L’Envers du Culte: La Revanche de Frankenstein (1958), Fenêtre sur Cour (1954)

La Revanche de Frankenstein: Suite directe de Frankenstein s’est échappé, ce second opus de la Hammer impose le respect. Question casting déjà! On retrouve ici Peter Cushing dans le rôle du cynique docteur, Francis Matthews dans celui de son associé et Michael Gwynn dans celui de la créature revenue d’entre les morts, tandis que Terence Fisher est toujours derrière la caméra. Et ça fonctionne diablement bien! Bien équilibré entre drame, romance, traits d’humour et épouvante, le métrage nous expose une créature bien plus touchante car foncièrement plus humaine que celle précédemment incarnée par Christopher Lee. Porté par des jolis décors (moins marquants que dans d’autres films de la franchise anglaise mais tout de même), entre deux expériences sur la transplantation de cerveau et quelques accès de folie meurtière, La Revanche revient à la base du roman (bien qu’éloigné de lui sur le papier): sonder notre (sombre) nature humaine à travers le jusqu’au boutisme d’un scientifique dérangé!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0050894/

Anecdotes:

  1. Le film utilise une partie des décors du Cauchemar de Dracula sorti la même année.
  2. Ce métrage sera un échec critique pour le public anglo-saxon et il faudra attendre six ans pour que la Hammer lance un autre opus de la saga (sans lien avec les deux premiers).
  3. On retrouve dans ce film Michael Ripper (dans un petit rôle) qui deviendra lui aussi un habitué des films de la Hammer.

Fenêtre sur Cour: Que dire d’original sur ce monument? Que son concept de huis clos ouvert/ »action par procuration » est ingénieux et déjà méta sur la thématique du voyeurisme (non seulement celui de Jefferies -accessoirement photographe- mais aussi du spectateur)? Que le couple archétypal et bien mal assorti joué par (la sublime) Grace Kelly et James Stewart a bien du mal à être crédible aujourd’hui (contrairement à un discours finalement très actuel sur ce qu’est devenue la sordide sphère de la séduction et des relations hommes-femmes) ? Qu’au contraire la photographie de Robert Burks et la mise en scène d’Hitchcock sont toujours aussi diablement efficaces? Que ce film a dû traumatiser Brian de Palma et son Body Double en tête) comme il faut (ne serait ce qu’au travers de ses thèmes principaux: paranoïa, comportement obsessionnel,…) ? Dans tous les cas, Fenêtre sur Cour reste à la fois un joli panorama sur la société américaine de l’époque en pleine Guerre Froide et un thriller prenant, où on doute jusqu’au dernier moment de ce dont le héros (et nous avec) est témoin!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0047396/

Anecdotes:

  1. La cour intérieure façon Greenwich Village a été créée de toutes pièces dans les studios de la Paramount. Certaines actrices ont même vécu dans les appartements le temps du tournage. Un système d’arrosage intégré permettait de simuler la pluie.
  2. Le couple Kelly-Stewart s’inspire de la romance entre Ingrid Bergman et Robert Capa tandis que le scénario est une adaptation de la nouvelle du même nom de Cornell Woolrich.
  3. Ce film remportera quatre oscars: réalisation, scénario, son et photographie. A propos de ce dernier, l’éclairage sur le studio était prérèglé de façon à couvrir une journée entière, nuit inclus!
  4. Tous les voisins montrés à l’écran ont un rapport avec le mariage et le couple. Un véritable miroir aux questionnements de Jefferies!

L’Envers du Culte: Scream (1996), Le Monstre (1955)

Scream: Porté par un joli casting féminin (Neve Campbell, Courteney Cox, Rose McGowan, Drew Barrymore) et une paranoïa constante de sa scène d’introduction perverse à souhait jusqu’à son twist final légendaire, Scream a lancé en 1996 la mode du slasher « méta » (vite rebaptisé « néo-slasher ») qui joue constamment avec ses propres codes (même si certains slashers des 80’s le faisait déjà en partie) et qui durera jusqu’aux années 2000 (avant l’invasion « zombie » finalement). Clins d’oeil à Halloween et aux Griffes de la Nuit, ainsi qu’à divers slashers de l’âge d’or, éléments clés indissociables du genre (final girl intelligente, chaste et débrouillarde qui devra lutter contre les traumas de son passé, faux coupables, policiers incompétents, soirée étudiante, scènes lycéennes,…), le film ravira sans mal tous les amateurs de psycho-killers blasés de ce sous-genre (présent!) qui a fait l’erreur de s’enfermer très vite dans ses propres gimmicks (le plus souvent par appât du gain). Il faut dire aussi que Freddy sort de la nuit avait quand même bien défriché le terrain deux ans avant, avec nettement moins de succès ceci dit! Autres points forts: la mise en scène au poil de Craven qui permet des scènes d’action efficaces, un scénario de Kevin Williamson (également responsable de celui de Souviens toi l’été dernier) qui ménage admirablement son suspense, des meurtres inventifs, des touches d’humour appréciables (même si un peu trop présentes à mon goût) et un (maladroit) boogeyman réaliste devenu culte! Avec en prime, une jolie crotte de nez jetée à la face des médias et leur rapport aux faits divers! Malgré tout, on sent un potentiel un peu bridé par son propre concept par moments, comme si Wes Craven, conscient de son talent et de l’impact que pourrait avoir son retour au cinéma de genre (modernisé), n’osait pas se lâcher totalement. De mémoire, les deux opus suivants étaient tout de même plus mémorables sur la gestion de la tension et généreux sur le gore mais ce volet originel a en tout cas l’avantage d’être réaliste et surprenant! Vive Scream!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0117571/

Anecdotes:

  1. Le titre originel du film était « Scary Movie »… De la même façon, la robe que portait Ghostface devait être entièrement blanche mais le rendu était trop proche de celui d’un fantôme.
  2. Le masque de Ghostface s’inspire (entre autres) du tableau Le Cri de Munch ainsi que de l’affiche de l’adaptation cinématographique de The Wall (concept album de Pink Floyd).
  3. Wes Craven n’accepta pas ce projet d’emblée, voulant s’éloigner du cinéma d’horreur.
  4. Roger Jackson, qui donne sa voix aux appels téléphoniques du tueur était totalement inconnu du reste du casting final, pour capter au mieux leurs émotions.
  5. Le script s’inspire du sordide fait divers de 1990, connu sous le nom de Gainesville Ripper. Williamson souhaitait d’emblée faire de Scary Movie une trilogie questionnant les liens entre la violence présente dans la fiction et celle réelle.

Le Monstre/The Quatermass Xperiment: Tout premier succès public de la Hammer Films (et premier volet de la trilogie des Quatermass) et il faut dire que pour un métrage de SF/épouvante des fifties, celui là est assez généreux et inventif! Pas impossible qu’il ait passablement influencé Danger planétaire et L’Invasion des profanateurs d’ailleurs! Doté de jolis effets spéciaux et d’un suspens admirablement géré, Le Monstre figure même parmi les précurseurs du body horror et certains passages vous évoqueront sans doute The Thing (ce film est d’ailleurs un des favoris de Carpenter himself)! Mais ce n’est pas tout, entre la mise en scène admirable et la prestation de Brian Donlevy en scientifique détestable/opportuniste et Richard Wordsworth (qui deviendra un habitué des films de la Hammer) en victime mutante partagé entre sa survie et ce qu’il reste de sa morale humaine, cette chasse à l’homme porteur d’une étrange maladie risque bien de vous tenir en haleine jusqu’au bout! Une jolie découverte quoi qu’il en soit!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0049646/

Anecdotes:

  1. Avant cette adaptation cinéma, The Quatermass Experiment était une série TV à succès, produite par la Hammer et diffusée en 1953. Deux autres mini-séries suivront en 1955 et 1958.
  2. Pour le final, une pieuvre vivante a été utilisée, ainsi que des boyaux de vache.
  3. Le « X » du titre fait référence au fait que le film fut le premier métrage de SF a être classé X (interdit au moins de 16 ans) au Royaume-Uni. Ironie du sort, un enfant de 9 ans décèdera d’une maladie cardiaque pendant sa projection en 1956…

L’Envers du Culte: La Nuit du Loup-Garou (1961), Prometheus (2012)

La Nuit du Loup-Garou: Seul film de la Hammer sur la thématique des lycanthropes, La Nuit du Loup-Garou s’avère être une jolie fresque moyenâgeuse et originale sur le sujet, sublimée par de jolis décors et un suspense progressif (on ne voit la créature qu’à la fin du métrage). On retrouve ici Oliver Reed dans un de ses premiers grands rôles… et il faut bien reconnaître le bougre s’en sort très bien dans ce rôle tourmenté! Si le film a subi les outrages du temps (on est plus proche ici de The Wolf Man que du Loup-Garou de Londres… pour le dire élégamment), on appréciera la métaphore sociale de cette tragédie et la volonté de mettre au premier plan/humaniser la victime de cette malédiction (une « cause » de lycanthropies bien plus ancienne que les morsures de loup) qui ici est pleinement consciente de ses méfaits. On déplorera par contre une romance peu crédible… Ceci dit ce film de Fisher figure facilement parmi les chefs d’oeuvre de la Hammer alors ne boudons pas notre plaisir…

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0054777/

Anecdotes:

  1. Le film sera un échec lors de sa sortie, ce qui explique l’absence de saga consacrée à ce monstre sacré du cinéma d’épouvante dans le catalogue de la Hammer!
  2. Ce métrage réutilise des décors du Cauchemar de Dracula et d’un autre métrage avorté de la Hammer: « The Rape of Sabena » (sur le thème de… l’Inquisition espagnole). Ces anglais ne perdent décidemment jamais le nord!
  3. Ce film est également adapté de la nouvelle Le Loup-Garou de Paris de Guy Endore.

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Prometheus: Impossible de comprendre pourquoi ce cinquième film de la franchise (septième si on inclue les deux films Alien vs Predator) divise autant sans se pencher sur sa génèse et le retour derrière la caméra du réalisateur Ridley Scott, responsable de l’indépassable premier opus! En effet, depuis Alien3, celui ci souhaitait faire un film sur l’origine des xénomorphes. En 2009, la Fox envisage sérieusement une préquelle à Alien et son choix se porte vite vers le réalisateur brittanique. En 2011, ce dernier annonce un métrage épique qui se pencherait sur l’histoire des Ingénieurs (le space jockey aperçu dans le premier Alien), leurs liens avec les créatures et l’espèce humaine mais à la fois très différent des films Alien. Alors a t il tenu ses promesses?

Et bien mmh… pas vraiment mais on y reviendra! Bien plus SF qu’horreur, il faut bien avouer que Prometheus est splendide, de ses décors à ses effets spéciaux (au hasard, les Ingénieurs). Malheureusement, ce n’est pas le cas du scénario qui semble avoir grandement souffert des réécritures successives ou du complexe de grandeur de son réalisateur… Peut être aussi que ses propres enjeux étaient trop lourds à porter pour un seul métrage! Une des grandes faiblesses du film, au delà des incohérences absolues suscitées par les incubations (aléatoires) des créatures et des temporalités qui s’entrechoquent mal (la technologie du Prometheus plus avancée que celle du Nostromo alors que le film se passe 30 ans avant en est un superbe exemple), est qu’il ne clarifie jamais vraiment son rôle entre préquelle mal branlée, remake déguisé et spin-off mal assumé (au delà des déclarations de Scott et des scénaristes). Il aurait pourtant tout à gagner à être totalement indépendant de l’univers Alien, malgré la présence des ingénieurs et d’autres créatures gigeriennes dont le rôle et l’origine sont évoquées mais de façon toujours très floue (comment a été créée l’huile noire? pourquoi les Ingénieurs veulent détruire la Terre? pourquoi ont ils créé l’espèce humaine et pourquoi nous ont ils laissé un moyen de rentrer en contact avec eux? Beaucoup de questions, aucune réponse). Cela donne l’impression que Scott ne peut pas s’empêcher d’alterner mépris pour les autres opus et fan service obligatoire… Les autres défauts majeurs sont le manque de personnages intéressants/forts (j’aime bien Rapace mais elle n’est clairement à la hauteur pour succéder à Weaver) et son rythme inconstant. Disons le clairement, seul le personnage de l’androïde David (excellent Michael Fassbender, tout en ambiguités) mérite un certain intérêt ici (ce qui sera bien problématique dans sa suite, Covenant) malgré le casting conséquent (Elba, Theron, Pierce). Dommage pour un équipage de choc censé trouver la réponse sur l’origine de l’homme… Le suspense est néanmoins correctement maintenu jusqu’à une fin haletante et grâce à un univers crédible où de nouvelles références/thématiques religieuses/métaphysiques apparaissant en filigrane. On ne peut pas reprocher au métrage de ne pas essayer d’enrichir la mythologie (comme le personnage de Peter Weyland et sa recherche de vie éternelle, par exemple). Mais le mal est fait…

Bien que la majorité des fans de la saga attendaient autre chose au moment de sa sortie (et moi avec), Prometheus « réussit » le pari fou de proposer une préquelle alternative et fascinante, qui certes rajoute plus de questions qu’elle n’en résout mais qui s’impose sans mal sur le podium des plus jolis films de la franchise (c’est dire s’il y a peu à se mettre sous la dent)… malgré un côté salement foutraque (par exemple, j’ai dû revoir les vidéos de ce bon vieux Durendal pour en comprendre les multiples clins d’oeil râtés aux autres opus) !

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt1446714/

Anecdotes:

  1. Le choix du nom du film (et du vaisseau) est évidemment un clin d’oeil au mythe de Prométhée, qui présente une thématique très proche.
  2. Les scènes extérieures ont été filmées en Islande (Hekla Valley, Dettifos Falls) et en Ecosse (The Storr, Fort William).
  3. Il s’agit d’un des derniers travaux du regretté H. R. Giger (il réalisera quelques parties de décors et son influence artistique sur le film sera visiblement supérieure à celle dans Alien) qui décèdera deux après la sortie du métrage.
  4. Le scénario serait inspiré des travaux de Erich von Däniken sur la théorie des anciens astronautes.
  5. Si Meredith Vickers (Charlize Theron) semble particulièrement froide et distante tout au long du film, c’est parce que son personnage était un androïde dans les anciens scripts.

L’Envers du Culte (express): Frankenstein s’est échappé (1957), Le Chien des Baskerville (1959)

Une fois n’est pas coutume, on aborde brièvement ici deux métrages devenus des classiques des débuts de la Hammer Films, qui, ne nous le cachons pas, ont surtout un intérêt historique. Il faut bien l’avouer, ces films ont plutôt mal vieilli donc je n’ai pas grand chose à dire dessus…

Frankenstein s’est échappé/The Curse of Frankenstein: Bénéficiant de décors splendides et d’une interprétation tout à fait correcte (saluons d’ailleurs la performance de Robert Urquhart) comme c’est souvent le cas avec les films de la Hammer des débuts, ce film souffre hélas de deux défauts eux aussi communs à bon nombre de métrages de la firme: le peu de temps qu’à la créature à l’écran (interprétée par Christopher Lee, bien aidé par un maquillage morbide réussi) et une intrigue bien trop lente à se lancer. Il faut bien dire que malgré ses qualités de l’époque (modernisation du mythe au travers de son récit centré sur le scientifique – Peter Cushing – si jusqu’au boutiste qu’il en devient le réel monstre du film), The Curse n’est pas vraiment passionnant, voire prévisible, d’autant que la créature a un comportement plutôt incohérent par moments.

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0050280/

Anecdotes:

  1. C’est la première fois que Cushing et Lee jouent ensemble dans un film de la Hammer… Ils deviendront vite de grands amis. A vrai dire, c’est même leur premier film avec la firme pour chacun des deux! C’est également la première réalisation de Fisher pour la compagnie.
  2. Ne pouvant s’inspirer des films Frankenstein de la Universal (particulièrement le Frankenstein de 1931), Terence Fisher a dû rivaliser d’ingéniosité, notamment pour le maquillage de la créature, créé au dernier moment!
  3. Il s’agit du premier film en couleurs de la Hammer Films.

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Le Chien des Baskerville: Réunissant à nouveau le trio béni Fisher/Cushing/Lee, cette adaptation du roman d’Arthur Conan Doyle pêche surtout par son scénario, trop verbeux! Si les décors gothiques (on a droit à beaucoup de scènes d’extérieur) et l’ambiance vintage sont particulièrement réussis et magnifiés par le Technicolor, le peu d’éléments fantastiques (malgré une scène d’introduction mémorable) et le rythme de l’enquête bien trop mou ont bien du mal à contenir tout baillement intempestif, d’autant plus le suspense met beaucoup trop de temps à culminer! Ca reste globalement fidèle au livre et les acteurs sont bons (comme André Morell en Docteur Watson), mais ne vous attendez surtout pas à du fantastique/épouvante mais bel et bien à un film policier (façon whodunit)!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0052905/

Anecdotes:

  1. Grand fan des aventures de Sherlock Holmes, Peter Cushing a aidé Terrence Fisher à incorporer des éléments des romans dans ce film.
  2. La Hammer prévoyait initialement une nouvelle franchise autour du personnage de Sherlock Holmes mais la grande déception des spectateurs devant l’absence de monstres fera annuler le projet.
  3. Christopher Lee jouera par la suite dans cinq autres adaptations des romans de Doyle, dont Sherlock Holmes et le Collier de la mort (dirigé d’ailleurs par Terrence Fisher).

L’Envers du Culte: Alien 3 (1992)

Vous connaissez peut être les circonstances catastrophiques du tournage de cet opus: David Fincher hérite de cette première réalisation en étant le cinquième choix de la Fox… et devant adapter au passage un scénario qui est déjà passé par quatre mains successives… On a vu mieux pour débuter sa carrière!

Opus mal aimé (sans vraiment de raisons, il faut bien le dire), Alien3 est une suite directe d’Aliens, dans laquelle on suit Ellen Ripley, unique survivante du Sulaco qui vient de s’écraser sur la colonie minière et pénitentière Fiorina 161 (aux allures de monastère), ramenant également un petit souvenir de son précédant périple… On remarque dès le départ que cet opus se démarque par ses prises de vue audacieuses mais aussi et surtout son esthétique sombre et maîtrisée (tout en jeux de lumière et contrastes) qui le rapproche de l’opus de 1979.

Au travers de cet univers froid et réaliste, on retrouvera des thématiques propres à Fincher que l’on retrouvera en filigrane tout au long de sa carrière: nihilisme, bien et mal, humanité, marginalité, religion,… La fin tragique ne faisant que renforcer cette atmosphère désolée. On a également droit à un (délicieux) retour aux bases de la saga: un seul alien est présent ici, le complexe minier est labyrinthique et baigné dans la pénombre comme les couloirs du Nostromo (on déplorera par contre l’abscence d’esthétique gigerienne), ses occupants vont devoir lutter sans armes à feu (chasse à l’homme qui prendra également des allures de chasse au monstre). Bref, Fincher opte clairement pour un mélange de SF, de thriller et d’horreur (avec une part généreuse de gore), comme le premier opus de Ridley Scott! Même si, il faut bien le dire, la science-fiction n’est pas vraiment à la fête (seul point que j’accorderais volontiers aux fans du second opus). Nous sommes ici au plus près de la psychologie des personnages, de leurs pulsions et de leurs traumas, Ripley en tête. Sigourney Weaver crève une fois de plus l’écran en mémorable héroïne charismatique, véritable femme forte dans un monde masculin en proie à la peur et au doute! Sans non plus tomber dans la caricature (dans ta gueule Cameron!), comme en témoigne sa romance avec le Docteur Clemens (le très bon Charles Dance). On retrouve également l’idée que la Weyland-Yutani est prêt à tout tout pour ramener le xénomorphe afin d’exploiter son potentiel (l’occasion de revoir ce bon vieux Lance Henriksen). Alien3 est bel et bien connecté à la mythologie de cette saga et ça fait plaisir!

Malheureusement, la tension installée fera rarement mouche, la faute sans doute à un suspens trop progressif, un montage arbitraire et un effet de surprise fatalement absent. Il serait d’ailleurs intéressant de voir les différences de vision entre celle du réalisateur et celle du studio pour mesurer quelle a été sa réelle part de liberté dans ce projet mais… Fincher reniant le film encore aujourd’hui, on se contentera de quelques scènes coupées! Autres défauts: ses effets spéciaux parfois brouillons (voire clairement datés), son rythme inégal donc mais aussi son climax bordélique où les vues subjectives et les course-poursuites perdent autant le spectateur qu’elles filent la nausée!

En somme, un métrage loin d’être parfait mais qui propose (entre autres) un véritable univers, ce qui fait de cet opus la suite la plus qualitative de la saga! Pour une première réalisation, c’est costaud (n’en déplaise aux fans d’Aliens, oui, j’aime cracher sur les cons) et Fincher prouvera d’ailleurs toute l’étendue de son talent dès son film suivant: un certain Seven

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0103644/

Anecdotes:

  • 1- Ayant hérité d’un film dont le scénario n’était même pas achevé, Fincher a également dû réaliser Alien3 alors que sa date de sortie était déjà fixée par les studios. Résultat, il claquera la porte pile avant le début du montage, mettant du même coup sa carrière en péril…
  • 2- Weaver a accepté de revenir dans ce troisième opus à la seule condition que son personnage n’y survive pas. En effet, en trois métrages, elle estimait avoir fait largement le tour d’Ellen Ripley.
  • 3- Dès que la Fox a émis l’idée de cette suite, Ridley Scott a proposé d’explorer les origines du xénomorphe mais le projet demandait un budget trop conséquent…
  • 4- Plus subtiles que les mutations des xénomorphes hybrides des opus suivants, le xénomorphe du film se déplace sur ses quatre membres et n’a pas d’appendices dorsaux, preuve que la créature conserve des caractéristiques de son hôte (un chien ou une vache, suivant la version que vous regarderez).
  • 5- Le synopsis du film est un mélange de trois ébauches de scénarios précédemment écrits. Les rares idées non exploitées donneront la thématique principale d’Alien, La Résurrection. Au départ, cette seconde suite devait se concentrer sur les personnages d’Hicks et Bishop puisque Weaver n’était pas enthousiaste à l’idée de rempiler!

L’Envers du Culte: Aliens, Le Retour (1986)

Bon, alors autant poser les bases dès le début, si ce second opus de la saga Alien s’est hissé au rang des films cultes pour certains, je n’ai jamais compris la fascination des gens pour ce film. Ce revisionnage a d’ailleurs été l’occasion de confirmer qu’il est bel et bien un des pires métrages de la franchise, n’en déplaise aux fans de films d’action mal camouflés sous leur enrobage SF (qui, après lecture de quelques critiques, n’ont de toute façon rien compris au premier opus)!

Vous aimez les films d’action? La « subtilité » typique des réalisateurs américains (oui, Cameron est canadien, ça va)? Les (jolies) coquilles vides? Ca tombe bien, pas moi! Alors si en plus on y ajoute un réalisateur légèrement surcôté (dont on sauvera juste les deux premiers volets de la saga Terminator), autant vous dire qu’on va essayer de rester correct mais ça va être très dur!

Je ne vais pas vous mentir, ce film est esthétiquement beau et inventif, avec de jolis effets spéciaux. De ce côté là rien a dire, on sent que cette fois ci le budget était conséquent (le double de celui de son aîné). Si le métrage ne brille pas particulièrement par son scénario (encore une fois, on est ici dans un pur film d’action), quelques trouvailles bien menées permettent de faire monter la tension crescendo: vue subjective, capteurs de mouvements, caméras de surveillance,… Mais sans le personnage de Ripley, Aliens pourrait tout à fait être un stand alone que la saga ne s’en porterait que mieux. Car oui, à trop vouloir se démarquer du premier opus et son concept intégral de huis clos cauchemardesque, James Cameron loupe tout ce qui faisait l’essence d’Alien et son aura culte. Ici, les grands espaces et les vastes complexes ont remplacé les couloirs glauques et claustrophobes du Nostromo. La suggestion et l’angoisse ont laissé place à la surrenchère et aux marines suréquipés. Ici, on a des aliens par paquet de cinquante (dont le design reste sensiblement le même d’ailleurs) mais jamais on ne ressent leur menace comme dans le film précédent. Attaquant désormais en meute, ils sont même assez stupides pour se suicider volontairement sur des tourelles mécaniques… Signe ultime de cette régression, cette suite est très peu gigerienne, pourtant un des éléments phares du succès d’Alien. Restent le charisme de Ripley, le développement psychologique de son personnage (notamment au travers de sa relation avec la jeune Newt), les prestations mémorables de Sigourney Weaver et Lance Henriksen dans le rôle d’un androïde délicieusement suspect. Mais le mal est fait!

Et puis vient le dernier tiers du film qui fait définitivement sombrer le métrage dans le grotesque et le risible… Même avec beaucoup de second degré, regarder Ripley se la jouer John Rambo avec une gosse dans les bras face à une reine alien (qui, grâce à sa petite taille, prend les ascenceurs et se faufile sans bruit dans les vaisseaux, c’est bien connu), non vraiment, à ce stade là, le foutage de gueule devient difficile à cacher! On est pas dans Predator, putain! Comme si Ripley avait besoin de cette surenchère pour apparaître comme une femme forte dans cet opus…. Et c’est d’autant plus paradoxal que l’apparition de la reine est le seul apport de cet Aliens à la mythologie (ceux qui ont vu la version director’s cut du premier opus savent qu’il n’y avait pas besoin de cet élément pour boucler la boucle).

A l’image du cinéma de « divertissement », si Aliens passe le test de la démonstration technique, il est en revanche d’une pauvreté thématique bien affligeante et donc une parfaite antithèse du premier opus… au vu de la direction choisie qui confine désormais son fascinant univers dans l’interminable liste des suites mercantiles et malléables commes de vulgaires séries B. Et mon petit doigt me dit que la Fox ne doit pas y être pour rien…

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt0090605/

Anecdotes:

  • 1. Vous avez trouvé que les marines du film ressemblaient étrangement à ceux de Starship Troopers? Et bien sachez que les acteurs concernés ont justement dû lire le roman d’Heinlein avant le tournage, sur les conseils de James Cameron!
  • 2. Sigourney Weaver n’était pas au courant que la Fox prévoyait de tourner une suite. Cameron l’a contacté lui même et elle a finalement accepté le rôle en voyant que son scénario développait l’aspect pyschologique de son personnage.
  • 3. La reine alien a été designée par Cameron lui même, puis portée à l’écran par Stan Winston, collaborateur régulier du réalisateur (Terminator, Terminator 2, Avatar).
  • 4. Lance Henriksen était à deux doigts d’abandonner sa carrière d’acteur au moment du film. C’est aujourd’hui un de ses plus grands succès…
  • 5. A la fin des crédits, on peut entendre un oeuf alien s’ouvrir… Plutôt cohérent avec le scénario d’Alien 3, non?

L’Envers du Culte: La Malédiction des pharaons (1959), Le Cauchemar de Dracula (1958)

Ca me titille depuis un moment mais il est grand temps pour votre serviteur d’ouvrir un cycle Hammer, parce que mes lacunes sont assez sérieuses concernant cette période faste de l’horreur gothique des 60’s-70’s! Au menu donc, des classiques comme certains opus des sagas cultes Dracula/Frankenstein mais aussi des bisseries qui sentent bon l’exploitation pure et dure!

La Malédiction des pharaons/The Mummy: Après Frankenstein s’est échappé et Le Cauchemar de Dracula, La Malédiction des pharaons est le troisième classique de la firme où l’on retrouve le trio mythique de la Hammer: Terrence Fisher à la caméra, Peter Cushing comme protagoniste principal et Christopher Lee comme antagoniste. La volonté de l’époque était alors de dépoussiérer les classiques de la Universal, avec cette fois ci l’accord de celle ci. Et il faut dire que le métrage y arrive bien, tant dans ses flashbacks égyptiens (les plus intéressants, il faut bien être honnête) que dans un cadre londonien « moderne », les décors sont magnifiques, comme souvent avec la Hammer. Seulement voilà, passé ce visuel aguichant, le film s’avère trop classique, prévisible et lent, bien trop lent à démarrer. On pourrait même déplorer un aspect horrifique timide une fois que le tout se met en route. Fatalement Lee, sous ses bandages, n’a cette fois ci que ses yeux et sa carrure pour suggérer la fatale malédiction qui va s’abattre sur les profanateurs du tombeau de la princesse Ananka. Un film qui de toute évidence a mal traversé les épreuves du temps!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0053085/

Anecdotes

  • 1- Christopher Lee s’étant blessé lors de la scène du marécage, la démarche particulière de la momie n’est pas totalement surjouée. Il se blessera d’ailleurs à de nombreuses reprises sur ce tournage.
  • 2- S’il se veut un remake de La Momie avec Boris Karloff (1932), le film s’inspire surtout de ses trois autres suites, La Main de de la momie, La Tombe de la momie et Le Fantôme de la momie.
  • 3- Certaines scènes (le châtiment de Kharis, quand Banning se défend avec un fusil de chasse) étaient plus graphiques à l’origine mais ont été censurées.
  • 4- Quand Kharis tente de rescuciter Ananka, on peut voir les paupières de cette dernière bouger… Erreur de tournage ou façon de dire aux spectateurs que le sortilège commençait à fonctionner?

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Le Cauchemar de Dracula/Horror of Dracula: Adaptation du roman de Bram Stocker, bien que prenant des libertés avec celui ci, Le Cauchemar de Dracula est surtout une révélation: celle de Christopher Lee dans un rôle qui lui va à merveille mais dont il ne pourra jamais se défaire par la suite, à son grand regret! Hypnotisante et terrifiante à la fois, cette magistrale interprétation vaut à elle seule le coup d’oeil. Il faut dire que le monsieur a un charisme certain…comme son collègue, Peter Cushing, qui lui donne la réplique ici dans le rôle dru Docteur Van Helsing le chasseur de vampire, comme ce sera le cas dans certains des opus suivants (dont on ne saurait trop vous recommander l’icônique Dracula, Prince des ténèbres). Pour la première fois, le sous-texte érotique (pourtant évident) du vampirisme apparaît à l’écran. Les décors et l’ambiance gothique sont excellents et participent énormément au charme du film. Que dire de plus? Terrence Fisher est derrière la caméra…donc autant dire que le travail est bien fait! Un classique efficace et bien rythmé (second succès conséquent pour la Hammer), qui n’a pas perdu de sa force au fil des décennies, contrairement au Dracula (1931) avec Bela Lugosi!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0051554/

Anecdotes

  1. Le Chien des Baskerville (1959), autre film majeur de la Hammer, réutilisera une partie des décors créés pour ce film. La firme ne tournant généralement qu’un film à la fois, le plus souvent avec la même équipe technique, cela se produira de nombreuses fois par la suite.
  2. Christopher Lee n’a que seize répliques dans ce film, ce qui renforce l’aura mystique et inquiétante du personnage qui apparaît d’ailleurs moins de huit minutes à l’écran.
  3. C’est aussi à Christopher Lee que l’on doit le caractère sexuel et tragique du personnage. Lee déclare s’être inspiré du roman originel quelques temps avant le début du tournage.
  4. Dracula n’a pas la capacité de se transformer (chauve-souris, loup et nappe de brouillard) dans ce film. Le scénariste Jimmy Sangster souhaitait un film d’épouvante aussi réaliste que possible!

L’Envers du Culte: Les Yeux sans visage (1960), Ne vous retournez pas (1973)

Les Yeux sans visage: Classique incontournable de l’épouvante/fantastique vintage, ce métrage de Georges Franju a passablement vieilli, malgré sa sobriété et son esthétisme certains. Mais s’il reste empreint d’un certain classicisme pour nos yeux modernes et blasés, cette adaptation du roman de Jean Redon aura eu une influence avérée sur le cinéma de genre (pour n’en citer que deux: le Halloween originel ou encore l’excellent La Piel que habito) et a dû terrifier un bon nombre de spectateurs à l’époque (les scènes sanglantes ne nous sont pas épargnées et sont relativement efficaces/réalistes, en poussant un peu, on peut même y voir les prémisses du body-horror) au delà même de son script de départ, notamment avec cette relation père-fille malsaine à souhait (et que dire de celle avec sa secrétaire?). On pensera à la série des Frankenstein bien sûr mais aussi à Psychose sorti la même année. La fin est assez inattendue et sa poésie vous marquera au moins autant que le reste du métrage! Pour une des rares excursions françaises dans le cinéma d’épouvante (flirtant comme il faut avec le drame, au travers de ses personnages fouillées), on peut dire que c’était encourageant!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0053459/

Anecdotes:

Le masque du film (en latex, novateur pour l’époque) a été conçu par Georges Klein, responsable des effets spéciaux sur le Notre Dame de Paris de 1956 mais également par Charles-Henri Assola qui travaillera sur Moonraker et Possession (pépite hallucinée encore trop méconnue).

Le temps d’une scène, Pierre Brasseur (qui joue l’antagoniste du film) donne la réplique à son fils, un certain Claude, qui interprète ici l’assistant de l’inspecteur Parot.

Jess Franco s’inspirera du film pour L’Horrible Docteur Orlof et sa suite spirituelle, Les Prédateurs de la Nuit.

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Ne vous retournez pas: Puisqu’on parle de film sur le deuil (sous toutes ses formes), voyant revenir plusieurs fois ce drame (teinté de thriller et de fantastique) dans diverses listes et classements, la curiosité a été plus forte que tout! Au final, c’est surtout l’incompréhension qui gagne car le métrage accuse clairement le poids des nombreuses décennies, en plus de souffrir d’un gros souci de rythme. Narrant l’histoire d’un couple passablement fragilisé par la mort accidentelle de leur fille (opposant une femme assez crédule à un homme plutôt sceptique mais assailli de prémonitions) et mené par de redoutables acteurs (Julie Christie et Donald Sutherland), il se révèle finalement assez prévisible dans l’ensemble (seule la fin relève un peu le niveau) même si le suspense est admirablement entretenu. On aura en revanche rarement vu une Venise aussi glauque, autant par son aspect labyrintique, la photographie que par la descente aux enfers de ce couple ou la présence d’un tueur qui rôde dans les alentours. Le véritable tour de force de Ne vous retournez pas réside surtout dans cette de superposition croissante et alternée de réalité et de fantasmes, de passé et de présent, de visions et de doutes, rendant le quotidien de ce John Baxter aussi paranoïaque que le spectateur lui même! Pas très loin d’un De Palma ou d’un Polanski tout compte fait!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt0069995/

Anecdotes:

  1. Ce métrage est une adaptation de la nouvelle éponyme de Daphné du Maurier parue en 1971. Ce n’est pas la première fois que l’écrivaine est adapté sur grand écran: en effet les deux films d’Hitchcock: Rebecca et Les Oiseaux sont également issus de son oeuvre.
  2. Si le film a traversé par une influence hitchockienne évidente (la boucle est bouclée!), il a eu une influence sur des réalisateurs majeurs du genre: Dario Argento, Danny Boyle, Ari Aster, David Cronenberg,…
  3. La scène de sexe passionné au début du film a fait grand bruit et vaudra au film les foudres de la censure dans de nombreux pays.
  4. Les couleurs rouge et verte sont présentes dans la majorité des plans du film.

L’Envers du Culte: French Connection (1971), Marathon Man (1976)

French Connection: N’ayant finalement vu que L’Exorciste (un des rares classiques d’épouvante que je ne porte pas particulièrement dans mon coeur) de Mr Friedkin, il était grand temps de découvrir le tout aussi mythique French Connection, le film qui a propulsé la carrière de son réalisateur! Mise en scène ingénieuse et nerveuse héritée du documentaire (héritage particulièrement efficace dans les scènes de poursuites), ambiances new-yorkaises hivernales crades à souhait mais réalistes (dealers et dopes à tous les coins de rue, bâtiments désaffectés,…), policiers désabusés, brutaux et obsessionnels magistralement interprétés par Gene Hackman et Roy Scheider (les seconds rôles sont tout aussi excellents), enquête aux allures de descente aux enfers… on comprend facilement pourquoi le film a fait date! Le tout évidemment inspiré du réseau du même nom (et du duo de vrais flics Sonny Grosso et Eddie Egan qui font une apparition dans le film) comme il est décrit dans le roman de Robin Moore! Sachant que je porte un culte à Taxi Driver pour un univers tout aussi poisseux, quelle claque j’ai pris! Alors, allez vite voir ou revoir ce chef d’oeuvre nom de Dieu!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0067116/

Anecdotes:

  1. Les scènes du film ont été tournées à New-York et en Provence (Marseille, Cassis).
  2. William Friedkin a voulu être le plus fidèle possible à l’enquête sur le réseau d’héroïne, ce qui contribue à la force du film. Hackman et Scheider ont d’ailleurs assisté le vrai duo de policiers pendant un mois pour rentrer totalement dans la peau de leurs personnages.
  3. Gene Hackman n’était pas le premier choix du réalisateur pour incarner James « Popeye » Doyle. Paul Newman, James Caan, Charles Bronson, Steve McQueen et bien d’autres encore furent approchés.
  4. Friedkin a dû faire preuve d’ingéniosité sur le tournage (à la fois pour ne pas exploser son budget et parce que l’équipe n’avait pas toujours les permissions de filmer): caméra embarquée dans une voiture, caméraman placé dans un fauteuil roulant (pour remplacer une dolly cam),…
  5. Peu de scènes étaient scriptées avant le jour du tournage, beaucoup ont été improvisées en arrivant sur place.

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Marathon Man: Alors, je vais être honnête avec vous, même si je n’ai pas passé un sale moment avec ce Marathon Man, je dois bien avouer qu’au moment d’écrire ces lignes (des années après donc), je n’en ai plus grand souvenir (ce qui est rarement bon signe quand même)… même si à la relecture de mes notes, j’étais plutôt dithyrambique après le visionnage. Il faut bien avouer que le métrage de John Schlesinger accuse le poids des décennies désormais, à commencer par sa durée, son scénario et ses personnages pas très fins. Reconnaissons lui quand même les qualités d’un thriller politique/à conspiration particulièrement poisseux et plutôt bien interprété (bien que pas fan de Dustin Hoffman de façon générale), gérant bien son suspense mais voilà… beaucoup de thrillers de la même trempe sont sortis depuis et il faut bien reconnaître que cette adaptation du roman de William Goldman n’est pas/plus dans le haut du panier désormais!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0074860/

Anecdotes:

  1. Laurence Olivier était gravement malade au moment du tournage mais a accepté le rôle du Dr Szell (passablement inspiré par Josef Mengele) pour mettre sa famille a l’abri financièrement. Sa prestation lui a valu une nomination aux Oscars, qu’il pu savourer, remis de son cancer de l’époque.
  2. Il s’agit d’un des tout premiers films utilisant la steadicam.
  3. Hoffman se mit à pratiquer régulièrement la course à pied, pour mieux appréhender son personnage.
  4. Plusieurs scènes violentes ont été raccourcies voire coupées, après que le public s’en soit plaint après une projection test.
  5. Si Laurence Olivier joue ici un ancien nazi, il a aussi joué à l’inverse un chasseur de nazi dans Ces Garçons qui venaient du Brésil sorti deux ans plus tard.

L’Envers du Culte: Kwaïdan (1964), Perfect Blue (1997)

Kwaïdan: En une phrase: c’est beau mais c’est long. Et lent aussi (3 heures, mes salauds)! Film japonais fantastique à quatre segments datant des années 1960 (mais tous du même réalisateur, Masaki Kobayashi), on ne peut qu’être ébahi devant la qualité esthétique exceptionnelle du métrage, des paysages (véritables fresques grandeur nature) aux costumes (c’est produit par la Toho en même temps), la bande son (de Tōru Takemitsu) et la mise en scène frôlant également la perfection. On appréciera aussi ses êtres fantômatiques venant questionner les mortels sur leur propre morale! Mais pour le reste, notamment les scénarios (même si j’ai une nette préférence pour le segment le plus « traditionnel », Hoïchi sans oreilles), ça a quand même méchamment vieilli! Dommage!

https://www.imdb.com/title/tt0058279/

Anecdotes:

  1. Chaque segment représente une saison de l’année.
  2. Le mot « Kaidan » signifie « histoire de fantômes » ou « conte effrayant ». Deux de ses histoires sont d’ailleurs tirées du recueil « Kwaidan: Stories and Studies of Strange Things » de Lafcadio Hearn, compilant contes et légendes traditionnels japonais.
  3. Le métrage a dû être raccourci pour être diffusé en salles (le second segment La Femme des Neiges était absent de cette version).

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Perfect Blue: Que dire de plus qui n’a pas déjà été dit sur ce fim d’animation culte des nineties? Thriller solide porté par un dessin superbe (où l’on sent déjà l’héritage d’Akira) et une ambiance aussi poisseuse qu’hypnotisante, le passé « idol » de son héroïne contrastant et renforçant l’horreur et le tragique des évènements à venir. Provoquant constamment et habilement la confusion entre rêves et réalité, frustrations et fantasmes, obsessions et faux semblants, image publique et vie privée, Perfect Blue est un délice labyrinthique et schyzophrénique à parcourir à chaque visionnage, qui reste longtemps en tête. Ici, le spectateur souffre en même temps que le personnage principal! Première réalisation de Satoshi Kon traitant d’un sujet finalement peu évoqué (l’obsession malsaine de certains fans pour leurs idôles) et (déjà) premier chef d’oeuvre (malgré un budget limité de 830 0000 dollars), le film aura une forte influence sur certains réalisateurs majeurs actuels (voir plus bas). On ira donc voir son Paprika avec grand plaisir!

Note: Solide

https://www.imdb.com/fr/title/tt0156887/

Anecdotes:

  1. Le film est une adaptation de la nouvelle « Perfect Blue: Complete Metamorphosis » de Yoshikazu Takeuchi (1991).
  2. Perfect Blue devait à l’origine être un film « live action », ce qui explique le réalisme poussé de ses scènes.
  3. Le métrage a eu un impact considérable sur Darren Aronofsky qui reprendra la séquence du bain dans son Requiem for a Dream. Black Swan possède également des similitudes troublantes avec Perfect Blue tandis qu’Inception en partage avec Paprika.
  4. La pellicule originelle du film a été accidentellement détruite.
  5. La réalité altérée est un des thèmes majeurs de l’oeuvre du réalisateur.