Bisseries: Halloween 3 (1982), Réincarnations (1981)

Halloween 3 (Le Sang du Sorcier): Vous connaissez certainement le contexte, Halloween 3 a constitué une tentative de faire de la saga une anthologie autour de la fête d’Halloween (à l’origine la fête celtique de Samhain), Carpenter refusant de réaliser une suite mais voulant tout de même garder une oeil sur son bébé en tant que producteur. Les fans, déçus de ne pas y retrouver Michael Myers et du gore à gogo, bouderont le film et on repartira sur des bases plus classiques dès le quatrième opus. Depuis sa sortie, le métrage a heureusement trouvé son lot de défenseurs. Ayant découvert ce métrage tout jeune, j’avoue que pour moi aussi, l’incompréhension fut grande de ne pas apercevoir The Shape de tout le métrage… Il était donc temps de le redécouvrir car son ambiance poisseuse (finalement assez proche de l’univers de Big John) me hantait toujours!

Et j’ai eu du nez: Le Sang du Sorcier se révèle un bon film bis, plein de qualités comme on les aime! Réalisé par Tommy Lee Wallace (ami de longue date de Carpenter et habitué du genre horrifique), à mi chemin entre Mondwest, Invasion Los Angeles, Twin Peaks et Soleil Vert (oui, rien que ça), ce troisième opus narre l’enquête d’un médecin (Tom Atkins, vu dans Fog, New York 1997, Maniac Cop,…) sur un mystérieux assassinat…ce qui le conduira à découvrir une machination de grande envergure dans une ville sans histoire. Conspiration dont l’échéance est fixée…le soir même d’Halloween! Bien rythmé, avec une mise en scène correcte, mélangeant habilement les genres (thriller, SF et épouvante…ça ne vous rappelle rien?) et doté de FX parfois proches du body horror (même si fatalement datés), ce troisième opus se laisse suivre sans mal pour peu qu’on rentre dans cette histoire classique en apparence (peut être son vrai point faible, avec une certaine avarice en scènes chocs et une romance inutile mais tellement récurrente à l’époque) et qu’on abandonne l’idée de voir un slasher. On appréciera aussi le nouveau thème musical (Carpenter himself), le folklore autour d’Halloween et ses racines celtes (même si on évite pas les sempiternels clichés merdiques sur le paganisme), la réflexion sur la propagande médiatique et le consumérisme, le sacrifice décomplexé de gamins ou encore une fin…mmh idéale? Une critique et un fatalisme chers à Carpenter, je vous disais! Bref, avec autant de bonnes idées, on ne peut donc que saluer cette tentative (par moments une peu bancale, c’est vrai) de renouveller la saga qui avait déjà fait le tour de sa propre histoire en deux films (rappelons que Myers meurt à la fin du second opus). Même si l’histoire en a hélas décidé autrement…pour les inconditionnels du premier volet dont je suis!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0085636/?ref_=nm_knf_i1

Réincarnations: Toujours dans la veine des séries B ayant eu leur petit succès, Réincarnations/Dead & Buried de Gary Sherman (Poltergeist 3) est plutôt bien côté. A raison car question rythme et scènes macabres montrées frontalement, ça vaut largement le coup d’oeil! Robert Englund y incarne un petit rôle et pas mal de coïncidences laissent à penser que le film a très probablement inspiré Wes Craven pour Les Griffes de la Nuit. Toute l’enquête sur fond de sorcellerie/conspiration dans un petit village rappellera tour à tour des classiques comme Twin Peaks, Le Locataire, Vaudou (car oui, Réincarnation est bien une variation originale sur la figure du mort-vivant), The Wicker Man…et ça, on ne va pas se le cacher, ça fait toujours plaisir! Question twists, le métrage tient la route même si on a vu plus original. De belles idées, de bons acteurs et de jolis maquillages (Stan Witson entre autres) à retenir en tout cas! Notons aussi que c’est Dan O’Bannon (faut il encore le présenter?) et Ronald Shusett (son compère sur Alien, Total Recall) au scénario, autant dire de sacrés arguments de vente! Qu’est ce que vous attendez pour aller le découvrir?

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0082242/?ref_=nv_sr_srsg_0

A l’affiche: Halloween Kills (2021), Last Night in Soho (2021)

Halloween Kills: Vous savez ce qui est le pire quand on chronique un film? De constater que son originalité ne paye pas! C’est complètement le cas avec ce second opus du nouveau reboot de la franchise qui tente timidement de se sortir du (très codifié) carcan slasher pour une horreur plus cérébrale mais sans jamais parvenir à être intéressant pour autant. Le défi est tout de même de taille: faire bouger les fondations d’une saga vieille de plus de quarante ans et « riche » de désormais treize films (par décence, on ne précisera pas que plus de la moitié sont de purs navets infâmes), il faut oser! Suite directe au Halloween de 2018 donc, ce métrage nous présente hélas… trop de personnages (peu attachants, sinon ce n’est pas drôle), trop de clins d’oeils au film originel (qui, s’ils étaient appréciables dans l’opus précédent, font juste quota de fan service obligatoire ici) et un scénario trop foutraque (trop de dialogues, trop de second degré par moments, trop de volonté d’expliquer le lore à tout prix). Laurie Strode et Michael Myers sont quasi absents du récit…un comble! Je me suis moi même demandé à plusieurs reprises si je ne m’étais pas trompé de salle vu à quel point ce Halloween Kills prend le contre-pied de son aîné (Gordon Green est pourtant toujours au scénario et à la réalisation). Les scènes de meurtre sont mal réparties et de toute façon trop peu intéressantes dans leur ensemble. Reste quelques jolis plans faisant le lien avec le film originel et cette réflexion sur la violence, la vengeance, la peur, le trauma…mais qui prend tellement de place dans ce film/qui est exploitée avec si peu de subtilité que ça en devient vomitif! L’envie de briser des codes est louable mais pas quand le métrage semble partir dans tous les sens, c’est qu’il y a un sérieux souci. A oublier très vite!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt10665338/

Last Night in Soho: Le dernier film d’Edgar Wright est, à contrario, un film dont je n’attendais rien (n’étant pas adepte de sa trilogie Cornetto) et qui se révèle une bonne surprise. Il est vrai que pendant un bon tiers, on se demande où le réalisateur veut réellement nous emmener. Mais les deux actrices principales, Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy crèvent tellement l’écran qu’on se plaît facilement à suivre leurs déambulations. On a aussi le bonheur de retrouver l’excellente Diana Rigg dans ce qui sera hélas son dernier rôle… L’autre gros point fort du film, c’est sa mise en scène et son atmosphère (particulièrement son travail sur les lumières, à rapprocher d’un The Neon Demon, par exemple), entre thriller paranoïaque, fantastique et un soupçon de giallo. Le rendu vintage des sixties est lui aussi réussi, tout comme l’OST. Hormis une fin facile/prévisible et quelques clichés évitables, Last Night in Soho scotchera aisément le spectateur avec ses deux récits entremêlées (distillant le doute sans jamais tomber dans le poussif), ponctuées de second degré et d’apparitions cauchemardesques du plus bel effet! Sans tutoyer la perfection pour autant, une belle expérience cinématographique dans tous les cas!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt9639470/

Bisseries: Halloween II (1981), Halloween (2018)

Halloween II: Premier slasher vu durant mon adolescence (et premier film d’horreur loué dans un vidéoclub tout court, je crois bien), ce second opus m’avait passablement marqué par sa claustrophobie haletante. S’il m’en restait quelques souvenirs plus de vingt ans en arrière, c’était ceux de Laurie Strode se faisant inlassablement poursuivre par The Shape dans un hôpital glauque…

Au final, cela correspond à la toute dernière partie du film, Halloween II prenant son temps (un peu trop par moments, gâchant du coup la tension de certaines scènes) pour distiller la peur et nous épargnant l’ennuyeux enchaînement de mises à mort au profit de mises en scène plutôt ingénieuses. La première partie du film relate le parcours de Michael Myers (plus fourbe dans ce métrage) jusqu’à l’hôpital où est soignée Strode (c’est dans cet opus que l’on apprend que Myers est son frère, élément qui tient plus de la facilité scénaristique que de la réelle mythologie, à mon sens). Suite directe de l’original (l’action se déroulant la même nuit que les évènements du premier opus) avec une atmosphère assez similaire (pas étonnant quand on sait que Big John est au scénario -aidé de Debra Hill qui produit également- et au montage, au désespoir de Rick Rosenthal à qui il a confié le film), il confirme que bien que mal aimé (il est vrai que Jamie Lee Curtis n’est pas trop présente à l’écran et qu’il n’égale ni la subtilité ni la puissance de son aîné), cet Halloween II reste surtout plein de belles qualités et sous estimé, même s’il est un pur film de commande. Ah et on retrouve ce bon vieux Donald Pleasence dans le rôle du Dr Loomis, bien sûr!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0082495/

Halloween: J’étais curieux de découvrir ce dernier Halloween en date, qu’on nous vendait comme la suite directe de l’opus de 1978, signant le retour de Lee Curtis dans le rôle qui l’a révélé. Suite validée par Carpenter himself qui plus est! Exit donc les multiples suites bêtes à manger du fois depuis le quatrième opus (le reboot de Rob Zombie étant efficace mais finalement peu mémorable avec le recul)! Et ma foi, il s’avère plutôt une bonne surprise qui a su capter des éléments assez proches de l’original. Visuellement magnifique et plutôt bien rythmé, avec de jolis et généreux clins d’oeil à l’opus originel, il remet en lumière ses deux personnages phares: Laurie Strode en rescapée vengeresse salement badass (sorte de version alternative de Sarah Connor) et The Shape, maléfique à souhait. On déplorera surtout des personnages trop peu développés (les conséquences du trauma sur trois générations de Strode étaient pourtant une idée intéressante) et une fin expédiée à la va vite. A noter que David Gordon Green prépare également deux suites pour cette trilogie, prévues pour 2021 et 2022. A suivre!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt1502407/