Tetsuo: Quel bonheur de prendre une si grosse claque esthétique et inventive quand on a le sentiment d’avoir tout vu ou presque dans le cinéma de genre! C’est que Tetsuo est un métrage (cyber)punk totalement possédé et déjanté (à un point qu’il devient énergivore à regarder), grâce à moultes expérimentations que je vais tenter de résumer brièvement ici: noir et blanc stylisé et granuleux, transformations physiques radicales comme métaphores de la déshumanisation progressive des sociétés industrialisées et technologiques, effets spéciaux faits à la main, sous-texte sexuel (Eros et Thanatos, n’est ce pas?), sentiment de paranoïa constante,… C’est bien simple, Tetsuo ne ressemble à aucune autre métrage à part peut être un certain Eraserhead et ses friches urbaines glauques! Même s’il est un poil trop long à mon goût, le second degré, la musique bruitiste (signée Chū Ishikawa), le montage hystérique et les effets spéciaux hallucinés (tout en stop motion) tiennent en haleine sans trop de mal. Je me suis même demandé dans quelle mesure il n’aurait pas inspiré un certain Edward aux mains d’argent (ou quand Burton ne passait pas des décennies entières à s’auto-parodier). Assurement impressionnant et avant gardiste au vu du petit budget de ce premier film de Shin’ya Tsukamoto. Un film qui divisera à coup sûr mais reste une expérience unique.
Petite vidéo du Coin du Bis pour en savoir plus.
Note: Solide
https://www.imdb.com/title/tt0096251/

Anecdotes:
- Tetsuo est le premier volet d’une trilogie, poursuivie par Tetsuo II: Body Hammer (1992) et Tetsuo: Bullet Man (2009)
- Les kaiju et l’univers sado-masochiste/fétichiste ont été deux influences visuelles majeures du réalisateur.
- Le tournage a été éprouvant pour l’équipe technique qui se réduisait jour après jour. Certains acteurs ont dû parfois les remplacer afin de terminer le métrage.
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Vaudou/I Walked with a Zombie: Il m’aura fallu entamer ce cycle zombie pour voir enfin mon premier film de Jacques Tourneur. Car je dois bien vous avouer que le cinéma d’épouvante durant les deux décennies 1940-1950 ne m’ont jamais attiré. Et ce métrage n’a pas échappé à la règle: Vaudou est un film qui tient plus de la curiosité vintage que du classique incontournable, faute à un scénario banal (une jeune infirmière est envoyée sur une île proche d’Haïti soigner une femme atteinte d’un mal étrange…rajoutez à cela de grosses ficelles, comme l’amour impossible et la rivalité fraternelle qui tombent comme des cheveux sur la soupe), des personnages trop archétypaux, l’absence d’élements fantastiques/d’épouvante et même de tensions avant la révélation finale. Alors, oui, le visuel magnifique (noir et blanc sublime, décors, gros travail sur les lumières, mise en scène soignée) sauve un peu les meubles mais le mal est fait. Heureusement, le métrage est court et ne se transforme donc pas en supplice interminable. Il est aussi et surtout un des premiers films d’épouvante (aheum!) des années 1930/1940 à revenir aux sources du zombie: la culture vaudou haïtienne (ce que fera aussi plus tard Lucio Fulci avec son Zombi 2 ou Wes Craven avec L’Emprise des ténèbres par exemple) qui permettrait de redonner la vie à des personnes décédées afin de prendre le contrôle de leur esprit…ici traitée de manière fort inintéressante, tout comme l’histoire coloniale bien évacuée du récit (et qui aurait pu mettre un peu d’enjeu dans le merdier). La suggestion et la sobriété ont décidement leurs limites…
Note: Dispensable
https://www.imdb.com/title/tt0036027/

Anecdotes:
- Le film est librement inspiré de Jane Eyre de Charlotte Brontë et d’un article de presse sur le vaudou de l’époque (intitulé « I Walked with a Zombie »). Les scénaristes ont toutefois poussé plus loin leurs recherches sur le sujet, sur la demande du producteur!
- Le rôle de Betsy (interprètée par Frances Dee) était à l’origine écrit pour Anna Lee, qui l’a finalement refusée car elle était engagée sur un autre projet.
- Le film a eu droit à son remake: Ritual, sorti en 2002.
