Bisseries: Le Solitaire (1981), La Chose Derrière la Porte (2023)

Mmh tout compte fait, on va reprendre les publications ici plus tôt que prévu… mais ne vous attendez pas à une grosse régularité jusqu’à janvier-février…

Le Solitaire/Thief : Plongez dans le Chicago des eighties avec ce premier long métrage de Michael Mann ! Un thriller poisseux et réaliste où les rapports entre voyous et flics sont légèrement plus flous qu’on ne le pense et les rédemptions ne se passent jamais comme prévu (façon L’Impasse). Servi par une belle mise en scène et une jolie distribution (le couple James Cann/Tuesday Weld en tête), cette adaptation du roman The Home Invaders (narrant l’histoire d’un braqueur solitaire aspirant à raccrocher les gants) est de ces métrages oubliés qui ne payent pas de mine sur le papier mais dont la strcture même est faite en sorte que vous n’en sortiez pas indemne. Impossible de ne pas penser à Drive, tellement Refn multipliera les points communs/hommages… jusque dans sa bande-son électronique (ici, ce sont les excellents Tangerine Dream qui s’en occupent). Un premier film qui, comme souvent, contient en germe les thématiques à venir du réalisateur dont le métrage suivant, Manhunter, sera dans la même veine !

Note : Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0083190/

La Chose derrière la porte : Les bons métrages inspirés par l’univers de Lovecraft, c’est comme les bonnes adaptations des romans de Stephen King, généralement c’est si rare qu’on n’a pas forcément envie de les garder pour soi ! Ici l’histoire est plutôt simple : une veuve tente de ramener à la vie son mari décédé dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Un acte qui aura bien sûr des conséquences… Outre la prestation étonnante de Séverine Ferrer (un nom qui parlera forcément aux gens de ma génération qui ont grandi en regardant M6), c’est avant tout dans son visuel et ses ambiances que ce premier long métrage de Fabrice Blin marque les esprits : on navigue entre onirisme, fantasmes, hallucinations (façon Lucio Fulci) avec un sentiment de paranoïa grandissant ! Outre la très jolie photo, il faut bien reconnaître que l’on a là un film très honnête au vu du scénario qui annonçait un déroulé plutôt prévisible ! Petit budget oblige, la sobriété est de mise, dans les dialogues (au moins on évite le pathos insupportable de beaucoup de films français) comme dans les effets spéciaux (très corrects), ce qui renforce la bizarreté contemplative, la solitude et le basculement vers la folie de l’héroïne! Le film convoque également d’autres œuvres phares du genre comme Evil Dead, Re-Animator, Invasion of the Body Snatchers et bien évidemment la zombiexploitation italienne de la grande époque (plutôt le genre de came qu’on aime ici bas), le tout saupoudré de folk horror. Et même un peu de The Last of Us pour ceux qui auront la réf’ (bon, c’est pas The Hallow non plus mais tout de même)! Ca sent l’amouteux de genre, tout ça! On appréciera aussi le rythme lancinant (raccord avec la mise en scène), les décors/costumes et la bande son (Raphael Gesqua) réussis qui font de ce semi-huis clos rural et fantastique… une jolie bizarrerie française à découvrir!

Note : Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt10340360/

Bisseries: You’ll Never Find Me (2023), La Sentinelle des Maudits (1977)

On a clairement pris du retard sur l’avancée de nos cycles Hard SF et Conspiracy Thrillers tandis que la « révision » des anciens articles touche à sa fin alors pour vous faire patienter et parce qu’une pause (bien méritée) va s’imposer dès le mois de mai, je vous propose une poignée de bisseries supplémentaires vues il y a quelques mois/années…

You’ll Never Find Me: Petit huis clos rondement mené (autant dans sa gestion du suspense que sa mise en scène) et sans prétention, You’ll Never Find Me est porté par un joli couple d’acteurs inconnus au bataillon (Brendan Rock et Jordan Cowan). Le synopsis est pourtant des plus basiques: un soir d’orage, une jeune femme demande de l’aide à un hermite vivant dans un chalet … mais il semblerait qu’elle n’est pas poussé la bonne porte… Et pourtant, Josiah Allen et Indianna Bell (dont c’est le premier long métrage) propose un thriller paranoïaque soufflant le chaud et le froid parsemé de moments intimistes, de quelques notes d’humour bien senties ainsi que de sacrés moments d’hallucination. Seul défaut, une longueur excessive et un rythme parfois trop distendu. Et une fin finalement un peu prévisible aussi, c’est vrai! Mais ne boudons pas notre plaisir, ce quatuor là a du potentiel!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt22023218/

La Sentinelle des Maudits: Dans la série des thrillers fantastiques bien poisseux des seventies, je demande La Sentinelle des Maudits! Bénéficiant d’une distribution impressionnante (Raines, Sarandon, Balsam, Wallach, Caradine, Goldblum, Walken et j’en passe), le métrage de Michael Winner se distingue effectivement par son rythme lancinant et une atmosphère paranoïaque/malsaine subtile à classer entre Rosemary’s Baby et Les Autres (qui, et je l’apprends en rédigeant ces lignes, est également inspiré du même roman de Jeffrey Konvitz). Plutôt original donc, ce récit d’une top model emménageant par hasard dans un immeuble qui renferme le secret d’une machination religieuse, même s’il a notablement vieilli (particulièrement son final) malgré des maquillages et effets réussis/généreux. Un film qui reste longtemps en tête car sa force d’évocation, bien aidée par une bande originale efficace (signée Gil Mellé), elle… a très bien traversé les âges!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0076683/

A l’affiche: Mad God (2021), Oppenheimer (2023)

Mad God: On ne peut pas parler de ce film sans évoquer sa génèse improbable: un tournage commencé au début des années 1990 qui sera relancé près de vingt ans après grâce à un financement participatif. Son réalisateur? Phil Tippett, un vieux briscard responsable (entre autres) des effets spéciaux sur les deux premiers Star Wars, le second volet d’Indiana Jones, Willow, la saga Robocop, Jurassic Park, Starship Troopers (pas de liens, démerdez vous un peu!) … rien que ça! Le résultat? Un univers SF/horreur délicieusement cauchemardesque et nihiliste (où l’on oscille entre les horreurs post-apo d’un champ de bataille, le steampunk pur et dur, la géniale dystopie Brazil, et les laboratoires de « scientifiques » dérangés façon Mengele) tout en stop motion (d’où les galères financières), entrecoupé de quelques séquences oniriques et avec de vrais acteurs. Néanmoins, il est clair que ce second long métrage (en réalité la fusion de trois courts métrages) souffre des défauts propres au cinéma expérimental: tout n’y est pas bon à prendre, il y a parfois du remplissage, des incohérences, quelques longueurs et lourdeurs mais la folie créative et l’absence de dialogue rendent le tout suffisament intrigant/fascinant pour aller jusqu’au bout! Et permettra au moins à chacun d’y aller de son interprétation!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt15090124/

Oppenheimer: Disons le d’emblée, ce n’est pas le pire film de Nolan (en même temps, quand tu succèdes à Tenet…) mais contrairement aux critiques enthousiastes que l’on peut lire un peu partout sur le web, je trouve qu’Oppenheimer montre une fois de plus les défauts récurrents du réalisateur, comme sur ces deux métrages précédents. A commencer par son côté indigeste qu’une durée totale de deux heures aurait sans doute permis d’éviter. Les personnages sont trop nombreux, ce qui rend bien soporifique l’intrigue politique dans son derniers tiers. Trop de dialogues aussi d’une façon générale. Comme si ce réalisateur, réputé pour sa mise en scène et sa dévotion pour des thématiques purement scientifiques/philosophiques, avait de moins en moins confiance en ses concepts, noyés dans une formalité bien dispensable! Et si Tenet tenait à surexpliquer son concept même, Oppenheimer, lui, noie le spectateur sous une complexification inutile du récit et un rythme effréné (même si on comprend bien que la forme et le fond ne doivent faire qu’un dans l’esprit du britannique). Malgré tout, il faut bien reconnaître que le métrage offre quelques moments de bravoure visuelle… parfois magnifiquement portés par la musique de Ludwig Göransson (on pense à la séquence d’introduction, le test Trinity ou encore les hallucinations lors du discours,…) et un casting impressionnant (Blunt, Damon, Downey Jr, Hartnett, Pugh et tant d’autres!) qui livre de jolies performances, à commencer par Cillian Murphy (acteur encore trop sous-estimé) dans le rôle titre, torturé dans le privé comme dans ses « oeuvres » (et vu les conséquences de ses travaux… on le comprend). La forme même du film (visiblement inspiré par Le Miroir de Tarkovsky), entre biopic, panorama de l’Amérique au milieu du XXe siècle, drame et thriller (à la fois psychologique et politique), mélangeant plusieurs lignes temporelles, vaut le coup d’oeil. Il n’en reste pas moins que c’est encore un film mitigé pour Christopher Nolan, définitivement enfermé dans le too much!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt15398776/

A l’Affiche: Mars Express (2023), Juré n°2 (2024)

Mars Express: C’est tellement rare qu’un animé français (de science-fiction qui plus est) fasse date aux yeux du public! Il était donc grand temps de rattraper ce Mars Express! Cette oeuvre est la première réalisation de Jérémie Périn, le créateur de la série animée Lastman, aidé ici par Laurent Sarfati au scénario. Thriller futuriste et néo-noir passablement influencé par Blade Runner, Métal Hurlant, Ghost in the Shell et Terminator 2 (oui, oui, rien que ça), servi par un dessin épuré mais efficace, le métrage accroche le spectateur autant par la vision plutôt dystopique… mais hélas crédible qu’il propose (une société où l’homme a colonisé Mars et dans laquelle androïdes et robots sont omniprésents) que son histoire (un duo d’enquêteurs chargés de retrouver une étudiante en cybernétique qui pourrait changer l’avenir). Ce n’est certes pas le premier film à aborder la thématique de la révolte/prise de conscience des IA/robots sur fond de société hyper-technologique, urbaine et décadente mais ce Mars Express le fait admirablement bien, entre poussées de violence, corruption des institutions et final poétique à souhait. Il semblerait qu’il ait même très bien digéré ses influences! Un animé riche et bien rythmé, qui, en définitive, parle autant de nos maux modernes que de notre potentiel futur!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt26915336/

Juré n°2: On le sait, les thématiques américano-centrées, humanistes et morales parsèment la carrière du réalisateur Clint Eastwood. C’est encore ici le cas avec ce père de famille qui, ironie du sort, se retrouve jury lors d’une affaire judiciaire dans laquelle il découvre qu’il est personnellement impliqué. Thriller dramatique porté par d’excellents acteurs (Tony Colette surclassant Nicholas Hoult, à mon sens), un sens du rythme et de la mise en scène (classique mais efficace, comme d’habitude) mais également une jolie photographie, ce film est clairement une des plus belles surprises de 2024. Evidemment, avec un tel synopsis, le spectateur peut facilement se mettre dans la peau du personnage principal et son dilemme moral de taille. Si Eastwood a eu l’intelligence de parsemer ce huis clos mental de quelques scènes d’extérieur, Juré n°2 évite aussi les lourdeurs et le pathos inutile en dosant les flashbacks et les moments consacrés à la famille du héros (saluons donc Jonathan A. Abrams au scénario. Le principal reproche que j’aurais à faire est de ne pas avoir poussé l’ambigüité de cette « surprise » jusqu’à la fin du métrage, ce qui aurait conduit à un twist final d’autant plus puissant. Quoiqu’il en soit, un bon film sur une institution malade! Mais contrairement au Cas Richard Jewell (qui lui aussi parlait de justice), le métrage ne laisse pas sur sa faim! Vu les naufrages récents des réalisateurs d’un certain âge, on ne va certainement pas bouder notre plaisir pour cet ultime film du grand Blondin!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt27403986/

A l’affiche: The Killer (2023), Nosferatu (2024)

The Killer: Cela fait bien longtemps que je n’avais pas vu un film récent de Fincher (hormis le Millenium chroniqué sur ce blog)… et vu les déceptions consécutives qu’ont été pour moi Gone Girl et The Social Network, il faut bien avouer que j’y suis un peu allé à reculons! On suit ici le quotidien d’un tueur à gages (jusque dans ses moindres pensées)… jusqu’à l’échec d’une de ses missions qui incitera ses employeurs à se retourner contre lui! Superbement illustré par la musique des Smiths (faut il encore les présenter?), sa photo délavée et grisonnante, des cadres variés (Paris, République Dominicaine, Nouvelle Orléans, Floride, New York, Chicago) et quelques touches humoristiques bienvenues, ce métrage prouve une fois de plus le talent de Michael Fassbender (et de Tilda Swinton parallèlement), parfaitement à l’aise dans ce rôle clinique et un brin paranoïaque (on pensera forcément à Delon dans Le Samouraï), qu’il soit en mission… ou en mode réglement de comptes! Visiblement, beaucoup de spectateurs (aux cerveaux déglingués par la dopamine, je ne vois que ça) n’ont pas aimé le film, surpris par la simplicité de son intrigue, le rythme lancinant et son personnage principal impassible. Peut être parce que c’est plus réaliste? Pas le meilleur Fincher mais pour une production Netflix, c’est plus que correct et prenant!

https://www.imdb.com/fr/title/tt1136617/

Note: Solide

Nosferatu: Adorant le Nosferatu originel (pour moi, le classique de vampires par excellence, la folie expressionniste en plus) et l’univers de Robert Eggers, j’avais beaucoup d’attentes sur ce film. Et le gazier, une fois de plus, m’a conquis! Piochant à la fois dans le film de Murnau, son excellent remake par Herzog (surtout) et le Dracula de Coppola (le plus faible de tous à mon sens), le réalisateur respecte la trame principale de ses prédécesseurs tout en offrant un superbe cadre gothique (à la lumière bleutée omniprésente) infusé de thématiques nouvelles, à commencer par celle du désir féminin et une version plus horrifique d’Orlock. Porté par un casting solide (à commencer par Lily-Rose Depp et Bill Skarsgard, méconnaissable en Comte Orlock) et une mise en scène au poil, le film se permet même de jolis moments d’effroi grâce à une excellente BO (le passage du carrosse dans les bois, putain) ! Si je craignais le plagiat de certaines scènes cultes, Eggers a eu l’intelligence de leur rendre hommage tout en proposant de subtiles variations. Largement infusé de romantisme et de tragédie, ce Nosferatu met clairement en avant le personnage d’Ellen (tout en ambiguïtés, loin du personnage naïf des précédents opus) et pousse plus loin la dimension sexuelle du vampire, ce qui n’est franchement pas pour me déplaire. Beaucoup (toujours les mêmes pisse-froids évoqués au dessus) ont pointé du doigt que ce remake n’apportait rien au mythe, on attend donc que ces gens passent derrière une caméra pour sublimer un film de plus de 100 ans, qu’on rigole un peu… On leur accordera toutefois une longueur pas tout à fait nécessaire. Pour ma part, Robert Eggers vient de confirmer une fois de plus qu’il était le nouveau patron de l’épouvante/horreur (mais vu ses influences… est ce si étonnant?)!

https://www.imdb.com/fr/title/tt5040012/

Note: Pépite

Bisseries: Alien, la Résurrection (1997), Late Night with the Devil (2023)

Alien, la Résurrection: Il est vrai qu’entre le suicide d’Ellen Replay dans Alien3 et Jean Pierre Jeunet qui hérite du projet alors qu’il est le quatrième choix de la Fox (on parlerait même de David Cronenberg)… ce métrage a tout du film de trop sur le papier! Heureusement, ce n’est pas tout à fait le cas! Bien rythmé, reprenant le concept du premier volet d’un équipage traqué dans un vaisseau par une espèce inconnue… ainsi que des aliens utilisés comme armes biologiques par la Weyland, ce surprenant « Alien 4 » se laisse agréablement regarder, même si on sent que beaucoup de choses ont déjà été dites avec les trois premiers opus! Si certains effets spéciaux (créés par des collaborateurs réguliers de Jeunet) sont salement datés, on retrouve aisément la patte du réalisateur: le filtre jaune-vert, l’humour noir ainsi que certaines trognes qui ont déjà tourné pour lui: Dominique Pinon et Ron Perlman. Et étrangement, ça fonctionne plutôt bien avec cet univers! Weaver quand à elle achève sa collaboration avec cette saga qui l’a révélé en incarnant un clone de Ripley plus charismatique que jamais, boostée par de nouvelles capacités (suite à son hybridation avec l’ADN alien): force, réflexes, sang acide, intuition,… Winona Ryder campe l’androïde Call, un personnage secondaire qui se révèle finalement comme un des plus intéressants du film. Alors évidemment, ça serait mentir que de dire que ce film innove énormement et enrichit la saga car il a grosso modo les mêmes défauts qu’Aliens à peu de choses près… mais ne serait ce que pour le plaisir de revoir le personnage de Ripley dans un film agrémenté de quelques bonnes idées (son ton pessimiste -et que dire de la fin de l’édition spéciale?-, son approche résolument SF, les clones ratés de Ripley, la relation ambigüe entre Call et cette dernière, une variante de reine alien, le perturbant New Born de fin) et bien lié à la mythologie (sans trop la salir comme le feront les opus suivants), il serait dommage de s’en priver!

Pour votre serviteur, sur les sept films que compte actuellement la saga, cet opus (injustement) mal aimé se situe justement pile après le trio de tête! C’est pas si mal!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0118583/

Late Night with the Devil: Found footage/mockumentaire ayant eu son petit succès au moment de sa sortie, Late Night with the Devil montre les évènements paranormaux qui se sont succédés sur le plateau TV d’un talk show nocturne des 70’s jusqu’à ce qu’une séance de spiritisme avec une survivante d’une secte fasse définitivement basculer l’émission en bain de sang. On peut saluer le joli casting (à commencer par la solide prestation de David Dastmalchian) et les effets spéciaux/maquillages réussis (apparemment en partie générés par des IA), deux éléments qui portent le film sur leurs épaules. Le côté rétro est très bien mis en scène et le suspense admirablement entretenu, notamment grâce aux scènes sur les coulisses de l’émission. Dénonçant autant le sensationnalisme des médias (et le jusqu’au boutisme de leurs détenteurs) que les charlatans du paranormal, Late Night offre de jolis moments de terreur (on pensera forcément à L’Exorciste ou d’autres films fondateurs du genre) entrecoupés d’humour so 70’s, sans en perdre en efficacité. Le seul véritable défaut est plutôt à chercher du côté de son scénario, plutôt classique et donc prévisible. Malgré tout plus qu’un bête film d’épouvante, le métrage prend le temps d’installer une ambiance et approfondir ses personnages. S’il vous semble que le diable tarde à pointer leur nez, restez patient car le final halluciné risque bien de vous rester en tête!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt14966898/

Annihilation (2018), The Seeding (2023)

Annihilation: A force d’entendre parler de ce film…en mal….puis en bien, il a bien fallu que j’en ai le coeur net! Surtout après la déception que fut Men du même réalisateur… Et ma foi, si ce métrage est bien loin d’être parfait (notamment à cause d’une fin bâclée au possible), il propose tout de même de bien belles idées: visuellement forcément (même s’il aurait gagné à être un peu plus parcimonieux dans ses effets spéciaux), un suspense progressif qui laisse suffisamment de place aux personnages, au mystère et aux thématiques lourdes du métrage (deuil, maladie, humanité, auto-destruction,…) pour pousser la curiosité du spectateur à aller jusqu’au bout, le concept de certaines créatures elles même. Paradoxalement, Annihilation aurait sans doute gagné à jouer un peu moins la carte du film SF/horreur intello bourré de métaphores et plus sur la matérialisation de la menace extraterrestre car les baisses de rythme sont tout de même nombreuses… ou au moins mieux doser ses flashbacks! Avant donc cette fin terre à terre qui manque cruellement d’originalité là où tout le récit se permettait de jolies libertés avec les genres affiliés. Côté influences, l’héritage lovecraftien semble inévitable dans cette zone où les lois humaines de la physique ne s’appliquent plus, laissant place à la sensation de malaise constant, aux hallucinations et à la paranoïa (on pensera à La Couleur tombée du ciel par exemple). Pour preuve, Alien et The Thing vous viendront fatalement à l’esprit à un moment ou à un autre. Nathalie Portman porte admirablement le film dans son rôle de scientifique endeuillée alors son expédition s’avance toujours un peu plus loin dans l’onirisme cauchemardesque et les mutations inquiétantes. Une curiosité qui vaut le coup d’oeil, pas si loin d’un Stalker de par son étrangeté subtile!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt2798920/

The Seeding: Vous aimez les survivals bien poisseux façon La Colline a des yeux? Vous aimez les huis clos où le temps lui même semble suspendu? Vous aimez la folk horror cruelle à la Wicker Man ou Midsommar? Alors vous aimerez certainement The Seeding qui réunit ces trois influences à part égale. Paysages et photographie majestueux, ambiance craspect réussie, personnages ambigus, héros principal totalement impuissant et semblant voué à la folie, ce premier long métrage a plus d’un tour dans son sac pour plaire! Ajoutez à cela un suspense progressif (malgré une introduction qui donne un peu trop de pistes sur la suite du récit) et quelques jolis moments intimistes non dénués de poésie. Les vraies faiblesses de ce thriller se trouvant au final dans son rythme un peu trop lancinant, un certain manque de folie dans son scénario et une fin…hélas interminable, voire prévisible. Mention spéciale aux deux acteurs principaux qui font ici forte impression: Scott Haze en personnage principal relativement détestable et Kate Lyn Sheil dans un rôle tout en nuances! Donnez une chance à The Seeding!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt22778346/

A l’affiche: Godzilla Minus One (2023), Dune – Deuxième Partie (2024)

Les Bisseries sont de retour (les mauvaises langues me demanderont…pour combien de temps? :p), alors autant marquer le coup avec ces deux films vus en salles en ce début d’année!

Godzilla Minus One: Voilà un blockbuster intéressant qui nous prouve qu’ailleurs dans le monde, on sait faire des blockbusters respecteux de leurs aînés! Précisons quand même d’emblée que je ne suis pas un fan de la franchise, n’ayant vu que le mitigé opus de 1998 (par Roland Emmerich) à sa sortie…mais visiblement celle ci a sévèrement morflé quand les ricains ont repris le flambeau en 2014! Dans ce 37e film (oui, oui), on se centre beaucoup plus sur les personnages, leur passé et leur psychologie, l’impact de cette menace sur leur vie quotidienne que le monstre lui même…et c’est tant mieux. Disons le clairement, ce Godzilla est un drame rétro assumé et réussi (le métrage commence d’ailleurs juste après la Seconde Guerre mondiale) sur fond de science-fiction/film catastrophe! Ce qui n’empêche pas au film d’être spectaculaire pour autant et de mériter d’être vu sur grand écran …même si à mon goût la résolution finale est tout de même vite expédiée! Disons le, la redoutable créature et sa folie destructrice sont une réussite visuelle totale! Visiblement fortement inspiré par le Godzilla originel de 1954 (en même temps, c’est la Toho qui produit cet opus), les opus de 2001 et 2016, le climat anxiogène mondial actuel (qui n’est pas sans rappeller la thématique anti-nucléaire du premier film japonais), ce Minus One se révèle un compromis plutôt subtil (à l’image de sa romance centrale) entre pur Kaijū eiga et traumatismes pas si lointains d’un pays déshonoré par l’issue de la guerre (mais bien déterminé à s’organiser pour contrer le monstre, métaphore de ce passé douloureux). Même s’il est vrai que Takashi Yamazaki aurait pu aller plus loin sur ce second aspect, ne boudons pas notre plaisir!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt23289160/

Dune – Deuxième Partie: « Villeneuve, comme une de ses influences majeures Christopher Nolan, fait des films d’auteur esthétiquement impeccables mais qui ont la profondeur de publicités pour le parfum. Et c’est qu’il se prend au sérieux, en plus, le con! » Vous aussi, vous avez pu lire ces critiques des centaines de fois depuis le milieu des années 2010? Ben cette fois ci, on ne pourra que constater que la critique a complètement raison: cette seconde partie de Dune est assurément splendide visuellement mais reste une sacrée coquille vide! Un défaut majeur qui finalement pointait déjà son nez lors dans la première partie. Un film bien trop verbeux et qui manque cruellement de subtilité, voire qui perd complètement le spectateur dans un univers qui coulait (à peu près) de source dans son premier volet (mention spéciale à certaines intrigues qui sortent de nulle part dans son dernier tiers). Un film long, trop long pour le peu qu’il a à raconter et qui ne sait décidement ni mettre en scène la notion de danger (un comble pour un monde réputé dangereux et divisé) ou d’empathie envers son héros (pourtant on ne voit que lui… au détriment des autres factions) joué par un Thimotée Chalamet soporifique (sa sparring partner n’est pas mieux). La destinée de Paul Atréides se passera donc sans accrocs, même au moment de l’affrontement avec Feyd-Rautha (censé être redoutable). Finalement, un métrage aux thèmes majeurs déjà de taille (pouvoir, destin, religion, corruption, choix,…), qui n’a pas vraiment besoin qu’on plombe la chose avec un rythme et un scénario en chute libre, à l’image de son montage (fort) hasardeux. Alors, on sort de la salle de cinéma, mitigé, sans trop savoir ni comprendre ce que l’on a vu… Denis Villeneuve préparerait un troisième volet sur la série de romans (on ne va pas se mentir, ça se sent salement dans cette fin bâclée). Dommage car ça sera certainement sans moi!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt15239678/

A l’affiche: Terrifier 2 (2022), Infinity Pool (2023)

Terrifier 2: Loin d’être mauvaise, cette suite n’est hélas pas aussi impactante que son aîné: pas d’effet de surprise (forcément), un hommage appuyé aux années 1980… comme la majorité des films sortis depuis ces dernières années (va falloir vraiment passer à autre chose les gars maintenant…et c’est un vieux né dans les années 1980 qui vous le dit!), un lore étoffé à grands coups de surnaturel mais qui n’apporte pas grand chose de plus, un scénario et des décors plus classiques (même si on peut y voir un clin d’oeil à The Funhouse ou La Maison des 1000 Morts) flirtant parfois avec les clichés. Heureusement, on retrouve avec plaisir l’essentiel de la recette qui a fait le succès du premier opus: David Howard Thornton qui incarne toujours ce satané clown infernal, le côté gore débridé, des FX artisanaux à l’ancienne, de l’humour bien senti,… La durée excessive du métrage (un peu plus de deux heures) n’aidant évidemment pas à ce constat bien mitigé. Notez qu’un troisième volet est en préparation à ce jour!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt10403420/

Infinity Pool: Et alors, qu’en est il du dernier métrage du fils Cronenberg? Bah, trois ans après Possessor, l’essai n’est toujours pas transformé ma bonne dame…et se révèle même d’un ennui assez considérable! Si le concept de départ, à mi chemin entre horreur et SF, avait du potentiel (se servir de ses doubles pour commettre des atrocités sur la population locale façon Hostel ou American Nightmare…avec une bonne dose de dédoublement paranoïaque en prime) même s’il rappelle évidemment le cinéma du Père, le rythme, le scénario et les personnages (aussi antipathiques qu’invraisemblables) sont totalement à revoir! Les prestations honorables de Mia Goth et Alexander Skarsgard n’y changeront rien. Et si on se met en tête de poursuivre quand même le métrage pour avoir un début de réponses, l’ennui laissera place à la frustration avec cet Infinity Pool qui ne va décidement jamais au bout de ses thématiques!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt10365998/