prétendre qu’on ne l’envisage à aucun moment, vu la manière dont est sexualisé le personnage de Marie… Bref, ce n’est pas Haute Tension qui va me réconcilier avec le cinéma de genre français! Une curiosité à voir tout de même, ne serait ce que pour son cadre rural inquiétant réussi et son tueur!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0338095/

A l’affiche: Terrifier 3 (2024), The Substance (2024)

Alors qu’on est en bonne passe de terminer une nouvelle année décidement bien pauvre en sorties mémorables, qu’en est il des dernières sorties en salles ?

Terrifier 3: Vu le tournant que prenait Terrifier 2, autant vous dire que je n’avais aucune attente concernant ce troisième volet! Suite directe du métrage précédent, nous retrouvons ici les personnages de Sienna Shaw, son frère Jonathan ainsi que Victoria Heyes, la rescapée du premier film (toujours interprétés par les mêmes acteurs). Même si bien sûr, la vraie star du film, c’est évidemment Art le Clown (toujours aussi génialement interprété)! Moins de personnages donc et un métrage plus court avec un rythme bien mieux géré, ce qui est déjà une très bonne chose en soi! L’autre gros point fort de cette suite est de renouer avec le côté vicelard et malsain du premier film, aspect qu’avait un peu perdu de vue Terrifier 2 pour se concentrer sur une pseudo mythologie qui n’apportait pas une grosse plus value. Question gore et inventivité, le métrage est tellement généreux que plusieurs personnes ont quitté la salle malgré une rarissime interdiction -18 qui n’aura échappé à personne (clairement méritée d’ailleurs). Le (mémorable) climax final synthétisant parfaitement ces deux points. Question clins d’oeil, on pensera tour à tour à Shining, The House on Sorority Row, Evil Dead 2. Tom Savini himself fait même un caméo! Et ça tombe bien car, encore une fois, les FX à l’ancienne sont à tomber! Placer le récit au moment de Noël crée un contraste intéressant avec les scènes de meurtre et focaliser sur le trauma des survivants leur donne un peu de profondeur. Il semblerait que Damien Leone a retenu la leçon d’un Terrifier 2 assez tiédasse. On relèvera par contre quelques incohérences mais rien de vraiment gênant. Mais même si ce Terrifier 3 s’impose comme une suite très honnête, je ne suis pas certain qu’il faille en passer par un Terrifier 4 voire 5 (comme Leone le souhaiterait) pour clore cette saga de slasher/splatter en beauté…

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt27911000/

The Substance: En tant qu’amateur de body horror, voilà un film sur lequel il y a beaucoup de choses à dire! Et plutôt en bien! A commencer par la mise en scène au poil (même si certains pourront la trouver un peu trop clinique) et des prises de vue inspirées. Question clins d’oeil ou influences (parfois putassières), on pensera tour à tour à Elephant Man, Carrie, Requiem for a Dream, Existenz, The Thing, Shining, Society, Basket Case, La Mouche, The Neon Demon,… bref, pas mal de classiques du body horror dans le lot! Il faut dire qu’ici les effets spéciaux à l’ancienne sont efficaces! Si la plastique de Margaret Qualley fait mouche, c’est surtout Demi Moore qui crève l’écran avec sa prestation totalement habitée! Le film, qui sous-exploite déjà ses propres personnages, manque aussi cruellement de véritables personnages secondaires (l’absence totale de famille ou de proches de l’héroïne ressemble plus à une grosse facilité scénaristique qu’une dénonciation de la solitude des femmes qui se lancent à corps perdu dans l’industrie du spectacle) et la BO est franchement moyenne. Alors évidemment, impossible d’aborder le film sans parler de son aspect coquille vide, tellement son discours féministe bas du front (devenu hélas habituel… même dans le cinéma de genre) et la pauvreté de son sous-texte (les deux étant forcément liés quand on connaît la subtilité d’analyse et l’hystérie de ses représentants) l’empêchent de dépasser son statut de simple défouloir visuel. Il est même tellement caricatural qu’il en devient un énorme contre son camp (à moins qu’il dénonce ses travers, ce dont je doute fort au vu du CV de Coralie Fargeat): on a rarement vu autant de nus gratuits dans un film censé condamner la sexualisation à outrance des femmes dans le monde actuel/du spectacle (à se demander si c’est réellement une réalisatrice aux commandes) et les personnages féminins présentés n’ont pas l’air d’être particulièrement décidés à le combattre mais bon, on est plus à un paradoxe près… On se retrouve donc avec un film féministe au message aussi absurde que le combat qu’il est censé soutenir! Ceci dit rassurez vous, on reste malgré tout à des kilomètres de l’infecte propagande woke de Titane! Heureusement les notes d’humour gomment un peu ce gros point noir. Le métrage se montre un poil longuet également (surtout pour ce qu’il a à raconter) malgré son final jouissif (qui a perdu pas mal de monde dans la salle… enfin ceux qui ont résisté à la vision des aiguilles, dents et ongles arrachés ah ah). Développer l’intrigue en essayant de remonter aux créateurs de la substance ou étoffer le discours sur les travers des réseaux sociaux aurait été bien plus pertinente par exemple! En résumé, The Substance est une expérience fascinante et délicieusement éprouvante mais qui manque cruellement de subtilité (y compris dans son symbolisme)! N’est pas Cronenberg qui veut, après tout!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt17526714/

Bisseries: Flagellations (1974), X (2022)

Flagellations/House of whipcord: Sorti la même année que le célèbre Frightmare du même réalisateur, Flagellations est une petite pépite malsaine typiquement 70’s, empreinte de sadisme (même si on est plus proche ici de l’Inquisition que du Marquis de Sade) tout en évitant tout de même les nus gratuits (un exploit, vu qu’il se place dans la niche « women in prison » plutôt réputé pour ça) qu’il délaisse pour explorer la part psychologique de ses personnages. Evidemment, il n’évite pas totalement les défauts du genre: jeu d’acteurs aléatoire, personnages archétypaux,… mais le scénario mêlant habilement flashback et enquête rend le tout plus digeste. Le film cache aussi sous son postulat sulfureux (d’anciens membres de la magistrature britannique -qu’ils jugent inefficace- kidnappent et séquestrent des jeunes filles « déviantes » afin de les rééduquer… même si elles doivent y laisser la vie) des thématiques plutôt modernes, typique de la contre-culture qu’a été l’exploitation des décennies 70-80’s (il est d’ailleurs marrant de voir comment le wokisme tend à détruire cette fonction, y compris dans cette niche cinématographique réellement libertaire) : confrontation entre les nouvelles générations post-hippie et celles conservatrices (sans que l’on sache vraiment où le réalisateur se situe), critique des extrémismes religieux,… On saluera aussi une mise en scène exemplaire mettant en relief l’austérité de ses décors anglais. L’absence de happy end enfoncera, elle, le clou de ce film sombre et radical qui devrait vous rester en mémoire!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0071628/

X: On a déjà parlé ici de Ti West pour son sympathique The House of The Devil où le monsieur démontrait déjà son sens de la mise en scène (aussi splendide qu’efficace) mais je dois bien avouer que ce X là m’a cueilli au vol alors que j’en attendais franchement rien! Partant sur des bases de pur slasher 70’s rural sous fond de tournage porno où plane l’ombre de Massacre à la tronçonneuse (fatalement), il propose, en plus d’un visuel vintage franchement au poil, de sympathiques variations: personnages intéressants (du jeune cinéaste méta à l’actrice porno aux dents longues en passant par la vieille femme torturée et libidineuse), tension qui va crescendo, thématiques rarement abordées autant dans le cinéma de genre qu’en société (vieillesse et désirs sexuels) et qui méritent d’ailleurs une second visionnage après avoir vu Pearl, meurtres brutaux (là où le slasher s’enfonce traditionnellement dans des codes vus et revus qui annihilent tout suspense),… En un mot, X se montre généreux dans son amour du genre tout en proposant une belle originalité! Alors que l’essentiel du casting s’en sort honorablement (on notera les débuts de Jenna Ortega), c’est l’incontournable Mia Goth (désormais habituée des films de genre) qui crève l’écran dans un double rôle tout en nuances. S’ensuit du coup une réflexion toute personnelle: l’actuel cinéma d’horreur/épouvante est il devenu tellement insipide pour qu’une péloche comme X, jouant habilement avec les codes du genre pour mieux surprendre le spectateur, s’impose naturellement comme un des meilleurs films d’horreur de cette nouvelle décennie? Mille fois oui car il faut croire que les réal qui en sont capables ne courent pas les rues! Et puis la BO est signée Chelsea Wolfe, une autre bonne raison de se jeter sur ce film!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt13560574/

A l’affiche: Terrifier 2 (2022), Infinity Pool (2023)

Terrifier 2: Loin d’être mauvaise, cette suite n’est hélas pas aussi impactante que son aîné: pas d’effet de surprise (forcément), un hommage appuyé aux années 1980… comme la majorité des films sortis depuis ces dernières années (va falloir vraiment passer à autre chose les gars maintenant…et c’est un vieux né dans les années 1980 qui vous le dit!), un lore étoffé à grands coups de surnaturel mais qui n’apporte pas grand chose de plus, un scénario et des décors plus classiques (même si on peut y voir un clin d’oeil à The Funhouse ou La Maison des 1000 Morts) flirtant parfois avec les clichés. Heureusement, on retrouve avec plaisir l’essentiel de la recette qui a fait le succès du premier opus: David Howard Thornton qui incarne toujours ce satané clown infernal, le côté gore débridé, des FX artisanaux à l’ancienne, de l’humour bien senti,… La durée excessive du métrage (un peu plus de deux heures) n’aidant évidemment pas à ce constat bien mitigé. Notez qu’un troisième volet est en préparation à ce jour!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt10403420/

Infinity Pool: Et alors, qu’en est il du dernier métrage du fils Cronenberg? Bah, trois ans après Possessor, l’essai n’est toujours pas transformé ma bonne dame…et se révèle même d’un ennui assez considérable! Si le concept de départ, à mi chemin entre horreur et SF, avait du potentiel (se servir de ses doubles pour commettre des atrocités sur la population locale façon Hostel ou American Nightmare…avec une bonne dose de dédoublement paranoïaque en prime) même s’il rappelle évidemment le cinéma du Père, le rythme, le scénario et les personnages (aussi antipathiques qu’invraisemblables) sont totalement à revoir! Les prestations honorables de Mia Goth et Alexander Skarsgard n’y changeront rien. Et si on se met en tête de poursuivre quand même le métrage pour avoir un début de réponses, l’ennui laissera place à la frustration avec cet Infinity Pool qui ne va décidement jamais au bout de ses thématiques!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt10365998/

Bisseries: Terrifier (2016), Prom Night (1980)

Terrifier: Slasher servi par des décors bien glauques et un boogeyman mémorable, au sadisme gore/torture porn, Terrifier a été clairement la claque de début d’année pour votre serviteur (au point de courir voir sa suite en salles…et les autres métrages du réalisateur, Damien Leone, quelques jours après)! Pourtant, étant très peu fan de ce sous-genre horrifique, je n’en attendais vraiment rien! La trauma que « Ça » a infligé à ma génération a t il joué favorablement? Possible! Il n’empêche que ce métrage ne faiblit à aucun moment, pour les victimes comme pour les spectateurs…grâce à de jolies trouvailles et un humour noir…très très noir. Mention spéciale évidemment pour David Howard Thornton qui incarne un Art le Clown malsain au possible, flirtant avec l’idée d’un mal absolu à la Michael Myers. Mais les autres acteurs ne déméritent pas non plus! Une excellente surprise qui sent bon l’amour du cinéma d’exploitation à l’ancienne (notamment dans les effets spéciaux), quand il était réservé aux afficionados du genre et aux spectateurs les plus avertis! Et ça…fatalement, ici on valide!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt4281724/

Prom Night/Le Bal de l’horreur: Pour ces premières bisseries de 2023, je ne vous cache pas que je rédige essentiellement avec mes souvenirs (indulgence… quand tu nous tiens). J’ai passé un bon moment avec celui ci, entre teen movie, whodunit et slasher qui joue déjà avec les codes du genre (nous ne sommes pourtant que deux ans après Halloween). Voire même d’un soupçon de giallo! Si on croit deviner bien vite un slasher un peu différent des autres avec la mort accidentelle d’un enfant et une culpabilité collective comme point de départ (idée que réutilisera The House on sorority row quelques années après, sans parler des néo-slashers qui lui devront beaucoup), Prom Night tient toutes ses promesses grâce à de bonnes idées de scénario/mise en scène, se permet de prendre son temps pour mieux faire monter le suspense (les pinailleurs focaliseront sur le manque de sang à l’écran) et même à plusieurs reprises de varier les registres autant de fois qu’il brouille les pistes. Les touches d’humour sont appréciables. On appréciera aussi les clins d’oeil aux emblématiques Carrie, Halloween et La Fièvre du samedi soir! Son principal défaut est d’être finalement sorti en pleine « slasher mania » au début des années 1980 et donc d’être passé relativement inaperçu! Et bien évidemment si vous êtes fan de Jamie Lee Curtis (même si les autres actrices ne sont pas en reste) ou de Leslie Nielsen avant sa carrière comique, foncez!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0081383/

Bisseries: Pi (1998), Dément (1982)

Pi: Premier long métrage de Darren Aronofsky, Pi est une sympathique bizzarerie expérimentale, entre thriller paranoïaque et hard SF. On y suit un mathématicien autiste un brin mystique et (légèrement) obsédé par les mathématiques au point de chercher à tout prix un lien entre celles ci et les « lois » du monde moderne (en l’occurence ici: la bourse). Sujet peu prenant de prime abord mais entre le rythme haletant et de sublimes plans en noir et blanc granuleux, on se laisse entraîner sans mal dans l’histoire. On y entrevoit déjà les passages hallucinés à venir de Requiem for a dream tellement la mise en scène porte déjà une patte bien singulière, pas si loin d’un Eraserhead! Porté par des acteurs peu connus mais qu’on reverra parfois dans des films plus récents du réalisateur (Mark Margolis notamment), Pi peut diviser par ses excès mais propose tout de même de solides séquences paranoïaques plutôt innovantes et marquantes pour l’époque!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0138704/

Dément/Alone in the dark: Si comme moi, vous vous attendez à un slasher basique en regardant ce Dément, vous risquez d’être agréablement surpris! Il s’agit du premier long métrage de Jack Sholder (qui signera par la suite le potable second opus des Griffes de la Nuit et le très surestimé Hidden). Mené par Donald Pleasence (ici en grande forme), Dwight Schultz et d’autres sacrées gueules croisées ailleurs (Palance, Landau) dans le rôle de psychopathes dérangeants, ce home invasion dont le scénario rappellera le Halloween originel (ainsi qu’une autre séquence fortuite le changement de look de Jason Voorhees dans le troisième opus de Vendredi 13) détourne les codes du slasher et se révèle à la fois ingénieux (proposant au passage une réflexion sur la folie/normalité) et teinté d’humour noir pour un ensemble plutôt plaisant à suivre, même si on reste loin de la violence des slashers qui vont marquer les 80’s! On déplorera un rythme un peu irrégulier mais qui est vite contrebalancé par un solide jeu d’acteurs. Une curiosité à découvrir, bien ancrée dans son époque en somme!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0083542/