Brimstone: Dans une veine pas si éloignée de la brutalité finale de Bone Tomahawk mais semblable à l’esprit d’un rape & revenge aux timelines volontairement alambiquées (façon Pulp Fiction), je demande Brimstone! Ce mélange ultra poisseux de western, thriller et survival horror (voire même un soupçon de fantastique) aux allures de conte cauchemardesque sans fin (où seule la fuite semble être la meilleure option), porté par les talentueux Dakota Fanning et Guy Pearce(même si les seconds rôles ne sont pas en reste), ne peut pas vous laisser indifférent! J’éviterais d’en dire trop pour ne pas vous spoiler sur ce sublime pamphlet à priori amoral (mais terriblement actuel) sur les communautés religieuses, leurs paradoxes et leurs dérives (bien plus qu’une énième charge politiquement correcte sur la patriarcat), servi par une superbe photographie. Une de mes plus grosses claques de 2024!
Cauchemars à Daytona Beach/Nightmare: Voilà un film de psycho-killers dont j’entends parler depuis longtemps! Et je ne regrette pas du tout mon visionnage! Malgré des problèmes évidents de rythme, de longueur et de jeu d’acteurs parfois limite, Cauchemars est clairement à classer entre Maniac et Angst, tellement son personnage principal torturé (impressionnant Baird Stafford!) et son mélange (purement exploit’) de sexe et de violence gore le rendent particulièrement dérangeant… jusqu’à un final tout aussi malsain! Le film faisait partie des Video Nasties et… on peut dire qu’il ne l’a pas volé! Si ce métrage reprend quelques codes des slashers, il est en définitive bien plus original qu’on ne le pense, en plongeant dans la psychologie même du tueur (bien aidée par quelques thérapeutes peu scrupuleux), un procédé encore peu présent à l’époque!
The Green Knight: Adaptation du roman médiéval Sire Gauvain et le Chevalier Vert (Pearl Poet) produite par les incontournables A24, The Green Knight marque d’abord par sa mise à scène et sa photographie tout simplement splendides! Cette légende arthurienne est ainsi revisitée sous la forme d’un superbe voyage initiatique laissant une part importante aux éléments fantastiques, au symbolisme et aux paysages (aux décors d’une façon plus générale). Le rythme est lancinant et propice à la contemplation/mélancholie d’un Camelot sur le déclin, en opposition aux campagnes environnantes, certes cruelles envers les chevaliers mais infiniment plus belles sur le fond. On retrouve Dev Patel dans le rôle principal, au caractère bien éloigné des canons médiévaux. On pourra éventuellement regretter des personnages peu fouillés mais est ce si important dans cette forme de récit plutôt porté sur la morale et une poésie quasi sensorielle (saluons au passage les effets spéciaux réussis)? Merci à David Lowery pour ce joli moment!
Bone Tomahawk: Place maintenant à ce western cruel, craspect et novateur, matiné d’horreur (plus précisement de survival)! Porté par un casting solide (Russell, Wilson, Fox,…), ce métrage crépusculaire est scindé en deux parties: une pour présenter le groupe de cowboys partis rechercher les membres de leur ville enlevés par une tribu d’indiens locale, l’autre consacrée à la confrontation finale… beaucoup plus terrifiante que prévue (façon La Colline a des yeux)! Entre les deux, la tension monte crescendo dans cette première réalisation de S. Craig Zahler (également scénariste ici). Mais cela ne s’arrête pas là, Bone Tomahawk sait aussi distiller quelques touches d’humour bien senties et saisir la beauté des paysages pour proposer un film suprenant et contrasté. Bref, un sacré potentiel d’écriture (des personnages entre autres!) et de mise en scène pour une traque dans laquelle personne ne sortira indemne (ou… vivant)! Cela fait longtemps qu’un western n’était pas autant remonté aux sources du genre: la survie pure dans des terres inhospitalières!
Cold in July: Thriller vénéneux et lancinant généreusement teinté de polar, à placer quelque part entre A History of Violence, Drive et Twin Peaks, Cold In July a le mérite de nous emmener là où on ne l’attendait pas. Portée par le trio Hall, Shepard et Johnson, cette plongée dans les plus sombres recoins de l’âme humaine et d’une petite ville à priori sans histoire, même si elle n’est pas épargnée par quelques baisses de rythme et des ressorts parfois prévisibles, est une adaptation du roman éponyme de Joe R. Lansdale. Parsemé de touches d’humour et démontrant un sens évident de la mise en scène, le métrage de Jim Mickle est également un joli hommage aux vigilantes des années 1980.
Beaten to Death: Survival australien bien craspect servi par un pitch simple et une jolie photographie (certains plans sont magnifiques, tranchant avec la violence et le nihilisme du récit), Beaten to Death marque plus par sa forme (flashbacks, récit déconstruit, unité de temps) que véritablement son fond, finalement prévisible (à l’image de son final) et déjà vu ailleurs. Dur, gore, intense et poisseux au possible (je dois bien vous avouer qu’en vieillissant les métrages gore/snuffs/torture porn me filent de plus en plus la gerbe), ce qui ne devait être qu’un détour pour mettre un peu de beurre dans les épinards se transforme finalement en cauchemar sans fin dans l’outback pour Jack et sa femme. Servi par des maquillages réussis et des dialogues réduits au strict minimum, cette spirale infernale de violence sans concession signée Sam Curtain laisse sans voix! Mais comme dit plus haut, si c’est le genre de sensation forte que je recherchais quand j’avais vingt ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui, alors que j’approche des quarante… Quoiqu’aussi un peu longuet en y repensant, on saluera tout de même la belle prestation de Thomas Roach au passage!
Shin Godzilla/Godzilla Resurgence: Si on ne se focalise que sur la créature, ses mutations monstrueuses et le chaos qu’elle provoque, Shin Godzilla est sans hésiter un des meilleurs films de la franchise, avec des effets spéciaux impressionnants et un rythme effréné, tourné parfois caméra au poing (façon found footage). Seulement voilà, ce métrage tient également à nous montrer à tout prix la gestion de la crise par un groupe de politiques et de scientifiques installés à la hâte dans des bureaux tokyoïtes (façon huis clos). Et là, c’est verbeux à loisir, interminable, impersonnel (qui peut avoir de l’empathie et de l’intérêt pour ces innombrables têtes d’ampoule, franchement?) et ça dénote complètement avec le reste (quand ça ne sape pas totalement le rythme du film tout entier). Quelles sont les motivations du kaijū par exemple? Nous ne le saurons jamais… On appréciera par contre le retour aux sources avec l’élément atomique qui était bien passé au second plan au fil des nombreux opus ricains. Shin Godzilla, film bicéphale qui manque cruellement d’homogénéité donc et c’est plus que dommage vu son potentiel!
Aenigma: Après des années à savourer les meilleurs métrages de Lucio Fulci, il fallait bien que je m’attaque à sa (triste) fin de carrière. Rapide éclaircie dans des films bis de plus en plus fauchés depuis l’infâme Manhattan Baby, Aenigma sort (un peu) du lot grâce à quelques scènes inspirées (comment oublier celle des escargots ou celle du musée qui peut être, soyons fou, a inspirée l’idée centrale du Syndrome de Stendhal?), même si bien évidemment on est loin de la maîtrise visuelle et thématique de L’Emmurée Vivante, de L’Au Delà ou de L’Enfer des Zombies… Sorte de slasher fantastique teinté de giallo, coincé entre Carrie, Suspiria et Phenomena, cette histoire de vengeance pêche surtout par son visuel très daté 70’s et ses personnages clichés/peu fouillés incarnés par des actrices peu convaincantes (même si c’était de toute façon déjà le cas avec certains Fulci mémorables dès le départ du scénariste Roberto Gianviti). Dommage aussi de ne pas avoir plus joué sur la carte de l’ambiguïté entre la femme de ménage (je viens d’apprendre que c’est censé être la mère de Kathy, c’est dire si le pitch est mal branlé) et Eva Gordon, leur existence réelle et leurs liens avec Kathy! Ca aurait pu donner un tout autre climax! Ca se laisse tout de même regarder sans trop de peine!
Dellamorte Dellamore: Je profite des dernières publications consacrées à notre cycle « Zombie » pour revenir sur ce joyau encore trop méconnu qu’est ce film de Michele Soavi (assurément son meilleur)! Portée par un charismatique Rupert Everett (bien trop rare à l’écran), la sublime (et vénéneuse) Anna Falciet le regretté François Hadji-Lazaro, cette comédie noire sur un gardien de cimetière confronté à une épidémie de zombies au fond de l’Italie rurale alterne entre un cynisme de tous les instants et un surréalisme onirique que n’aurait pas renié Lucio Fulci ni même Jean-Pierre Jeunet! Oui, rien que ça! La photographie baroque et les effets spéciaux sont très réussis et certains plans méritent vraiment le détour! Adapté d’un roman et d’un fumetti de Tiziano Sclavi, le fatalisme dégagé par notre loser magnifique de héros et certains passages à mi chemin entre fantasmes et hallucinations fiévreuses permettent de hisser cette excellente série B parmi les (rares) films de mort-vivants dont vous vous souviendrez longtemps !
Suspiria:Il y a des réalisateurs qui aiment bien les défis! En acceptant le remake d’un des chefs d’oeuvre de Dario Argento (une des plus grosses claques artistiques de votre serviteur, au passage), Luca Guadagnino se met sacrément en danger car en dehors d’une fin kistch à souhait, le Suspiria de 1977 n’a pratiquement aucune faiblesse!
Et pourtant, le métrage fonctionne plutôt bien sur ses trois quarts (oui, la fin bisseuse à souhait qui arrive sans prévenir dans ce film à l’esthétique léchée fait vraiment tâche, sans doute un hommage au film originel vraiment dispensable), d’abord grâce à son casting féminin (Swinton, Moretz et Goth en tête mais vu leurs CV respectifs, on commence à avoir l’habitude!), son scénario à plusieurs niveaux de lecture (mais si pas exempt de lourdeurs… bien au contraire!) et son va et vient habile entre drame, thriller et fantastique. Et surtout, surtout, ce Suspiria là n’essaye ni de singer les décors baroques et l’ambiance psychédélique de son aîné ni de ressuciter le giallo. On est ici à Berlin à la fin des années 1970 et la grisaille est partout (merci le Bahaus!), tout comme les fantômes de la Seconde Guerre Mondiale. Le rock progressif venimeux des Goblins a laissé place à la bande-son minimaliste de Thom Yorke. Ici, plus de conte macabre et onirique mais bien une « initiation » ancrée dans la sinistre réalité. Et justement, quitte à rester à Berlin partahé en deux, l’ambiance insidieuse et le suspense croissant de Possession (film bien trop méconnu à mon goût) n’est pas bien loin! La poignée de passages ésotériques sont un autre atout du film, riches en symbolisme, quelque part entre Refn et Lynch, autant dire un véritable régal pour les yeux. Et que dire de la scène où Elena Fokina se fait malmener d’une façon particulièrement vicieuse? Jessica Harper fait un caméo, ce qui fait toujours plaisir. On regrettera par contre une longueur excessive (2h30 tout de même), la danse contemporaine qui me laisse plus que perplexe (n’étant pas du tout sensible à cette farce qu’est l’art contempourri), la profusion de personnages secondaires pas vraiment intéressants et Dakota Johnson qui est loin d’incarner une héroïne mémorable. A voir si le film a été charcuté au montage, ce qui ne serait pas étonnant vu le rendu final! Dommage, vraiment dommage pour ce remake courageux et inspiré!
Dracula et les femmes/Dracula has risen from the grave: Quatrième Dracula de la Hammer, auquel incombe la lourde tâche de succéder au sublime Dracula, Prince des Ténèbres sorti deux ans avant, Dracula et les femmes s’avère être un opus plutôt original et moderne (avec une thématique sur le conflit générationnel et religieux plutôt bien amené) mais bien moins efficace que ses prédécesseurs (malgré une violence revue la hausse)! Christopher Lee est de nouveau de la partie (lui qui voulait ne pas rempiler après Le Cauchemar de Dracula…) mais il n’y aura pas de Van Helsing pour lui tenir tête cette fois ci! C’est Freddie Francis (un autre réalisateur culte de la Hammer) qui remplace ici TerenceFisherau pied levé et nous gratifie de beaucoup de scènes en extérieur… et surtout d’un excellent travail sur les couleurs (qui donnent lieu à quelques moments de poésie)! Les décors sont sublimes, comme d’habitude mais plusieurs défauts et incohérences commencent déjà à entâcher la saga (ce métrage ayant subi pas mal de coupes au montage)… Dracula, muet dans l’opus précédent, se remet à parler, perdant du coup beaucoup de son aura animale. De la même manière, on ne comprend pas pourquoi le célèbre comte choisit d’assouvir sa vengeance sur la nièce de l’exorciste (hormis pour le quota de décolletés généreux, bien sûr) et pas sur ce dernier directement (t’es le Prince des Ténèbres ou quoi?). La scène de résurrection de Dracula semble elle aussi bien forcée (pourquoi deux prêtres iraient se taper deux heures de marche dans les montagnes alors que le Comte est mort depuis belle lurette?). A l’image de cette saga où on ne cesse de convoquer le cadavre du plus célèbre des vampires (et son interprète) jusqu’à la lie… Le bon jeu d’acteurs et l’écriture de certains personnages (comme le prêtre sbirifié) viennent néanmoins contrebalancer un peu la chose. Hélas, on est déjà à la fin des sixties, la Hammer commence à manquer d’inspiration et avec la sortie de Rosemary’s Baby et La Nuit des Morts Vivants aux USA, le public va vite avoir envie de films d’épouvante plus modernes et réalistes…
Alien: Covenant:Terminons notre rétrospective Alien (on se réservera l’opus originel pour le cycle Lovecraft, les amis) avec l’infâme Covenant, suite directe de Prometheus, qui cette fois ci revient dans l’univers d’Alien tout en continuant ses questionnements créationnistes… puisque Ridley Scott est encore à la barre (et je pense qu’on peut dire que c’est déjà le début de la fin du Monsieur quand on voit la suite de sa filmo).
Vous vous rappellez quand je disais que Prometheus semblait émaner d’un Ridley Scott le cul entre deux chaises? Hé bien cette fois ci, les fans ont gueulé tellement fort qu’il a décidé d’intégrer des xénomorphes dans cette suite mais en continuant encore plus fort ses délires mystico-religieux (comme les nombreuses références à la Bible) avec un scénario encore plus au rabais! Vous vous rappellez des personnages tellement mal écrits et cons de Prometheus qu’il fallait avoir le script sous les yeux pour comprendre leur rôle dans la mission? De la logique incompréhensible dans la gestation des monstres? De la mégalomanie croissante de David? Hé bien prenez tous ces ingrédients, mettez les potards à fond et vous obtiendrez ce Covenant… qui réussit même le pari de contredire son aîné, pourtant réalisé par le même gus. Oui, oui! Si ce métrage était un troll, ça serait du génie! Alors oui, on pourrait toujours parler de sa photographie splendide (que l’on soit dans l’espace, la nature ou les ruines des Ingénieurs), de ses thématiques intéressantes (mais toujours peu subtiles devant la caméra de Scott) qui tentent de renouveller l’univers, du personnage de David (le grand méchant du métrage même si ce n’est jamais totalement assumé) et de son cynisme, de ses expériences gigeriennes (merci les scènes coupées), de la gestion du rythme et… c’est à peu près tout! Même la fin est téléphonée et la présence des xénomorphes paraît complètement factice (même si les néomorphes n’ont pas grand chose de convaincant) au vu de leur faible présence à l’écran!
Ayant vu le film à sa sortie en salles, je n’arrivais pas à le relier ni à la saga ni à Prometheus… je comprends mieux pourquoi aujourd’hui! Ce métrage est un véritable catalogue d’incohérences facilités scénaristiques et scientifiques ponctuées de quelques hommages lourdingues aux autres opus! Encore une fois, seul Fassbender s’en sort bien mais comme c’est le seul acteur connu (à l’exception d’un caméo de Pearce et de Franco) et omniprésent du film… Si l’on doit chercher une filiation à Covenant, elle a plutôt du côté de Blade Runner (il est d’ailleurs marrant de se dire que les seuls chefs d’oeuvre de Ridley Scott soient écrites par d’autres) sauf que… c’est hors sujet pour un film se rattachant à la saga. Il serait d’ailleurs à peine exagéré que de voir le réalisateur projetter ses névroses sur l’androïde: l’un méprise la saga et son public (un grand merci à la Fox de lui avoir donné quartier libre d’ailleurs) pendant que l’autre se prend pour Dieu, décimant humains et Ingénieurs sans le moindre remords (et surtout sans raison), façon Chute de Rome. Et il n’y a qu’à voir ses derniers films pour constater que clairement, Monsieur Scott se moque de tout, y compris du réalisme historique. Côté suspense, le film n’a pas grand chose d’horrifique puisque les tensions sont trop vite désamorcées (de toute façon, on se fout autant des personnages secondaires que de l’héroïne principale). La véritable question à vous poser est la suivante: avez vous réellement envie de subir un métrage de deux heures qui vous apprend qu’un androïde complexé a créé une des créatures les plus terrifiantes du cinéma d’horreur/SF simplement par ce qu’il en avait le pouvoir (oui, la même que l’on voit pourtant dans une sculpture du film précédent mais… passons)? Souhaitez vous assister à un métrage encore moins digeste que Prometheus qui ne répondra à aucune de vos réponses? Moi… non! Dire qu’on a annulé le Alien 5 de Neill Blomkamp (pourtant je suis loin d’être fan de son univers) pour ça… La seule bonne nouvelle est que l’échec du film a fait annuler le projet d’un troisième film par Ridley Scott himself! Ouf!
Bref, vous l’avez compris, il n’y a pas grand chose à sauver de ce film qui enterre à la fois la saga Alien et les rares spectateurs qui auront vu le génie de Prometheus! Et c’est comme ça que Covenant se paye le luxe de se placer entre Aliens (opus dispensable et pourtant oh combien meilleur que ce Covenant) et Alien Romulus, soit parmi les pires films de la franchise, c’est fort!
La Nuit a dévoré le monde: Jolie petite curiosité française que voici, pas prétentieuse pour deux sous mais qui a le mérite de proposer quelque chose d’un peu différent! Adapté du roman de Pit Agarmen (pseudonyme de Martin Page), narrant la survie d’un habitant d’immeuble dans un Paris post-apocalyptique envahi d’infectés (soit un scénario de départ qui vous rappellera forcément 28 Jours plus tard ou encore Je suis une légende), La Nuit prend le temps de poser son ambiance pour rendre cette aventure palpitante et crédible. Je dois dire que l’aspect survie, au centre du récit, est plutôt bien retranscrit, entre le renforcement de « l’abri », la recherche de rations, le manque de liens sociaux,… Un film plutôt subtil et minimaliste, bien que pas exempt de défauts, qui montre bien la solitude et la paranoïa qui guettent son personnage principal dans son quotidien!
Note: Solide
Les Maîtresses de Dracula: Soyons clair d’emblée, il n’y a pas plus de Christopher Lee (ne souhaitant pas se cantonner au registre horrifique) que de personnage de Dracula dans ce film et… finalement tant mieux car ça en fait un métrage original et appréciable! Les décors, gros point fort de ce métrage, sont splendides comme à leur habitude. La musique, signée Malcolm Williamson (compositeur qui fera également les OST de Crescendo et Les Horreurs de Frankenstein) est également fort sympathique. Avouons tout de même que cet opus est plutôt sage question sexe et violence. Mais ne boudons pas notre plaisir, on y retrouve de vieilles trognes comme Terence Fisher derrière la caméra et Peter Cushing incarnant à nouveau le Docteur Van Helsing, accompagnées d’une belle brochette d’acteurs (David Peel, Martita Hunt, Freda Jackson). Les scénaristes se sont permis quelques variations bienvenues sur la thématique (déjà bien usée) du vampirisime. Au final, si ce second volet souffre d’une chose, c’est de la logique d’exploitation qui a voulu l’intégrer à tout prix dans la saga des Dracula alors qu’il a autant de liens avec elle que la trilogie Karnstein! Quand à la fin… comment dire, elle change un peu car la façon pour le moins abrupte dont la Hammer avait coutume de conclure ses récits commençait à devenir un véritable running gag!
Pearl: On a déjà abordé le cas de X et de Maxxxine ici, il est donc temps de refermer la boucle! Préquelle à X, Pearl est clairement le métrage le plus original de la trilogie, du moins celui qui s’écarte le plus des codes des films d’horreur et de leurs décennies phares (70’s et 80’s donc). Encore une fois porté par une Mia Goth en grande forme, le film revient sur la jeunesse de cette Pearl légèrement bipolaire, ce qui permet de mieux appréhender ses tendances meurtrières dans X. Avec un superbe visuel renvoyant aux films en technicolor trichrome (alors que le film est censé se dérouler vingt ans plus tôt) et un aspect conte macabre quelque part entre les premiers Tim Burton (ses meilleurs… au passage) et les comédies musicales comme Le Magicien d’Oz (la scène de l’épouvantail n’est pas là par hasard), nous suivons donc le personnage, ses envies de gloire et d’ailleurs, coincé dans un Texas rural dans l’attente de nouvelles de son mari, parti servir les USA pendant la Première Guerre Mondiale. Entre une mère rigoriste entièrement dédiée à son mari gravement infirme, une sévère tendance à ne plus canaliser ses frustrations et à se réfugier dans son imaginaire pour mieux supporter le réel, les tueries ne vont pas tarder à s’enchaîner. Oui… le plus gros défaut du film est de pas avoir su éviter certains clichés (même si on a vu pire concernant les maladies mentales), ce qui a mon sens nuit à la crédibilité du personnage mais renforce du même coup le surréalisme morbide qui émane de la pellicule (à l’image de son dernier plan), entre images léchées et le drame qui précède les massacres en règle. En somme, un film audacieux sur des pans encore peu explorés par le genre (comme dans X finalement) mais dont les influences ne me parlent pas spécialement… Dommage!
Tusk: « Viens voir chérie, The Human Centipede nous a enfin fait des petits! » Voilà quelle a été ma réaction en lisant le pitch absurde (idée issue d’un des podcasts du réal) de cette comédie horrifique laissant la part belle au body horror! Et ma foi, ce délire foufou ne fonctionne pas trop mal grâce à un joli casting (où l’on retrouve Haley Joel Osment) et un réalisateur qui a déjà fait ses preuves: Kevin Smith. Nous avons aussi droit à Johnny Depp dans un rôle succulent qui semble taillé sur mesure pour l’animal! Les changements de tons comédie-drame et l’enchaînement calvaire-enquête sont plutôt bien amenés. Mon seul regret est la vitesse avec laquelle les odieuses expérimentations de Howe (bluffant Michael Parks) avancent, on a du mal à ressentir autre chose qu’un juste retour du karma pour l’odieux personnage interprété par Justin Long. Le ton comique général et l’envie de ne pas se retrouver avec une interdiction pour les moins de 16 ans, j’imagine, même si les plans dérangeants sont réussis! Les effets spéciaux sont réussis et je trouve que certains plans ne sont pas dénués d’une certaine poésie morbide (mais je crains que mon cerveau malade ne soit plus vraiment objectif sur le sujet ah ah), le tout formant un regard plutôt pessimiste sur l’humanité! On salue dans tous les cas la prise de risque punk que constitue ce film!
The Witch: Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins: en plus d’avoir révélé la jeune Anya Taylor-Joy et le réalisateur Robert Eggers, son premier long métrage est un véritable petit bijou esthétique de folk horror vintage…à condition d’être dans le bon mood pour l’apprécier! Thriller/drame psychologique (plus que véritable film d’épouvante) se déroulant dans un famille de colons en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle, The Witch va prendre un malin plaisir à brouiller les pistes pour mieux perdre le spectateur: récit déconstruit et austère, flashbacks multiples, rythme lent, ambiance poisseuse, suffocante et contemplative (j’ai pensé plusieurs fois à Antichrist),… Si bien qu’à la fin, nous n’avons plus de certitudes, juste des suppositions sur qui (ou quoi) s’acharne sur cette famille de paysans bannis à la lisière de bois maudits! Explorant les thématiques des liens familliaux, du bouc émissaire, du deuil, de la paranoïa, de la religion, de la possession, de la place de la femme, de la peur et des fantasmes (oui, rien que ça), ce film montre déjà une bien belle maîtrise de la réalisation, de sa direction d’acteurs, de l’esthétisme (ici, les peintres néerlandais du XVIIe siècle et leur fameux clair-obscur) et même du symbolisme indispensables à tout bon conte de folk horror!
Dagon: Voilà un film de Stuart Gordon qui, malgré son petit budget, s’attache à rendre hommage à l’oeuvre originelle de H.P. Lovecraft (certainement une des ses meilleures nouvelles, au passage), son ambiance poisseuse et dégénérée! Un métrage qui, comme souvent avec ce réalisateur (passablement traumatisé par les écrits du Maître de Providence, tout comme son compère Brian Yuzna) a autant de qualités que de défauts mais qui se montre toujours généreux, comme avec ses scènes les plus explicites! Puisque, oui, on ne va pas se mentir, le (sur)jeu d’acteurs (Ezra Godden n’était clairement pas le meilleur choix pour le héros principal) et les effets spéciaux au rabais piquent bien les yeux par moments… mais on est en plein cinéma bis (pour ne pas dire plus) en même temps! On pourrait aussi lui reprocher un rythme un peu trop lancinant (même si pour le coup, c’est un choix complètement lovecraftien). Quoi qu’il en soit, ce Dagon transpire tellement le respect et la passion de son matériel originel qu’il reste à conseiller à tous les passionnés d’indicible! Et puis, disons le clairement, les bonnes adaptations de Lovecraft (cela fera d’ailleurs certainement l’objet d’un futur cycle thématique) se comptent tellement sur les doigts de la main qu’on ne va pas se faire prier! A noter que le titre n’a rien à voir avec la nouvelle de Lovecraft (parue d’ailleurs bien avant son cycle sur le Mythe de Cthulhu mais qui peut y être attachée au vu de sa thématique).
(Retranscription améliorée du podcast #1 d’octobre 2020)
Drôle succès que celui de la figure du zombie! Elle qui n’intéressait que cinq à dix réalisateurs par an depuis La Nuit des morts-vivants a littéralement envahi le grand écran durant les décennies 2000 et 2010 (plus de 150 films recensés sur cette période, soit une vingtaine par an au plus fort de la « zombie mania »). Quasimment boudée durant les 70-80’s alors que le cinéma d’exploitation se focalisait sur les cannibales, les slashers, les nazis (si, si), les rape & revenge, les vigilantes et les giallo, souvent à grands coups de gore et de sexe gratuits, le zombie menait sa petite vie et ne semblait intéresser que de rares réal comme Lucio Fulci et Amando de Ossorio. Avant de faire un retour fulgurant dès 2002! Et si le soufflet retombe dès 2014-2015, l’intérêt qualitatif de ces films, lui, fut évidemment très discutable. Alors que la figure du zombie s’imposait partout comme un élément de pop culture, des zombie walk aux vitrines de magasin en passant par les jeux vidéos, retour (rapide) sur cinq films majeurs et qualitatifs de la décennie 2000!
28 Jours plus tard (2002, Danny Boyle): Un des films qui a sans doute lancé la grande « zombie mania »! Son principal intérêt réside dans le réalisme de l’aspect survie et post-apocalyptique de grande ampleur (on est pourtant des années avant Je suis une légende et The Walking Dead) qui occupe une bonne moitié du film. Hélas, l’autre partie plombe totalement le film en empilant les clichés et les non sens pour accentuer son côté action…comme beaucoup de films de survie manichéens. On sauvera juste l’apparition d’une nouvelle forme de zombie: l’infecté, plus rapide et vorace que son cousin made in Romero!
REC (2007, Jaume Balagueró et Paco Plaza): Voici un film qui, au delà de proposer un métrage nerveux et ingénieux d’infectés (encore peu fréquents à l’époque), a aussi relancé la mode du found footage, peu de temps avant Cloverfield et quelques mois après Paranormal Activity ! On n’évite pas hélas les clichés propres au found footage/cinéma d’horreur: héroïne insupportable qui hurle pour rien, cadrage tellement aléatoire par moments que le vomi pointe le bout de son nez, caméra incassable et j’en passe! Mais j’ai rarement vu un métrage aussi bien maîtrisé en terme d’immersion et de tension! Aucune idée de ce que valent les suites par contre…
Pontypool (2008, Bruce McDonald): Assurément, le plus original des films présentés ici! Un huis clos bien rythmé et réaliste, mettant en scène un postulat simple mais audacieux (et peut être, c’est vrai, trop peu cinématographique pour permettre aux spectateurs de rentrer dans le film dès le départ) sur la façon dont l’épidémie se propage. Il m’a fallu deux visionnages pour l’apprécier et analyser totalement la chose mais c’est justement ce type d’ovnis qui redonne espoir dans le genre! Pontypool risque bien de vous tenir en haleine jusqu’au bout!
Bienvenue à Zombieland (2009, Ruben Fleischer): Sympathique comédie bien rythmée et inventive sur la thématique zombie (tentative déjà lancée avec Shaun of the Dead en 2004), menée par une belle brochette d’acteurs et présentant un dosage idéal entre humour, action et gore. On peut reprocher au film de manquer un peu de fond mais il s’agit d’une première réalisation et pris comme un pur divertissement, il fait très bien le taf! Dernier train pour Busan utilisera d’ailleurs plus ou moins la même recette avec succès quelques années plus tard. Embarquez donc pour ce road trip déjanté!
The Walking Dead (2010-2022, Frank Darabont): Voilà une série qui a su faire rentrer l’horreur zombie dans beaucoup de foyers! Scénarisé initialement par Darabont (oui, celui qui a su adapter Stephen King au cinéma), TWD est une belle réussite en terme de rythme, d’écriture des personnages et d’effets spéciaux. La première saison est même un modèle de réalisme question survie. Hélas, comme beaucoup de séries à succès, elle se perd dans un nombre excessif de saisons (dont une sur deux est franchement moyenne passé les trois premières), d’épisodes et de personnages… la qualité et le rythme des intrigues ne suivant pas! Personnellement, j’ai décroché dès la sixième mais on peut tout de même saluer l’effort de proposer un récit différent de celui des comics originels.
D’ailleurs, vous êtes vous seulement demandé pourquoi la figure du zombie intéressait autant? Tout simplement parce qu’il est le monstre moderne le plus proche de nous. Il n’a donc aucun mal à réfléter nos angoisses, nos tabous, nos peurs (à commencer par celle de l’aliénation, de la maladie ou de la mort) mais aussi nos sociétés actuelles dans ce qu’elles ont de plus laid, de plus malade! Ce que d’ailleurs Romero ne se privait pas de faire dès qu’il a su extirper la créature de ses racines vaudous! Hélas peu de métrages récents exploitent cet aspect du zombie, lui préférant le gore, le sensationnel… bref, du divertissement pur et dur!
Maintenant qui blamer pour ces deux décennies de films navrants? Les spectateurs aux goûts souvent discutables? Les producteurs peu scrupuleux? Les réalisateurs fainéants sans trop d’originalité? A l’instar de l’éternelle question de l’oeuf et de la poule, tant qu’il y aura des cons pour aller voir des nulleries au cinéma… ne vous étonnez pas de voir le cinéma de genre régulièrement pollué par ce genre de propositions (comme au pif, World War Z), lui qui fonctionne désormais par effets de mode. C’est entre autres pour cela que l’on ne s’attarde pas sur les mauvais films et les nanars sur ce blog: il y a bien assez de tri à faire parmi les sorties hebdomadaires pour dénicher de rares pépites. Alors autant s’épargner les métrages dont l’affiche a déjà une odeur suspecte!
Et si après ce petit dossier, vous avez encore faim (de chair fraîche), voici mon top 10 personnel des films de zombies… bien rétro, bien bisseux!
La Nuit des Morts-Vivants (George Romero, 1968): Le film qui a véritablement ouvert le bal des zombies modernes et qui n’a pas perdu de sa force thématique au fil des années!
Dawn of the Dead/Zombie (George Romero, 1978): Film bien plus politique et avant gardiste qu’il n’y paraît! Jetez aussi un coup d’oeil à son superbe remake survitaminé L’Armée des Morts (Zack Snyder, 2004)!
L’Au-Delà (Lucio Fulci, 1981)… Tentez d’ailleurs son Frayeurs, dans la foulée (1980): On consacrera de toute façon un dossier à ce réalisateur hélas sous-estimé mais aux ambiances uniques!
Le Jour des Morts-Vivants (George Romero, 1985): Le dernier grand film du réal sur le sujet… avant qu’il ne commence à salement radoter!
Simetierre (Mary Lambert, 1989): Correcte adaptation d’un des meilleurs romans de Stephen King, plus sobre que les autres films de ce top mais néanmoins marquante dans ses thématiques!
Dellamorte Dellamore (Michele Soavi, 1994): Pépite méconnue et variation onirique sur la thématique zombie, on va d’ailleurs se revoir le film ensemble!
I, Zombie: The Chronicles of Pain (Andrew Parkinson, 1998): Pépite quasi inconnue du public de genre qui a déjà fait l’objet d’un podcast et dont on va reparler prochainement.
Planet Terror (Robert Rodriguez, 2007): Parce que quand on pense exploitation assumée, zombies, punchlines et fun, c’est le film parfait! Avec un succulent casting à la clé!