The Witch: Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins: en plus d’avoir révélé la jeune Anya Taylor-Joy et le réalisateur Robert Eggers, son premier long métrage est un véritable petit bijou esthétique de folk horror vintage…à condition d’être dans le bon mood pour l’apprécier! Thriller/drame psychologique (plus que véritable film d’épouvante) se déroulant dans un famille de colons en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle, The Witch va prendre un malin plaisir à brouiller les pistes pour mieux perdre le spectateur: récit déconstruit et austère, flashbacks multiples, rythme lent, ambiance poisseuse, suffocante et contemplative (j’ai pensé plusieurs fois à Antichrist),… Si bien qu’à la fin, nous n’avons plus de certitudes, juste des suppositions sur qui (ou quoi) s’acharne sur cette famille de paysans bannis à la lisière de bois maudits! Explorant les thématiques des liens familliaux, du bouc émissaire, du deuil, de la paranoïa, de la religion, de la possession, de la place de la femme, de la peur et des fantasmes (oui, rien que ça), ce film montre déjà une bien belle maîtrise de la réalisation, de sa direction d’acteurs, de l’esthétisme (ici, les peintres néerlandais du XVIIe siècle et leur fameux clair-obscur) et même du symbolisme indispensables à tout bon conte de folk horror!
Dagon: Voilà un film de Stuart Gordon qui, malgré son petit budget, s’attache à rendre hommage à l’oeuvre originelle de H.P. Lovecraft (certainement une des ses meilleures nouvelles, au passage), son ambiance poisseuse et dégénérée! Un métrage qui, comme souvent avec ce réalisateur (passablement traumatisé par les écrits du Maître de Providence, tout comme son compère Brian Yuzna) a autant de qualités que de défauts mais qui se montre toujours généreux, comme avec ses scènes les plus explicites! Puisque, oui, on ne va pas se mentir, le (sur)jeu d’acteurs (Ezra Godden n’était clairement pas le meilleur choix pour le héros principal) et les effets spéciaux au rabais piquent bien les yeux par moments… mais on est en plein cinéma bis (pour ne pas dire plus) en même temps! On pourrait aussi lui reprocher un rythme un peu trop lancinant (même si pour le coup, c’est un choix complètement lovecraftien). Quoi qu’il en soit, ce Dagon transpire tellement le respect et la passion de son matériel originel qu’il reste à conseiller à tous les passionnés d’indicible! Et puis, disons le clairement, les bonnes adaptations de Lovecraft (cela fera d’ailleurs certainement l’objet d’un futur cycle thématique) se comptent tellement sur les doigts de la main qu’on ne va pas se faire prier! A noter que le titre n’a rien à voir avec la nouvelle de Lovecraft (parue d’ailleurs bien avant son cycle sur le Mythe de Cthulhu mais qui peut y être attachée au vu de sa thématique).
Flagellations/House of whipcord: Sorti la même année que le célèbre Frightmare du même réalisateur, Flagellations est une petite pépite malsaine typiquement 70’s, empreinte de sadisme (même si on est plus proche ici de l’Inquisition que du Marquis de Sade) tout en évitant tout de même les nus gratuits (un exploit, vu qu’il se place dans la niche « women in prison » plutôt réputé pour ça) qu’il délaisse pour explorer la part psychologique de ses personnages. Evidemment, il n’évite pas totalement les défauts du genre: jeu d’acteurs aléatoire, personnages archétypaux,… mais le scénario mêlant habilement flashback et enquête rend le tout plus digeste. Le film cache aussi sous son postulat sulfureux (d’anciens membres de la magistrature britannique -qu’ils jugent inefficace- kidnappent et séquestrent des jeunes filles « déviantes » afin de les rééduquer… même si elles doivent y laisser la vie) des thématiques plutôt modernes, typique de la contre-culture qu’a été l’exploitation des décennies 70-80’s (il est d’ailleurs marrant de voir comment le wokisme tend à détruire cette fonction, y compris dans cette niche cinématographique réellement libertaire) : confrontation entre les nouvelles générations post-hippie et celles conservatrices (sans que l’on sache vraiment où le réalisateur se situe), critique des extrémismes religieux,… On saluera aussi une mise en scène exemplaire mettant en relief l’austérité de ses décors anglais. L’absence de happy end enfoncera, elle, le clou de ce film sombre et radical qui devrait vous rester en mémoire!
X: On a déjà parlé ici de Ti West pour son sympathique The House of The Devil où le monsieur démontrait déjà son sens de la mise en scène (aussi splendide qu’efficace) mais je dois bien avouer que ce X là m’a cueilli au vol alors que j’en attendais franchement rien! Partant sur des bases de pur slasher 70’s rural sous fond de tournage porno où plane l’ombre de Massacre à la tronçonneuse (fatalement), il propose, en plus d’un visuel vintage franchement au poil, de sympathiques variations: personnages intéressants (du jeune cinéaste méta à l’actrice porno aux dents longues en passant par la vieille femme torturée et libidineuse), tension qui va crescendo, thématiques rarement abordées autant dans le cinéma de genre qu’en société (vieillesse et désirs sexuels) et qui méritent d’ailleurs une second visionnage après avoir vu Pearl, meurtres brutaux (là où le slasher s’enfonce traditionnellement dans des codes vus et revus qui annihilent tout suspense),… En un mot, X se montre généreux dans son amour du genre tout en proposant une belle originalité! Alors que l’essentiel du casting s’en sort honorablement (on notera les débuts de Jenna Ortega), c’est l’incontournable Mia Goth (désormais habituée des films de genre) qui crève l’écran dans un double rôle tout en nuances. S’ensuit du coup une réflexion toute personnelle: l’actuel cinéma d’horreur/épouvante est il devenu tellement insipide pour qu’une péloche comme X, jouant habilement avec les codes du genre pour mieux surprendre le spectateur, s’impose naturellement comme un des meilleurs films d’horreur de cette nouvelle décennie? Mille fois oui car il faut croire que les réal qui en sont capables ne courent pas les rues! Et puis la BO est signée Chelsea Wolfe, une autre bonne raison de se jeter sur ce film!
(Retranscription améliorée du podcast #1 d’octobre 2020)
Drôle succès que celui de la figure du zombie! Elle qui n’intéressait que cinq à dix réalisateurs par an depuis La Nuit des morts-vivants a littéralement envahi le grand écran durant les décennies 2000 et 2010 (plus de 150 films recensés sur cette période, soit une vingtaine par an au plus fort de la « zombie mania »). Quasimment boudée durant les 70-80’s alors que le cinéma d’exploitation se focalisait sur les cannibales, les slashers, les nazis (si, si), les rape & revenge, les vigilantes et les giallo, souvent à grands coups de gore et de sexe gratuits, le zombie menait sa petite vie et ne semblait intéresser que de rares réal comme Lucio Fulci et Amando de Ossorio. Avant de faire un retour fulgurant dès 2002! Et si le soufflet retombe dès 2014-2015, l’intérêt qualitatif de ces films, lui, fut évidemment très discutable. Alors que la figure du zombie s’imposait partout comme un élément de pop culture, des zombie walk aux vitrines de magasin en passant par les jeux vidéos, retour (rapide) sur cinq films majeurs et qualitatifs de la décennie 2000!
28 Jours plus tard (2002, Danny Boyle): Un des films qui a sans doute lancé la grande « zombie mania »! Son principal intérêt réside dans le réalisme de l’aspect survie et post-apocalyptique de grande ampleur (on est pourtant des années avant Je suis une légende et The Walking Dead) qui occupe une bonne moitié du film. Hélas, l’autre partie plombe totalement le film en empilant les clichés et les non sens pour accentuer son côté action…comme beaucoup de films de survie manichéens. On sauvera juste l’apparition d’une nouvelle forme de zombie: l’infecté, plus rapide et vorace que son cousin made in Romero!
REC (2007, Jaume Balagueró et Paco Plaza): Voici un film qui, au delà de proposer un métrage nerveux et ingénieux d’infectés (encore peu fréquents à l’époque), a aussi relancé la mode du found footage, peu de temps avant Cloverfield et quelques mois après Paranormal Activity ! On n’évite pas hélas les clichés propres au found footage/cinéma d’horreur: héroïne insupportable qui hurle pour rien, cadrage tellement aléatoire par moments que le vomi pointe le bout de son nez, caméra incassable et j’en passe! Mais j’ai rarement vu un métrage aussi bien maîtrisé en terme d’immersion et de tension! Aucune idée de ce que valent les suites par contre…
Pontypool (2008, Bruce McDonald): Assurément, le plus original des films présentés ici! Un huis clos bien rythmé et réaliste, mettant en scène un postulat simple mais audacieux (et peut être, c’est vrai, trop peu cinématographique pour permettre aux spectateurs de rentrer dans le film dès le départ) sur la façon dont l’épidémie se propage. Il m’a fallu deux visionnages pour l’apprécier et analyser totalement la chose mais c’est justement ce type d’ovnis qui redonne espoir dans le genre! Pontypool risque bien de vous tenir en haleine jusqu’au bout!
Bienvenue à Zombieland (2009, Ruben Fleischer): Sympathique comédie bien rythmée et inventive sur la thématique zombie (tentative déjà lancée avec Shaun of the Dead en 2004), menée par une belle brochette d’acteurs et présentant un dosage idéal entre humour, action et gore. On peut reprocher au film de manquer un peu de fond mais il s’agit d’une première réalisation et pris comme un pur divertissement, il fait très bien le taf! Dernier train pour Busan utilisera d’ailleurs plus ou moins la même recette avec succès quelques années plus tard. Embarquez donc pour ce road trip déjanté!
The Walking Dead (2010-2022, Frank Darabont): Voilà une série qui a su faire rentrer l’horreur zombie dans beaucoup de foyers! Scénarisé initialement par Darabont (oui, celui qui a su adapter Stephen King au cinéma), TWD est une belle réussite en terme de rythme, d’écriture des personnages et d’effets spéciaux. La première saison est même un modèle de réalisme question survie. Hélas, comme beaucoup de séries à succès, elle se perd dans un nombre excessif de saisons (dont une sur deux est franchement moyenne passé les trois premières), d’épisodes et de personnages… la qualité et le rythme des intrigues ne suivant pas! Personnellement, j’ai décroché dès la sixième mais on peut tout de même saluer l’effort de proposer un récit différent de celui des comics originels.
D’ailleurs, vous êtes vous seulement demandé pourquoi la figure du zombie intéressait autant? Tout simplement parce qu’il est le monstre moderne le plus proche de nous. Il n’a donc aucun mal à réfléter nos angoisses, nos tabous, nos peurs (à commencer par celle de l’aliénation, de la maladie ou de la mort) mais aussi nos sociétés actuelles dans ce qu’elles ont de plus laid, de plus malade! Ce que d’ailleurs Romero ne se privait pas de faire dès qu’il a su extirper la créature de ses racines vaudous! Hélas peu de métrages récents exploitent cet aspect du zombie, lui préférant le gore, le sensationnel… bref, du divertissement pur et dur!
Maintenant qui blamer pour ces deux décennies de films navrants? Les spectateurs aux goûts souvent discutables? Les producteurs peu scrupuleux? Les réalisateurs fainéants sans trop d’originalité? A l’instar de l’éternelle question de l’oeuf et de la poule, tant qu’il y aura des cons pour aller voir des nulleries au cinéma… ne vous étonnez pas de voir le cinéma de genre régulièrement pollué par ce genre de propositions (comme au pif, World War Z), lui qui fonctionne désormais par effets de mode. C’est entre autres pour cela que l’on ne s’attarde pas sur les mauvais films et les nanars sur ce blog: il y a bien assez de tri à faire parmi les sorties hebdomadaires pour dénicher de rares pépites. Alors autant s’épargner les métrages dont l’affiche a déjà une odeur suspecte!
Et si après ce petit dossier, vous avez encore faim (de chair fraîche), voici mon top 10 personnel des films de zombies… bien rétro, bien bisseux!
La Nuit des Morts-Vivants (George Romero, 1968): Le film qui a véritablement ouvert le bal des zombies modernes et qui n’a pas perdu de sa force thématique au fil des années!
Dawn of the Dead/Zombie (George Romero, 1978): Film bien plus politique et avant gardiste qu’il n’y paraît! Jetez aussi un coup d’oeil à son superbe remake survitaminé L’Armée des Morts (Zack Snyder, 2004)!
L’Au-Delà (Lucio Fulci, 1981)… Tentez d’ailleurs son Frayeurs, dans la foulée (1980): On consacrera de toute façon un dossier à ce réalisateur hélas sous-estimé mais aux ambiances uniques!
Le Jour des Morts-Vivants (George Romero, 1985): Le dernier grand film du réal sur le sujet… avant qu’il ne commence à salement radoter!
Simetierre (Mary Lambert, 1989): Correcte adaptation d’un des meilleurs romans de Stephen King, plus sobre que les autres films de ce top mais néanmoins marquante dans ses thématiques!
Dellamorte Dellamore (Michele Soavi, 1994): Pépite méconnue et variation onirique sur la thématique zombie, on va d’ailleurs se revoir le film ensemble!
I, Zombie: The Chronicles of Pain (Andrew Parkinson, 1998): Pépite quasi inconnue du public de genre qui a déjà fait l’objet d’un podcast et dont on va reparler prochainement.
Planet Terror (Robert Rodriguez, 2007): Parce que quand on pense exploitation assumée, zombies, punchlines et fun, c’est le film parfait! Avec un succulent casting à la clé!
Vous connaissez peut être les circonstances catastrophiques du tournage de cet opus: David Fincher hérite de cette première réalisation en étant le cinquième choix de la Fox… et devant adapter au passage un scénario qui est déjà passé par quatre mains successives… On a vu mieux pour débuter sa carrière!
Opus mal aimé (sans vraiment de raisons, il faut bien le dire), Alien3est une suite directe d’Aliens, dans laquelle on suit Ellen Ripley, unique survivante du Sulaco qui vient de s’écraser sur la colonie minière et pénitentière Fiorina 161 (aux allures de monastère), ramenant également un petit souvenir de son précédant périple… On remarque dès le départ que cet opus se démarque par ses prises de vue audacieuses mais aussi et surtout son esthétique sombre et maîtrisée (tout en jeux de lumière et contrastes) qui le rapproche de l’opus de 1979.
Au travers de cet univers froid et réaliste, on retrouvera des thématiques propres à Fincher que l’on retrouvera en filigrane tout au long de sa carrière: nihilisme, bien et mal, humanité, marginalité, religion,… La fin tragique ne faisant que renforcer cette atmosphère désolée. On a également droit à un (délicieux) retour aux bases de la saga: un seul alien est présent ici, le complexe minier est labyrinthique et baigné dans la pénombre comme les couloirs du Nostromo (on déplorera par contre l’abscence d’esthétique gigerienne), ses occupants vont devoir lutter sans armes à feu (chasse à l’homme qui prendra également des allures de chasse au monstre). Bref, Fincher opte clairement pour un mélange de SF, de thriller et d’horreur (avec une part généreuse de gore), comme le premier opus de Ridley Scott! Même si, il faut bien le dire, la science-fiction n’est pas vraiment à la fête (seul point que j’accorderais volontiers aux fans du second opus). Nous sommes ici au plus près de la psychologie des personnages, de leurs pulsions et de leurs traumas, Ripley en tête. Sigourney Weaver crève une fois de plus l’écran en mémorable héroïne charismatique, véritable femme forte dans un monde masculin en proie à la peur et au doute! Sans non plus tomber dans la caricature (dans ta gueule Cameron!), comme en témoigne sa romance avec le Docteur Clemens (le très bon Charles Dance). On retrouve également l’idée que la Weyland-Yutani est prêt à tout tout pour ramener le xénomorphe afin d’exploiter son potentiel (l’occasion de revoir ce bon vieux Lance Henriksen). Alien3 est bel et bien connecté à la mythologie de cette saga et ça fait plaisir!
Malheureusement, la tension installée fera rarement mouche, la faute sans doute à un suspens trop progressif, un montage arbitraire et un effet de surprise fatalement absent. Il serait d’ailleurs intéressant de voir les différences de vision entre celle du réalisateur et celle du studio pour mesurer quelle a été sa réelle part de liberté dans ce projet mais… Fincher reniant le film encore aujourd’hui, on se contentera de quelques scènes coupées! Autres défauts: ses effets spéciaux parfois brouillons (voire clairement datés), son rythme inégal donc mais aussi son climax bordélique où les vues subjectives et les course-poursuites perdent autant le spectateur qu’elles filent la nausée!
En somme, un métrage loin d’être parfait mais qui propose (entre autres) un véritable univers, ce qui fait de cet opus la suite la plus qualitative de la saga! Pour une première réalisation, c’est costaud (n’en déplaise aux fans d’Aliens, oui, j’aime cracher sur les cons) et Fincher prouvera d’ailleurs toute l’étendue de son talent dès son film suivant: un certain Seven…
1- Ayant hérité d’un film dont le scénario n’était même pas achevé, Fincher a également dû réaliser Alien3 alors que sa date de sortie était déjà fixée par les studios. Résultat, il claquera la porte pile avant le début du montage, mettant du même coup sa carrière en péril…
2- Weaver a accepté de revenir dans ce troisième opus à la seule condition que son personnage n’y survive pas. En effet, en trois métrages, elle estimait avoir fait largement le tour d’Ellen Ripley.
3- Dès que la Fox a émis l’idée de cette suite, Ridley Scott a proposé d’explorer les origines du xénomorphe mais le projet demandait un budget trop conséquent…
4- Plus subtiles que les mutations des xénomorphes hybrides des opus suivants, le xénomorphe du film se déplace sur ses quatre membres et n’a pas d’appendices dorsaux, preuve que la créature conserve des caractéristiques de son hôte (un chien ou une vache, suivant la version que vous regarderez).
5- Le synopsis du film est un mélange de trois ébauches de scénarios précédemment écrits. Les rares idées non exploitées donneront la thématique principale d’Alien, La Résurrection. Au départ, cette seconde suite devait se concentrer sur les personnages d’Hicks et Bishop puisque Weaver n’était pas enthousiaste à l’idée de rempiler!
Annihilation: A force d’entendre parler de ce film…en mal….puis en bien, il a bien fallu que j’en ai le coeur net! Surtout après la déception que fut Men du même réalisateur… Et ma foi, si ce métrage est bien loin d’être parfait (notamment à cause d’une fin bâclée au possible), il propose tout de même de bien belles idées: visuellement forcément (même s’il aurait gagné à être un peu plus parcimonieux dans ses effets spéciaux), un suspense progressif qui laisse suffisamment de place aux personnages, au mystère et aux thématiques lourdes du métrage (deuil, maladie, humanité, auto-destruction,…) pour pousser la curiosité du spectateur à aller jusqu’au bout, le concept de certaines créatures elles même. Paradoxalement, Annihilation aurait sans doute gagné à jouer un peu moins la carte du film SF/horreur intello bourré de métaphores et plus sur la matérialisation de la menace extraterrestre car les baisses de rythme sont tout de même nombreuses… ou au moins mieux doser ses flashbacks! Avant donc cette fin terre à terre qui manque cruellement d’originalité là où tout le récit se permettait de jolies libertés avec les genres affiliés. Côté influences, l’héritage lovecraftien semble inévitable dans cette zone où les lois humaines de la physique ne s’appliquent plus, laissant place à la sensation de malaise constant, aux hallucinations et à la paranoïa (on pensera à La Couleur tombée du ciel par exemple). Pour preuve, Alien et The Thing vous viendront fatalement à l’esprit à un moment ou à un autre. Nathalie Portman porte admirablement le film dans son rôle de scientifique endeuillée alors son expédition s’avance toujours un peu plus loin dans l’onirisme cauchemardesque et les mutations inquiétantes. Une curiosité qui vaut le coup d’oeil, pas si loin d’un Stalker de par son étrangeté subtile!
The Seeding: Vous aimez les survivals bien poisseux façon La Colline a des yeux? Vous aimez les huis clos où le temps lui même semble suspendu? Vous aimez la folk horror cruelle à la Wicker Man ou Midsommar? Alors vous aimerez certainement The Seeding qui réunit ces trois influences à part égale. Paysages et photographie majestueux, ambiance craspect réussie, personnages ambigus, héros principal totalement impuissant et semblant voué à la folie, ce premier long métrage a plus d’un tour dans son sac pour plaire! Ajoutez à cela un suspense progressif (malgré une introduction qui donne un peu trop de pistes sur la suite du récit) et quelques jolis moments intimistes non dénués de poésie. Les vraies faiblesses de ce thriller se trouvant au final dans son rythme un peu trop lancinant, un certain manque de folie dans son scénario et une fin…hélas interminable, voire prévisible. Mention spéciale aux deux acteurs principaux qui font ici forte impression: Scott Haze en personnage principal relativement détestable et Kate Lyn Sheil dans un rôle tout en nuances! Donnez une chance à The Seeding!
Bon, alors autant poser les bases dès le début, si ce second opus de la saga Alien s’est hissé au rang des films cultes pour certains, je n’ai jamais compris la fascination des gens pour ce film. Ce revisionnage a d’ailleurs été l’occasion de confirmer qu’il est bel et bien un des pires métrages de la franchise, n’en déplaise aux fans de films d’action mal camouflés sous leur enrobage SF (qui, après lecture de quelques critiques, n’ont de toute façon rien compris au premier opus)!
Vous aimez les films d’action? La « subtilité » typique des réalisateurs américains (oui, Cameron est canadien, ça va)? Les (jolies) coquilles vides? Ca tombe bien, pas moi! Alors si en plus on y ajoute un réalisateur légèrement surcôté (dont on sauvera juste les deux premiers volets de la saga Terminator), autant vous dire qu’on va essayer de rester correct mais ça va être très dur!
Je ne vais pas vous mentir, ce film est esthétiquement beau et inventif, avec de jolis effets spéciaux. De ce côté là rien a dire, on sent que cette fois ci le budget était conséquent (le double de celui de son aîné). Si le métrage ne brille pas particulièrement par son scénario (encore une fois, on est ici dans un pur film d’action), quelques trouvailles bien menées permettent de faire monter la tension crescendo: vue subjective, capteurs de mouvements, caméras de surveillance,… Mais sans le personnage de Ripley, Aliens pourrait tout à fait être un stand alone que la saga ne s’en porterait que mieux. Car oui, à trop vouloir se démarquer du premier opus et son concept intégral de huis clos cauchemardesque, James Cameron loupe tout ce qui faisait l’essence d’Alien et son aura culte. Ici, les grands espaces et les vastes complexes ont remplacé les couloirs glauques et claustrophobes du Nostromo. La suggestion et l’angoisse ont laissé place à la surrenchère et aux marines suréquipés. Ici, on a des aliens par paquet de cinquante (dont le design reste sensiblement le même d’ailleurs) mais jamais on ne ressent leur menace comme dans le film précédent. Attaquant désormais en meute, ils sont même assez stupides pour se suicider volontairement sur des tourelles mécaniques… Signe ultime de cette régression, cette suite est très peu gigerienne, pourtant un des éléments phares du succès d’Alien. Restent le charisme de Ripley, le développement psychologique de son personnage (notamment au travers de sa relation avec la jeune Newt), les prestations mémorables de Sigourney Weaver et Lance Henriksen dans le rôle d’un androïde délicieusement suspect. Mais le mal est fait!
Et puis vient le dernier tiers du film qui fait définitivement sombrer le métrage dans le grotesque et le risible… Même avec beaucoup de second degré, regarder Ripley se la jouer John Rambo avec une gosse dans les bras face à une reine alien (qui, grâce à sa petite taille, prend les ascenceurs et se faufile sans bruit dans les vaisseaux, c’est bien connu), non vraiment, à ce stade là, le foutage de gueule devient difficile à cacher! On est pas dans Predator, putain! Comme si Ripley avait besoin de cette surenchère pour apparaître comme une femme forte dans cet opus…. Et c’est d’autant plus paradoxal que l’apparition de la reine est le seul apport de cet Aliens à la mythologie (ceux qui ont vu la version director’s cut du premier opus savent qu’il n’y avait pas besoin de cet élément pour boucler la boucle).
A l’image du cinéma de « divertissement », si Aliens passe le test de la démonstration technique, il est en revanche d’une pauvreté thématique bien affligeante et donc une parfaite antithèse du premier opus… au vu de la direction choisie qui confine désormais son fascinant univers dans l’interminable liste des suites mercantiles et malléables commes de vulgaires séries B. Et mon petit doigt me dit que la Fox ne doit pas y être pour rien…
1. Vous avez trouvé que les marines du film ressemblaient étrangement à ceux de Starship Troopers? Et bien sachez que les acteurs concernés ont justement dû lire le roman d’Heinlein avant le tournage, sur les conseils de James Cameron!
2. Sigourney Weaver n’était pas au courant que la Fox prévoyait de tourner une suite. Cameron l’a contacté lui même et elle a finalement accepté le rôle en voyant que son scénario développait l’aspect pyschologique de son personnage.
3. La reine alien a été designée par Cameron lui même, puis portée à l’écran par Stan Winston, collaborateur régulier du réalisateur (Terminator, Terminator 2, Avatar).
4. Lance Henriksen était à deux doigts d’abandonner sa carrière d’acteur au moment du film. C’est aujourd’hui un de ses plus grands succès…
5. A la fin des crédits, on peut entendre un oeuf alien s’ouvrir… Plutôt cohérent avec le scénario d’Alien 3, non?
C’est pas tout…mais on doit avancer sur notre cycle Hammer, nous! Attendez, on me dit dans l’oreillettequ’on aurait de toute façon trois autres cycles thématiques en attente depuis l’arrêt des podcasts…soit quelques années de retard! Monde de meeerde!
La Gorgone: Encore un film de la firme réunissant le trio mythique Fisher/Lee/Cushing! A la différence près que…si vous vous attendez à un énième film fantastique/épouvante de la Hammer, nous sommes plutôt ici en présence d’un thriller autour de meurtres mystérieux commis par le monstre! Porté par des décors gothiques majestueux et une interprétation au poil (comme toujours) de Peter Cushing et de Christopher Lee (plutôt à contre-courant pour ce dernier), La Gorgone est également l’occasion d’observer le fonctionnement d’un petit village d’Europe de l’Est, ses habitants, ses secrets,… Hélas entre le rythme relativement lent, les éléments fantastiques relayés au second rang au profit de l’enquête principale et un scénario qui ne brille pas vraiment par son originalité, le film perd fatalement en impact! Et c’est bien dommage car le grand intérêt de La Gorgone est bel et bien sa thématique principale, à savoir la réappropriation/modernisation du mythe antique (à rapprocher du loup garou ici)!
La Passion des Vampires/The Vampire Lovers: Premier volet de la trilogie Karnstein (tournée entre 1970 et 1971) mettant en scène Carmilla Karnstein. Tourné à une époque où la Hammer n’est déjà pas au meilleur de sa forme (apparition des gialli italiens et de films d’épouvante indépendants américains, plus ancrés dans la modernité), le studio anglais décide de lâcher progressivement les gaz sur ce qui caractérisera le cinéma d’exploitation de la décennie 70’s: toujours plus d’érotisme et de gore assumés! Et il faut dire qu’on va en avoir besoin, des bonnes vieilles recettes pour attirer le chaland avec cet autre film en demie teinte! Car malgré de splendides décors (on a globalement droit à beaucoup d’extérieurs), de bonnes idées (les linceuls, les passages oniriques) et une superbe interprétation d’Ingrid Pitt dans le rôle de l’antagoniste principale, le film patine aussi à de nombreux moments: rythme lent, dialogues nombreux, personnages niais, éléments cheap (la décapitation du début, au hasard!),… Cependant, on ne peut pas reprocher à ce film son manque d’originalité, voir un brin de subtilité bienvenu puisqu’on s’éloigne quand même du traditionnel film de vampires n’agissant que de nuit! Il s’agit en effet d’une adaptation de la nouvelle Carmilla de Sheridan Le Fanu et de son intrigue sur fond d’amour lesbien alors… on aurait pu craindre bien pire de la part de la Hammer! A noter que l’on retrouve Peter Cushingdans un rôle (bien) secondaire! Non, vraiment…encore une fois, dommage!
Calvaire: Voilà un premier métrage belge qui n’est pas passé inaperçu lors de sa sortie grâce à son ambiance rurale et glauque dont Massacre à la tronçonneuse semble être une des principales influences (on aura même droit à un remake de la scène oh combien douloureuse du dîner). Même si de l’aveu de son réalisateur Fabrice Du Welz, il faut plutôt chercher celle ci du côté de La Traque (que je n’ai toujours pas vu au moment où j’écris ces lignes). Ici, nous suivons Marc, un chanteur itinérant qui se perd en forêt après un gala et va être recueilli par Bartel, un hôte pour le moins étrange… Survival porté par un Jackie Berroyer tout en nuances (alternant comique, malaise, pathétique, touchant, inquiétant,…) qui perce littéralement l’écran et un Philippe Nahon bourru comme à son habitude (je vous ai déjà dit que j’adorais Seul contre tous?), Calvaire possède un scénario relativement épuré mais efficace, alternant huis clos et scènes de traque dans un décor crépusculaire et dégénéré où le sens moral est aussi absent que les personnages féminins. Même si le jeu de certains acteurs frise l’approximatif (et c’est surtout le cas de Laurent Lucas campant le premier rôle…un comble pour un survival), le film se permet quelques petites notes d’humour (noir) bien senties et de petites variations surprenantes sur les archétypes du genre. Une certitude: Calvaire porte bien son nom et vous ne sortirez pas indemne de ce cauchemar poisseux…où demander de l’aide au voisin pourrait vous coûtez (très) cher!
Bleeder: Rare pellicule de Refn que je n’avais pas encore vu à ce jour, Bleeder s’avère être un efficace drame/thriller comme l’a été sa trilogie Pusher tournée durant la même période (avec laquelle le film partage d’ailleurs son casting principal: Mikkelsen, Bodnia et Buric). Embrassant une nouvelle fois la thématique de la violence pulsionnelle et de la fatalité (thèmes devenus majeurs chez Refn), on y perçoit également une large part autobiographique au travers du personnage de Lenny (offrant ainsi un hommage à ses réalisateurs favoris) et bien sûr celle de la paternité, de l’amour, de la solitude. Disons le clairement, le plus gros défaut de ce film est son manque de budget, avec parfois des moments de flottement et des faiblesses d’écriture. Mais il offre tout de même de jolis moments de noirceur (façon descente aux enfers) et même de poésie (comme avec celui du timide couple naissant Lenny/Léa) au sein d’une banlieue populaire de Copenhague glauque comme jamais! On peut également noter un sens de la mise en scène déjà en place et il est assez marrant de constater que le personnage de Lenny, le weirdo de la bande, est finalement le personnage le plus normal de tous car imperméable à la violence (certainement car c’est le seul à poursuivre un but et avoir des passions). Entre Pusher et Drive, laissez une chance à ce Bleeder!
MaXXXine: Prenez les bas fonds de Los Angeles des 80’s pendant la satanic panic, une suite de slasher à succès, un soupçon de giallo, un autre de thriller, une critique méta de l’industrie hollywoodienne (réécriture acerbe façon Once Upon A Time in… Hollywood), une aspirante actrice travaillant dans l’industrie pour adultes (accessoirement ultime rescapée d’un massacre bien cradingue six ans avant), un serial killer qui a réellement existé et vous aurez (quasi) tous les ingrédients pour attirer tout adepte de films de genre. Hélas…on ne va pas laisser le suspense planer inutilement, MaXXXine a beaucoup à dire sur l’industrie cinématographique (et c’est bien là que le métrage est le plus intéressant) mais bien peu de choses à nous apprendre de plus sur son personnage éponyme. Au point où après visionnage, on se demande de quoi parle finalement ce film. La faute sans doute à un scénario qui ne semble pas savoir où aller, de trop nombreux personnages/histoires parallèles et d’une tension au rabais (à l’image du reveal final prévisible…depuis le premier opus). Autre gros point noir: le personnage incarné par Kevin Bacon apporte une touche d’humour…qui vire très vite au lourdingue. Pris à part, c’est un film moyen…mais replacé dans sa trilogie d’origine (dont on reparlera bientôt sur ce blog), il fait clairement office de remplissage malgré une nouvelle interprétation mémorable de Mia Goth. C’est le métrage le moins bon des trois malgré son propos parfois original, comme celui de son prédécesseur Pearl… Plutôt avare en scènes chocs à mon goût, il conclue donc péniblement cette trilogie commencée en 2022 avec X mais… garde tout de même un certain intérêt grace à une jolie mise en scène vintage et son réalisateur, Ti West, bien décidé à sortir le genre de son petit carcan confortable!
Trap: Disons le tout de suite: le dilemme actuel avec Shyamalan, c’est sa proposition régulière de scénarios originaux…qui se transforment visiblement en films navrants depuis presque une décennie maintenant. J’ai voulu en avoir le coeur net avec ce Trap, ayant loupé tous ses métrages depuis le (très) décevant Glass. Au final, l’adage s’est vérifié puisque j’en retiens plus la mise en scène toujours aussi léchée de son réalisateur et les performances (correctes) de Josh Hartnett et de Saleka Shyamalan (qui visiblement fait réellement carrière dans la chanson) que ce thriller…beaucoup trop prévisible et grand public! Rebondissements tellement invraisemblables qu’ils finissent par énerver, fin interminable qui sombre dans la pure paresse intellectuelle (et qui aurait pourtant pu démarquer le film de tous les huis clos actuels), humour trop présent (au détriment de la tension nécessaire au bon fonctionnement d’un thriller), serial killer bien trop lisse (mais cliché à souhait dans ses traumas), les défauts de ce métrage sont nombreux et risquent de vous faire sortir du métrage comme il faut… Si l’intrigue de départ peut faire penser à un Snake Eyes à fort potentiel, je vous le dis en toute honnêté, épargnez vous ces 105 minutes de vide (quel est le propos du film, putain?) et de souffrance inutile, ça n’en vaut pas la peine. Peut être serait il temps de se refaire la main sur des synopsis moins ambitieux ou de passer plus de temps à les peaufiner? Voire même d’arrêter de prendre ses spectateurs pour des débiles finis, vu la purge qu’est ce film?
It Comes at night: Intelligent huis clos épuré et flirtant avec le post-apocalyptique (les rares séquences choc sont d’ailleurs très réussies à mon sens, même si fatalement déjà vues ailleurs) pour mieux nous surprendre et proposer un drame/thriller psychologique, It Comes at night propose une réflexion sur des thématiques lourdes comme la cellule familiale et sa inexorable destruction, l’humanité, la survie, le jusqu’au boutisme face à une menace inconnue, l’individualisme, la morale, la paranoïa,… Si on peut déplorer que la menace extérieure n’est jamais réellement développée ni explicitée (pour se concentrer sur son impact même au sein des rapports humains), on ne pourra reprocher au métrage de tomber dans la facilité. Côté images et lumières, c’est totalement maîtrisé également, même si le potentiel inquiétant du cadre forestier aurait pu être développé un peu plus. Comme avec The Witch (avec lequel ce film partage bon nombre de thématiques), on s’attend à un film d’horreur classique…et on en ressort dérouté mais finalement grandi! Pour un premier long métrage, c’est honorable!
The House of the devil: Avant de me lancer dans Xet Pearl du même réalisateur, je comptais quand même visionner ce The House of the devil, qui à l’époque avait fait son petit buzz! Et bien m’en a pris! Partant d’un concept vu et revu (une jeune baby sitter se retrouve dans une maison isolée une nuit d’éclipse, maison qui bien évidemment cache de terrifiants secrets), ce métrage prend son temps et fait monter doucement mais sûrement sa tension jusqu’à un final aussi surprenant que malsain (quoiqu’un peu vite expédié, il faut bien l’avouer). Le spectateur n’a donc d’autre choix que de faire connaissance et éprouver un minimum d’empathie pour le personnage principal (combien de films d’horreur essayent d’y parvenir en nous présentant des personnages totalement insipides et insupportables?). Un mélange habile de maison hantée, de slasher et de secte satanique, qui fonctionne bien grâce à son côté rétro eighties très bien rendu et un gros travail sur le son/lumières. Côté casting, on peut retrouver entre autres Tom Noonan (Manhunter, Robocop 2) dans le rôle d’un des inquiétants maîtres des lieux. Un véritable hommage aux pépites d’horreur vintages et qualitatives (La Malédiction, Amityvilleet Halloweenen tête)…parfois fauchés mais qui compensaient par une qualité d’écriture se rapprochant du cinéma d’auteur…et qui évite donc intelligemment les clichés du genre et le fan service!