Pilier et précurseur du mouvement cyberpunk japonais, Akira est un métrage qui continue de fasciner et d’inspirer près de 30 ans après sa sortie… a raison!
Réalisé par son propre créateur/mangaka Katsuhiro Ōtomo et sorti alors que le manga originel n’était pas achevé (son écriture s’étale de 1982 à 1990), Akira regroupe tous les éléments phare de ce sous genre: société dystopique et ultra-urbaine, jeunesse désoeuvré et désabusée, tensions sociales exacerbées, mouvements révolutionnaires, gouvernement corrompu, violence omniprésente, expérimentations scientifiques sur l’homme, peur du nucléaire,… Le tout servi par un dessin plutôt épuré, des arrières plans somptueux et une animation fluide (Tokyo Movie Shinsha), parfois secondés par quelques images de synthèse. Le film battra d’ailleurs plusieurs records à l’époque: un budget de 10 millions de dollars, une palette de 327 couleurs et un nombre de dessins utilisés bien supérieur à la normale, ce qui en fera l’un des films d’animations les plus ambitieux de l’époque. Et on peut le dire avec le recul, ce métrage a très bien traversé les époques au point d’être terriblement d’actualité!
S’il n’est pas au premier abord le plus futuriste de la bande formée par Tetsuo (dont le titre est un clin d’oeil évident au destin du personnage du même nom dans ce métrage), Ghost in the Shell, Gunnm et Cowboy Bebop (pour n’en citer que quelques-uns), ce métrage inspiré (entres autres) par Moebius propose des moments de terreur époustouflants (les hallucinations de Tetsuo, le final dantesque qui parlera à tous les amateurs de body horror) accompagnés d’une bande-son excellente (Geinoh Yamashirogumi). Son intrigue autour d’enfants mutants dotés de pouvoirs psychiques hors du commun lui apporte finalement toute la complexité et la tragédie nécessaire. On notera aussi une gestion du rythme proche de la perfection, y compris dans son final dilaté.
Parmi ses rares défauts, il faut bien avouer que les réactions enfantines de certains personnages (notamment Kameda) détonnent franchement avec le ton cynique du film et sont franchement dispensables, même si elles peuvent insuffler un peu de comédie. La romance entre Kaneda et Kei n’est pas non plus des plus subtiles… Et je dois bien avouer que passée la surprise de la découverte, un second visionnage est nécessaire tant il se passe de choses à l’écran (pas étonnant puisque le manga est aujourd’hui compilé en six tomes).
Distribué par la Tōhō au Japon et Streamline Pictures aux USA, le film aura un impact considérable sur la culture japonaise et occidentale (alors encore peu ouverte aux mangas). Citons entre autres les films Matrix, Inception, Looper ou encore Dark City qui s’en inspireront… sans parler de tous les mangas et films d’animations japonais qui suivront… Il y a bel et bien un avant et un après Akira, comme Blade Runner en son temps!
Note: Pépite
https://www.imdb.com/fr/title/tt0094625/
















