Bisseries: A tombeau ouvert (1999), Alucarda (1977)

A Tombeau ouvert: Même s’il n’est pas le meilleur Scorsese (ni le pire), ce métrage possède une ambiance badante à souhait qu’on aura du mal à trouver ailleurs (on pense à plusieurs reprises à Taxi Driver… forcément ou même à Night Call). Cage, Goodman et Arquette campe un trio parfait de personnages abîmés par la vie dont les destins se croisent (mais qui est parfaitement intact dans ce film en même temps?). Alors oui, par moments, il ne se passe pas grand chose (à l’instar du quotidien du Frank Pierce) et ça manque quand même de subtilité par moments mais la mise en scène ingénieuse du Monsieur, la photographie de Robert Richardson, l’univers nocturne désenchanté de ces ambulanciers et les récurrentes hallucinations morbides du personnage principal font passer la pilule sans (trop de) mal! On retrouve bien évidemment les thématiques chères à l’italien: la mort (et même l’euthanasie ici), la religion, les personnages déglingosses, la dope et même une bonne pincée de comédie! Notons également une belle BO bien rock! Alors i vous souhaitez faire un grand bain dans les bas fonds de la Grande Pomme…

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0163988/

Alucarda: Joli mélange de folk horror, sorcellerie et nunsploitation que ce métrage mexicain à l’esthétique européenne très 60’s-70’s (amis de la Hammer, foncez!). On pense plusieurs fois à Blood on Satan’s Claw, Dark Waters voire à certains films de Jess Franco (excusez du peu!). Efficace avec peu (malgré une certaine générosité en nudité et en effets gore) et mettant en scène avec efficacité des thèmes récurents du cinéma d’épouvante comme la possession, le pacte avec le Malin, l’opposition entre bien et mal, science et foi, voire les paradoxes religieux ou la normalité tout court, cette adaptation libre du classique Carmilla brille donc par une certaine subtilité dans le propos comme dans ses atmosphères étranges, surréalistes et gothiques! Porté par l’excellente Tina Romero et la jolie mise en scène de Juan López Moctezuma (notamment dans ses scènes d’extérieur), ses seuls véritables points faibles est que le film arrive un peu tard dans les seventies pour véritablement marquer les esprits… et un final un peu décevant, il faut bien le dire!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0075666/

Bisseries: La Maison aux Fenêtres qui Rient (1976), Maléfique (2002)

La Maison aux fenêtres qui rient : Si son titre peut prêter à sourire, voilà un (faux mais on y reviendra) giallo rural qui risque bien de vous rester en tête, ne serait ce que pour ses ambiances uniques ou encore ses nombreuses scènes d’extérieur !  Prenant la forme d’un whodunit vintage/film d’épouvante, cette enquête sur un peintre maudit au cœur d’un petit village d’Emilie Romagne, portée par une jolie galerie de personnages étranges (et bien interprétés) et surtout une gestion admirable du suspense, marque effectivement de par ses libertés avec le giallo avec lequel il est assimilé -à tort- (ici les meurtres sont suggérés, pas de stylisation du tueur, pour ne prendre que deux exemples) dont il garde surtout la jolie photographie (Pasquale Rachini) et évidemment l’atmosphère mortifère/décrépie qui se dégage de la pellicule à chaque seconde. Ce que viendra confirmer une nouvelle fois son final, à la fois cruel et ingénieux ! Je dois par contre avertir les réfractaires au rythme lancinant, vous allez souffrir! Une œuvre certes imparfaite, signée Pupi Avati, mais unique, avec une portée sociologique finalement très proche de celle de La Longue Nuit de l’Exorcisme du regretté Lucio Fulci (encore et toujours lui)! Avec un zeste pré-Twin Peaks par dessus, si si!

Note : Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0074287/

Maléfique : Il va falloir se calmer sur les films lovecraftiens, parce qu’on aura bientôt plus rien à se mettre sous la dent quand on va attaquer le cycle sur l’horreur cosmique ! Toujours est il que ce Maléfique d’Eric Valette (ex-metteur en scène des Guignols de l’info) a gagné une petite réputation au fil des ans et que le film était sur ma liste depuis un moment ! S’il n’échappe pas à certains défauts typiquement français (comme un certain manque de subtilité dans l’écriture de ses personnages qui ne dépassent hélas que rarement leur carcan de stéréotypes), ce huis clos carcéral, porté par une belle brochette d’acteurs, dans lequel quatre prisonniers découvrent un manuscrit étrange vire vite au thriller fantastique, malin et nihiliste où l’ombre de Lovecraft plane tout en restant suffisamment dans le suggestif et le minimalisme  pour ne pas sombrer dans le grotesque. Saluons également son rythme et ses effets spéciaux qui maintiennent bien en haleine (même si encore une fois, amateurs de films survitaminés, la majorité des films chroniqués ici bas ne sont pas pour vous) ! Un premier long métrage honnête à l’ambiance unique et au budget qu’on imagine tout petit!

Note : Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0309832/

Bisseries: You’ll Never Find Me (2023), La Sentinelle des Maudits (1977)

On a clairement pris du retard sur l’avancée de nos cycles Hard SF et Conspiracy Thrillers tandis que la « révision » des anciens articles touche à sa fin alors pour vous faire patienter et parce qu’une pause (bien méritée) va s’imposer dès le mois de mai, je vous propose une poignée de bisseries supplémentaires vues il y a quelques mois/années…

You’ll Never Find Me: Petit huis clos rondement mené (autant dans sa gestion du suspense que sa mise en scène) et sans prétention, You’ll Never Find Me est porté par un joli couple d’acteurs inconnus au bataillon (Brendan Rock et Jordan Cowan). Le synopsis est pourtant des plus basiques: un soir d’orage, une jeune femme demande de l’aide à un hermite vivant dans un chalet … mais il semblerait qu’elle n’est pas poussé la bonne porte… Et pourtant, Josiah Allen et Indianna Bell (dont c’est le premier long métrage) propose un thriller paranoïaque soufflant le chaud et le froid parsemé de moments intimistes, de quelques notes d’humour bien senties ainsi que de sacrés moments d’hallucination. Seul défaut, une longueur excessive et un rythme parfois trop distendu. Et une fin finalement un peu prévisible aussi, c’est vrai! Mais ne boudons pas notre plaisir, ce quatuor là a du potentiel!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt22023218/

La Sentinelle des Maudits: Dans la série des thrillers fantastiques bien poisseux des seventies, je demande La Sentinelle des Maudits! Bénéficiant d’une distribution impressionnante (Raines, Sarandon, Balsam, Wallach, Caradine, Goldblum, Walken et j’en passe), le métrage de Michael Winner se distingue effectivement par son rythme lancinant et une atmosphère paranoïaque/malsaine subtile à classer entre Rosemary’s Baby et Les Autres (qui, et je l’apprends en rédigeant ces lignes, est également inspiré du même roman de Jeffrey Konvitz). Plutôt original donc, ce récit d’une top model emménageant par hasard dans un immeuble qui renferme le secret d’une machination religieuse, même s’il a notablement vieilli (particulièrement son final) malgré des maquillages et effets réussis/généreux. Un film qui reste longtemps en tête car sa force d’évocation, bien aidée par une bande originale efficace (signée Gil Mellé), elle… a très bien traversé les âges!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0076683/

Bisseries: Les Trois Jours du Condor (1975), RoboCop 2 (1990)

Les Trois Jours du Condor: Il serait de temps de nous remettre à notre cycle « conspiracy thrillers », non? Peu convaincu par La Firme du même réalisateur, j’ai donc lancé cet excellent thriller 70’s, porté par Robert Redford et Faye Dunaway (dont on pourra reprocher au personnage ambigu d’être sous-exploité) sans trop savoir à quoi m’attendre! Un film haletant narrant l’histoire d’un brillant cryptographe de la CIA traqué par sa propre organisation après l’assassinat commandité de toute son équipe. Bien rythmé mais parfois un peu osbcur dans ses explications, l’enquête sur les responsables du massacre s’accompagne d’un suspens qui va crescendo et d’une atmosphère paranoïaque particulièrement réussie. La romance « forcée » (passage obligé pour alléger le récit, on se doute bien), elle, l’est bien moins! Adapté du roman de James Grady et sans doute inspiré par les affaires du Watergate survenues trois ans plus tôt, le métrage dénonce la toute puissance et les dérives (en premier lieu leur corruption) des organisations politiques et de renseignements, thématiques soulignées par une fin nihiliste/cynique à souhait et le glaçant personnage incarné par Max Von Sydow. Servi par une remarquable jeu d’acteurs et un cadre urbain aussi terne que l’est devenu (depuis bien longtemps) le pays de l’Oncle Sam, ce film de Sydney Pollack est clairement un incontournable du genre!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0073802/

RoboCop 2: Suite méconnue et mal aîmée mais néanmoins sympathique que ce Robocop 2! Il faut dire que le film avait pourtant tout pour plaire: les acteurs principaux du premier opus (Peter Weller, Nancy Allen, Dan O’Herlihy), un réalisateur loin d’être manchot (Irvin Kershner, responsable de L’Empire contre-attaque), le même univers urbain sordide et les mêmes thématiques désabusées. Alors oui, évidemment le film n’a ni la puissance ni la subtilité du sous-texte de celui de Verhoeven (pour sa défense, ce métrage a connu une production chaotique, entre faillite imminente d’Orion Pictures -c’est justement pour l’éviter que cette suite verra le jour-, grève des scénaristes) mais il nous donne tout de même ce qu’on attend de lui: encore plus d’action, de violence, de divertissement, des saillies satiriques. Le pitch pourra d’ailleurs rappeller celui de Terminator 2 sorti un an plus tard! Alors ne boudons pas notre plaisir, si toutes les suites de films cultes étaient de cet acabit! A noter que Frank Miller est au scénario, Phil Tippet et Rob Bottin aux effets spéciaux!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0100502/

Bisseries: Flagellations (1974), X (2022)

Flagellations/House of whipcord: Sorti la même année que le célèbre Frightmare du même réalisateur, Flagellations est une petite pépite malsaine typiquement 70’s, empreinte de sadisme (même si on est plus proche ici de l’Inquisition que du Marquis de Sade) tout en évitant tout de même les nus gratuits (un exploit, vu qu’il se place dans la niche « women in prison » plutôt réputé pour ça) qu’il délaisse pour explorer la part psychologique de ses personnages. Evidemment, il n’évite pas totalement les défauts du genre: jeu d’acteurs aléatoire, personnages archétypaux,… mais le scénario mêlant habilement flashback et enquête rend le tout plus digeste. Le film cache aussi sous son postulat sulfureux (d’anciens membres de la magistrature britannique -qu’ils jugent inefficace- kidnappent et séquestrent des jeunes filles « déviantes » afin de les rééduquer… même si elles doivent y laisser la vie) des thématiques plutôt modernes, typique de la contre-culture qu’a été l’exploitation des décennies 70-80’s (il est d’ailleurs marrant de voir comment le wokisme tend à détruire cette fonction, y compris dans cette niche cinématographique réellement libertaire) : confrontation entre les nouvelles générations post-hippie et celles conservatrices (sans que l’on sache vraiment où le réalisateur se situe), critique des extrémismes religieux,… On saluera aussi une mise en scène exemplaire mettant en relief l’austérité de ses décors anglais. L’absence de happy end enfoncera, elle, le clou de ce film sombre et radical qui devrait vous rester en mémoire!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0071628/

X: On a déjà parlé ici de Ti West pour son sympathique The House of The Devil où le monsieur démontrait déjà son sens de la mise en scène (aussi splendide qu’efficace) mais je dois bien avouer que ce X là m’a cueilli au vol alors que j’en attendais franchement rien! Partant sur des bases de pur slasher 70’s rural sous fond de tournage porno où plane l’ombre de Massacre à la tronçonneuse (fatalement), il propose, en plus d’un visuel vintage franchement au poil, de sympathiques variations: personnages intéressants (du jeune cinéaste méta à l’actrice porno aux dents longues en passant par la vieille femme torturée et libidineuse), tension qui va crescendo, thématiques rarement abordées autant dans le cinéma de genre qu’en société (vieillesse et désirs sexuels) et qui méritent d’ailleurs une second visionnage après avoir vu Pearl, meurtres brutaux (là où le slasher s’enfonce traditionnellement dans des codes vus et revus qui annihilent tout suspense),… En un mot, X se montre généreux dans son amour du genre tout en proposant une belle originalité! Alors que l’essentiel du casting s’en sort honorablement (on notera les débuts de Jenna Ortega), c’est l’incontournable Mia Goth (désormais habituée des films de genre) qui crève l’écran dans un double rôle tout en nuances. S’ensuit du coup une réflexion toute personnelle: l’actuel cinéma d’horreur/épouvante est il devenu tellement insipide pour qu’une péloche comme X, jouant habilement avec les codes du genre pour mieux surprendre le spectateur, s’impose naturellement comme un des meilleurs films d’horreur de cette nouvelle décennie? Mille fois oui car il faut croire que les réal qui en sont capables ne courent pas les rues! Et puis la BO est signée Chelsea Wolfe, une autre bonne raison de se jeter sur ce film!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt13560574/

Bisseries: La Gorgone (1964), The Vampire Lovers (1970)

C’est pas tout…mais on doit avancer sur notre cycle Hammer, nous! Attendez, on me dit dans l’oreillette qu’on aurait de toute façon trois autres cycles thématiques en attente depuis l’arrêt des podcasts…soit quelques années de retard! Monde de meeerde!

La Gorgone: Encore un film de la firme réunissant le trio mythique Fisher/Lee/Cushing! A la différence près que…si vous vous attendez à un énième film fantastique/épouvante de la Hammer, nous sommes plutôt ici en présence d’un thriller autour de meurtres mystérieux commis par le monstre! Porté par des décors gothiques majestueux et une interprétation au poil (comme toujours) de Peter Cushing et de Christopher Lee (plutôt à contre-courant pour ce dernier), La Gorgone est également l’occasion d’observer le fonctionnement d’un petit village d’Europe de l’Est, ses habitants, ses secrets,… Hélas entre le rythme relativement lent, les éléments fantastiques relayés au second rang au profit de l’enquête principale et un scénario qui ne brille pas vraiment par son originalité, le film perd fatalement en impact! Et c’est bien dommage car le grand intérêt de La Gorgone est bel et bien sa thématique principale, à savoir la réappropriation/modernisation du mythe antique (à rapprocher du loup garou ici)!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0058155/

La Passion des Vampires/The Vampire Lovers: Premier volet de la trilogie Karnstein (tournée entre 1970 et 1971) mettant en scène Carmilla Karnstein. Tourné à une époque où la Hammer n’est déjà pas au meilleur de sa forme (apparition des gialli italiens et de films d’épouvante indépendants américains, plus ancrés dans la modernité), le studio anglais décide de lâcher progressivement les gaz sur ce qui caractérisera le cinéma d’exploitation de la décennie 70’s: toujours plus d’érotisme et de gore assumés! Et il faut dire qu’on va en avoir besoin, des bonnes vieilles recettes pour attirer le chaland avec cet autre film en demie teinte! Car malgré de splendides décors (on a globalement droit à beaucoup d’extérieurs), de bonnes idées (les linceuls, les passages oniriques) et une superbe interprétation d’Ingrid Pitt dans le rôle de l’antagoniste principale, le film patine aussi à de nombreux moments: rythme lent, dialogues nombreux, personnages niais, éléments cheap (la décapitation du début, au hasard!),… Cependant, on ne peut pas reprocher à ce film son manque d’originalité, voir un brin de subtilité bienvenu puisqu’on s’éloigne quand même du traditionnel film de vampires n’agissant que de nuit! Il s’agit en effet d’une adaptation de la nouvelle Carmilla de Sheridan Le Fanu et de son intrigue sur fond d’amour lesbien alors… on aurait pu craindre bien pire de la part de la Hammer! A noter que l’on retrouve Peter Cushing dans un rôle (bien) secondaire! Non, vraiment…encore une fois, dommage!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0066518/

Bisseries: Freddy sort de la nuit (1994), Deranged (1974)

Freddy sort de la nuit/Wes Craven’s New Nightmare: Dernier opus de la saga Les Griffes de la nuit (on oubliera volontairement le remake passable de 2010), Freddy sort de la nuit est un sympathique film méta sur le slasher, son booggeyman (relooké pour l’occasion), le rapport entre le créateur et son oeuvre,… Niveau frissons c’est franchement radin c’est sûr mais le retour d’une partie du casting de l’oeuvre originale (Englund, Langekamp, Saxon) et des acteurs majeurs de la saga chez New Line (Craven, Shaye, Risher) jouant leur propre rôle (les films dans les films/casser le quatrième mur étant un peu le dada de Craven à l’époque, comme avec Scream 3) apporte à ce film une fraîcheur bienvenue! Même si l’on peut regretter que ce côté méta ne soit pas suffisamment exploité jusqu’au bout! Autres défauts: Miko Hughes (Dylan) est juste insupportable (mais je suis de ceux qui pensent que les enfants et les films d’horreur font rarement une bonne association) et le rythme ne laisse pas vraiment le spectateur respirer! Jouant avec les strates de réalité (un bon moyen de susciter la paranoïa), inventif et visuellement réussi, cet opus, même s’il est bancal sur plusieurs points, conclue honorablement la saga dix ans après le premier film (et un bon paquet de navets) en nous faisant une vraie proposition cette fois ci! On en attendait pas moins de Craven…qui signera Scream dans la foulée ! Comme quoi, quoi que l’on pense de cet opus, il aura eu une certaine utilité!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0111686/?ref_=nv_sr_srsg_0

Une petite critique par Tortillapolis!

Deranged: Si 1974 reste en tête comme étant l’année de sortie de Massacre à la tronçonneuse, un autre film moins connu fait pourtant fort dans le glauque et l’immoral mais… tout autant inspiré par les méfaits d’Ed Gein! Totalement porté par l’interprétation magistrale et complexe de Roberts Blossom (proche d’un Joe Spinell dans Maniac, on rentre ici réellement dans la tête d’Ezra Cobb), Deranged va largement plus loin dans le malsain à mon goût (même si non exempt de traits d’humour noir) mais souffre hélas des défauts d’une production typée téléfilm, du « marketing » des seventies (le côté documentaire juste lourd) et de facilités scénaristiques (la fin relativement improbable)… Si vous aimez les rapports mère-fils fusionnels à la Psychose et la bonne ambiance des repas de famille à la Texas Chainsaw, ne cherchez plus, c’est ce film qu’il vous faut!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0071408/

Bisseries: Messiah of Evil (1973), L’Emmurée Vivante (1975)

Messiah of Evil: Entamé il y a des années, il était temps de ré-essayer celui ci! Il faut dire que le rythme du métrage rebute pas mal le spectateur non aguerri! Et finalement, on découvre un film avant gardiste et unique en bien des points! Côté points forts, l’ambiance cauchemardesque/lovecraftienne à souhait (façon Le Cauchemar d’Innsmouth), la variation moderne sur la thématique zombie (ou plutôt goule/vampire) des années avant le Zombie de Romero et évidemment les décors inquiétants comme jamais/jeux de lumière (Mario Bava n’est jamais loin). Côté plombs dans l’aile maintenant: le rythme sous laxatif donc, les personnages aux réactions lunaires (en particulier le trouple) et la bande-originale quelquefois à la ramasse. Un film fatalement inégal certes mais qui reste une véritable expérience cinématographique, tout en suggestions, avec de superbes passages hallucinés. Bref de l’épouvante vintage dans le sens noble du terme, à ranger sans forcer à côté d’un Carnival of Souls!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0071396/?ref_=nv_sr_srsg_0

L’Emmurée Vivante: Véritable pépite vintage et dernier giallo de ce cher Lucio Fulci avant de basculer dans sa période zombies 1979-1981 (L’Eventreur de New York étant plutôt un sympathique mélange de slasher et de giallo comme La Baie Sanglante de Bava ou encore Torso de Sergio Martino) qui se concentre totalement sur son scénario et son twist final (génial pour l’époque) au lieu de donner bêtement dans les codes du genre (sexe, violence, jeux de lumières,…). Dans celui ci, les notions de machination, de destin et de tragédie (propres aux gialli et aux thrillers) prennent tout leurs sens (Fulci aurait été passablement marqué par les travaux d’Antonioni), je ne vous en dirais pas plus! On appréciera au passage l’excellente prestation de Jennifer O’Neill (vue également dans Scanners) et la partition mémorable de Fabio Frizzi! Si vous devez vous faire un seul giallo du Monsieur, c’est celui ci, en gardant à l’esprit que ce n’est pas le plus graphique (même si la mise en scène vaut largement le coup d’oeil)!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0075614/?ref_=nm_flmg_dr_27

L’Envers du Culte: Les Yeux sans visage (1960), Ne vous retournez pas (1973)

Les Yeux sans visage: Classique incontournable de l’épouvante/fantastique vintage, ce métrage de Georges Franju a passablement vieilli, malgré sa sobriété et son esthétisme certains. Mais s’il reste empreint d’un certain classicisme pour nos yeux modernes et blasés, cette adaptation du roman de Jean Redon aura eu une influence avérée sur le cinéma de genre (pour n’en citer que deux: le Halloween originel ou encore l’excellent La Piel que habito) et a dû terrifier un bon nombre de spectateurs à l’époque (les scènes sanglantes ne nous sont pas épargnées et sont relativement efficaces/réalistes, en poussant un peu, on peut même y voir les prémisses du body-horror) au delà même de son script de départ, notamment avec cette relation père-fille malsaine à souhait (et que dire de celle avec sa secrétaire?). On pensera à la série des Frankenstein bien sûr mais aussi à Psychose sorti la même année. La fin est assez inattendue et sa poésie vous marquera au moins autant que le reste du métrage! Pour une des rares excursions françaises dans le cinéma d’épouvante (flirtant comme il faut avec le drame, au travers de ses personnages fouillées), on peut dire que c’était encourageant!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0053459/

Anecdotes:

Le masque du film (en latex, novateur pour l’époque) a été conçu par Georges Klein, responsable des effets spéciaux sur le Notre Dame de Paris de 1956 mais également par Charles-Henri Assola qui travaillera sur Moonraker et Possession (pépite hallucinée encore trop méconnue).

Le temps d’une scène, Pierre Brasseur (qui joue l’antagoniste du film) donne la réplique à son fils, un certain Claude, qui interprète ici l’assistant de l’inspecteur Parot.

Jess Franco s’inspirera du film pour L’Horrible Docteur Orlof et sa suite spirituelle, Les Prédateurs de la Nuit.

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Ne vous retournez pas: Puisqu’on parle de film sur le deuil (sous toutes ses formes), voyant revenir plusieurs fois ce drame (teinté de thriller et de fantastique) dans diverses listes et classements, la curiosité a été plus forte que tout! Au final, c’est surtout l’incompréhension qui gagne car le métrage accuse clairement le poids des nombreuses décennies, en plus de souffrir d’un gros souci de rythme. Narrant l’histoire d’un couple passablement fragilisé par la mort accidentelle de leur fille (opposant une femme assez crédule à un homme plutôt sceptique mais assailli de prémonitions) et mené par de redoutables acteurs (Julie Christie et Donald Sutherland), il se révèle finalement assez prévisible dans l’ensemble (seule la fin relève un peu le niveau) même si le suspense est admirablement entretenu. On aura en revanche rarement vu une Venise aussi glauque, autant par son aspect labyrintique, la photographie que par la descente aux enfers de ce couple ou la présence d’un tueur qui rôde dans les alentours. Le véritable tour de force de Ne vous retournez pas réside surtout dans cette de superposition croissante et alternée de réalité et de fantasmes, de passé et de présent, de visions et de doutes, rendant le quotidien de ce John Baxter aussi paranoïaque que le spectateur lui même! Pas très loin d’un De Palma ou d’un Polanski tout compte fait!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt0069995/

Anecdotes:

  1. Ce métrage est une adaptation de la nouvelle éponyme de Daphné du Maurier parue en 1971. Ce n’est pas la première fois que l’écrivaine est adapté sur grand écran: en effet les deux films d’Hitchcock: Rebecca et Les Oiseaux sont également issus de son oeuvre.
  2. Si le film a traversé par une influence hitchockienne évidente (la boucle est bouclée!), il a eu une influence sur des réalisateurs majeurs du genre: Dario Argento, Danny Boyle, Ari Aster, David Cronenberg,…
  3. La scène de sexe passionné au début du film a fait grand bruit et vaudra au film les foudres de la censure dans de nombreux pays.
  4. Les couleurs rouge et verte sont présentes dans la majorité des plans du film.

Bisseries: Le Locataire (1976), Invisible Man (2020)

Le Locataire: Adaptation du roman « Le Locataire chimérique » de Roland Topor (dont on retrouve ici le ton cynique et kafkaïen) clotûrant la trilogie des appartements maudits (après Répulsion et Rosemary’s Baby donc), Le Locataire est encore une fois un exemple de la maîtrise du polonais (ici réalisateur et personnage principal) dans ses thématiques de prédilection: ambiance malsaine et cauchemardesque, pression sociale, complots, maladies psychiques diverses (notamment la paranoïa et la schizophrénie… autant dire que Lynch et Cronenberg ne sont pas très loin). L’appartement du protagoniste, reflet de sa psyché, jouant encore une fois le rôle de catalyseur avant l’explosion finale, à savoir ici: le dédoublement. Ce huis clos total rondement mené par un beau casting (Adjani mais surtout une ribambelle de trognes que n’aurait pas renié un Jeunet période Delicatessen) est toutefois non exempt d’humour (les plus observateurs auront repéré la présence de trois figures du Splendid dans les seconds rôles). Grâce à un scénario bien ficelé (sujet à de multiples interprétations, allant bien au delà du rapport à l’autre), une bande son et une mise en scène au poil (absolument géniale dans les moments de panique du héros), le métrage offre un bon potentiel de revisionnage et a dû être un sacré OVNI au moment de sa sortie!

Pour justement aller plus loin: https://www.youtube.com/watch?v=N7T-0IRLaZU

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0074811/

Invisible Man: Dans le registre des thrillers moyens aux idées originales, je demande Invisible Man! Leigh Whannell (connu pour ses scénarios dans les différentes sagas de James Wan) signe là un thriller psychologique (plus que véritablement horrifique) prenant, plutôt contemplatif avec de bons rebondissements (même si parfois un peu too much, j’en conviens) et dont le pitch de départ (une femme se retrouve harcelé par son ex-mari toxique, prétendument mort, qui a trouvé le moyen de devenir invisible) offre de belles occasions de renouveller et de jouer avec les codes du genre! L’ambiance paranoïaque est véritablement réussie (l’invisibilité comme métaphore un poil grossière des conséquences de violences physiques/psychiques, chantage et harcèlement), portée par une Elisabeth Moss inspirée et une mise en scène/visuel solide fincherien à souhait (à l’instar de l’appartement carcéral du « couple », prouesse d’architecture minimaliste). Et surtout, le concept de départ est respecté tout au long du métrage, ne perd pas de sa force sur la longueur et n’est pas un simple prétexte pour nous offrir un énième film à suspense interchangeable. A noter que le nom du mari « Adrian Griffin » est évidemment un clin d’oeil au personnage de l’Homme invisible écrit par H.G. Wells (dont ce film est une adaptation originale).

PS: Je vois que beaucoup de critiques ont vu dans cette oeuvre une énième charge contre le patriarcat blanc (une névrose très actuelle et fort pratique pour généraliser et éviter de balayer devant sa porte… pensez à aller consulter quand même), même si ça reste en filigrane, c’est plutôt mesuré ici. En tout cas rien qui n’empêche de voir le film jusqu’au bout.

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt1051906/