Bisseries: Shin Godzilla (2016), Aenigma (1987)

Shin Godzilla/Godzilla Resurgence: Si on ne se focalise que sur la créature, ses mutations monstrueuses et le chaos qu’elle provoque, Shin Godzilla est sans hésiter un des meilleurs films de la franchise, avec des effets spéciaux impressionnants et un rythme effréné, tourné parfois caméra au poing (façon found footage). Seulement voilà, ce métrage tient également à nous montrer à tout prix la gestion de la crise par un groupe de politiques et de scientifiques installés à la hâte dans des bureaux tokyoïtes (façon huis clos). Et là, c’est verbeux à loisir, interminable, impersonnel (qui peut avoir de l’empathie et de l’intérêt pour ces innombrables têtes d’ampoule, franchement?) et ça dénote complètement avec le reste (quand ça ne sape pas totalement le rythme du film tout entier). Quelles sont les motivations du kaijū par exemple? Nous ne le saurons jamais… On appréciera par contre le retour aux sources avec l’élément atomique qui était bien passé au second plan au fil des nombreux opus ricains. Shin Godzilla, film bicéphale qui manque cruellement d’homogénéité donc et c’est plus que dommage vu son potentiel!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt4262980/

Aenigma: Après des années à savourer les meilleurs métrages de Lucio Fulci, il fallait bien que je m’attaque à sa (triste) fin de carrière. Rapide éclaircie dans des films bis de plus en plus fauchés depuis l’infâme Manhattan Baby, Aenigma sort (un peu) du lot grâce à quelques scènes inspirées (comment oublier celle des escargots ou celle du musée qui peut être, soyons fou, a inspirée l’idée centrale du Syndrome de Stendhal?), même si bien évidemment on est loin de la maîtrise visuelle et thématique de L’Emmurée Vivante, de L’Au Delà ou de L’Enfer des Zombies… Sorte de slasher fantastique teinté de giallo, coincé entre Carrie, Suspiria et Phenomena, cette histoire de vengeance pêche surtout par son visuel très daté 70’s et ses personnages clichés/peu fouillés incarnés par des actrices peu convaincantes (même si c’était de toute façon déjà le cas avec certains Fulci mémorables dès le départ du scénariste Roberto Gianviti). Dommage aussi de ne pas avoir plus joué sur la carte de l’ambiguïté entre la femme de ménage (je viens d’apprendre que c’est censé être la mère de Kathy, c’est dire si le pitch est mal branlé) et Eva Gordon, leur existence réelle et leurs liens avec Kathy! Ca aurait pu donner un tout autre climax! Ca se laisse tout de même regarder sans trop de peine!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0092516/

Bisseries: Beatrice Cenci (1969), Horribilis (2006)

Beatrice Cenci (connu aussi en France sous le nom Liens d’amour et de sang): Je dois dire qu’au delà que trouver perturbant de voir Fulci diriger un drame historique réel (le film de Fulci est le cinquième métrage traitant du sujet), il est assez marrant de constater que l’italien dirigeait de bons acteurs dans les années 1960 et 1970…car autant prévenir les non initiés, sa quadrilogie des zombies (1979-1981) ne brille pas vraiment de ce côté là (ni par la qualité de ses scénarios d’ailleurs, l’arrêt de sa collaboration avec Roberto Gianviti au profit de Dardano Sacchetti n’y est clairement pas étrangère). Adrienne La Russa (qu’on retrouvera dans plusieurs séries par la suite) et Georges Wilson (à la longue carrière) crèvent littéralement l’écran dans ce mélodrame sadique prenant place durant la Renaissance. On retrouvera également Tomás Milián (ici dans le rôle d’Olimpo), un habitué des westerns spaghetti et des poliziotteschi, dans deux films suivants du réalisateur: La Longue Nuit de l’exorcisme (1972) et Les Quatre de l’Apocalypse (1975). Les ambiances sont plutôt réussies, le rythme est bien dosé et encore une fois les thématiques et les plans nerveux caractéristiques du réal sont bien présents. En même temps, quoi de mieux qu’une histoire de paricide, dans le contexte de l’Inquisition (qui, petit point culture, n’a été abolie qu’au début du XIXe siècle), mettant en scène un patriarche détestable et une martyre sublime pour mettre en lumière l’hypocrisie de la bourgeoisie de l’époque et l’ambivalence de la religion? Même si l’italien se montre ici un peu avare en hémoglobine, une fois n’est pas coutume! Encore une bonne surprise en tout cas!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0064073/

Horribilis: Enième variation sur le body horror et la « possession » extraterrestre, à mi chemin entre Society, From Beyond (autre chef d’oeuvre de Stuart Gordon que je vous recommande vivement) et Frissons, avec une distribution pas dégueu d’acteurs habituellement cantonnés aux rôles secondaires (Nathan Fillion, Elizabeth Banks, Michael Rooker, Gregg Henry, Jenna Fischer et j’en passe), Horribilis ne s’en tire pas si mal en proposant un honnête film bis bien rythmé, inventif, aux effets spéciaux réussis, au second degré qui se joue des clichés du genre mais aussi aux clins d’oeil appréciables (The Toxic Avenger, Les Griffes de la Nuit,…). Il faut dire aussi que James Gunn (dont c’est ici la première réalisation) est un enfant de la Troma (il a commencé dans Tromeo & Juliet) et a signé (entre autres) le scénario d’un des rares remakes d’horreur surpassant son modèle (en l’occurrence, Dawn of the Dead) …donc ça paraît finalement assez logique! Quoi qu’il en soit, visionnez ce Horribilis, vous passerez un bon moment!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0439815/