Bisseries: A tombeau ouvert (1999), Alucarda (1977)

A Tombeau ouvert: Même s’il n’est pas le meilleur Scorsese (ni le pire), ce métrage possède une ambiance badante à souhait qu’on aura du mal à trouver ailleurs (on pense à plusieurs reprises à Taxi Driver… forcément ou même à Night Call). Cage, Goodman et Arquette campe un trio parfait de personnages abîmés par la vie dont les destins se croisent (mais qui est parfaitement intact dans ce film en même temps?). Alors oui, par moments, il ne se passe pas grand chose (à l’instar du quotidien du Frank Pierce) et ça manque quand même de subtilité par moments mais la mise en scène ingénieuse du Monsieur, la photographie de Robert Richardson, l’univers nocturne désenchanté de ces ambulanciers et les récurrentes hallucinations morbides du personnage principal font passer la pilule sans (trop de) mal! On retrouve bien évidemment les thématiques chères à l’italien: la mort (et même l’euthanasie ici), la religion, les personnages déglingosses, la dope et même une bonne pincée de comédie! Notons également une belle BO bien rock! Alors i vous souhaitez faire un grand bain dans les bas fonds de la Grande Pomme…

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0163988/

Alucarda: Joli mélange de folk horror, sorcellerie et nunsploitation que ce métrage mexicain à l’esthétique européenne très 60’s-70’s (amis de la Hammer, foncez!). On pense plusieurs fois à Blood on Satan’s Claw, Dark Waters voire à certains films de Jess Franco (excusez du peu!). Efficace avec peu (malgré une certaine générosité en nudité et en effets gore) et mettant en scène avec efficacité des thèmes récurents du cinéma d’épouvante comme la possession, le pacte avec le Malin, l’opposition entre bien et mal, science et foi, voire les paradoxes religieux ou la normalité tout court, cette adaptation libre du classique Carmilla brille donc par une certaine subtilité dans le propos comme dans ses atmosphères étranges, surréalistes et gothiques! Porté par l’excellente Tina Romero et la jolie mise en scène de Juan López Moctezuma (notamment dans ses scènes d’extérieur), ses seuls véritables points faibles est que le film arrive un peu tard dans les seventies pour véritablement marquer les esprits… et un final un peu décevant, il faut bien le dire!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/fr/title/tt0075666/

Bisseries: The Witch (2015), Dagon (2001)

The Witch: Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins: en plus d’avoir révélé la jeune Anya Taylor-Joy et le réalisateur Robert Eggers, son premier long métrage est un véritable petit bijou esthétique de folk horror vintage…à condition d’être dans le bon mood pour l’apprécier! Thriller/drame psychologique (plus que véritable film d’épouvante) se déroulant dans un famille de colons en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle, The Witch va prendre un malin plaisir à brouiller les pistes pour mieux perdre le spectateur: récit déconstruit et austère, flashbacks multiples, rythme lent, ambiance poisseuse, suffocante et contemplative (j’ai pensé plusieurs fois à Antichrist),… Si bien qu’à la fin, nous n’avons plus de certitudes, juste des suppositions sur qui (ou quoi) s’acharne sur cette famille de paysans bannis à la lisière de bois maudits! Explorant les thématiques des liens familliaux, du bouc émissaire, du deuil, de la paranoïa, de la religion, de la possession, de la place de la femme, de la peur et des fantasmes (oui, rien que ça), ce film montre déjà une bien belle maîtrise de la réalisation, de sa direction d’acteurs, de l’esthétisme (ici, les peintres néerlandais du XVIIe siècle et leur fameux clair-obscur) et même du symbolisme indispensables à tout bon conte de folk horror!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt4263482/

Dagon: Voilà un film de Stuart Gordon qui, malgré son petit budget, s’attache à rendre hommage à l’oeuvre originelle de H.P. Lovecraft (certainement une des ses meilleures nouvelles, au passage), son ambiance poisseuse et dégénérée! Un métrage qui, comme souvent avec ce réalisateur (passablement traumatisé par les écrits du Maître de Providence, tout comme son compère Brian Yuzna) a autant de qualités que de défauts mais qui se montre toujours généreux, comme avec ses scènes les plus explicites! Puisque, oui, on ne va pas se mentir, le (sur)jeu d’acteurs (Ezra Godden n’était clairement pas le meilleur choix pour le héros principal) et les effets spéciaux au rabais piquent bien les yeux par moments… mais on est en plein cinéma bis (pour ne pas dire plus) en même temps! On pourrait aussi lui reprocher un rythme un peu trop lancinant (même si pour le coup, c’est un choix complètement lovecraftien). Quoi qu’il en soit, ce Dagon transpire tellement le respect et la passion de son matériel originel qu’il reste à conseiller à tous les passionnés d’indicible! Et puis, disons le clairement, les bonnes adaptations de Lovecraft (cela fera d’ailleurs certainement l’objet d’un futur cycle thématique) se comptent tellement sur les doigts de la main qu’on ne va pas se faire prier! A noter que le titre n’a rien à voir avec la nouvelle de Lovecraft (parue d’ailleurs bien avant son cycle sur le Mythe de Cthulhu mais qui peut y être attachée au vu de sa thématique).

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0264508/

Annihilation (2018), The Seeding (2023)

Annihilation: A force d’entendre parler de ce film…en mal….puis en bien, il a bien fallu que j’en ai le coeur net! Surtout après la déception que fut Men du même réalisateur… Et ma foi, si ce métrage est bien loin d’être parfait (notamment à cause d’une fin bâclée au possible), il propose tout de même de bien belles idées: visuellement forcément (même s’il aurait gagné à être un peu plus parcimonieux dans ses effets spéciaux), un suspense progressif qui laisse suffisamment de place aux personnages, au mystère et aux thématiques lourdes du métrage (deuil, maladie, humanité, auto-destruction,…) pour pousser la curiosité du spectateur à aller jusqu’au bout, le concept de certaines créatures elles même. Paradoxalement, Annihilation aurait sans doute gagné à jouer un peu moins la carte du film SF/horreur intello bourré de métaphores et plus sur la matérialisation de la menace extraterrestre car les baisses de rythme sont tout de même nombreuses… ou au moins mieux doser ses flashbacks! Avant donc cette fin terre à terre qui manque cruellement d’originalité là où tout le récit se permettait de jolies libertés avec les genres affiliés. Côté influences, l’héritage lovecraftien semble inévitable dans cette zone où les lois humaines de la physique ne s’appliquent plus, laissant place à la sensation de malaise constant, aux hallucinations et à la paranoïa (on pensera à La Couleur tombée du ciel par exemple). Pour preuve, Alien et The Thing vous viendront fatalement à l’esprit à un moment ou à un autre. Nathalie Portman porte admirablement le film dans son rôle de scientifique endeuillée alors son expédition s’avance toujours un peu plus loin dans l’onirisme cauchemardesque et les mutations inquiétantes. Une curiosité qui vaut le coup d’oeil, pas si loin d’un Stalker de par son étrangeté subtile!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt2798920/

The Seeding: Vous aimez les survivals bien poisseux façon La Colline a des yeux? Vous aimez les huis clos où le temps lui même semble suspendu? Vous aimez la folk horror cruelle à la Wicker Man ou Midsommar? Alors vous aimerez certainement The Seeding qui réunit ces trois influences à part égale. Paysages et photographie majestueux, ambiance craspect réussie, personnages ambigus, héros principal totalement impuissant et semblant voué à la folie, ce premier long métrage a plus d’un tour dans son sac pour plaire! Ajoutez à cela un suspense progressif (malgré une introduction qui donne un peu trop de pistes sur la suite du récit) et quelques jolis moments intimistes non dénués de poésie. Les vraies faiblesses de ce thriller se trouvant au final dans son rythme un peu trop lancinant, un certain manque de folie dans son scénario et une fin…hélas interminable, voire prévisible. Mention spéciale aux deux acteurs principaux qui font ici forte impression: Scott Haze en personnage principal relativement détestable et Kate Lyn Sheil dans un rôle tout en nuances! Donnez une chance à The Seeding!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt22778346/

A l’affiche: You Won’t be alone (2022), Hellraiser (2022)

You Won’t be alone: Attention film étrange, contemplatif et expérimental que voilà! Entre la folk horror d’un The Witch (folklore macédonien en prime) et un film introspectif de Terrence Malick, ce drame fantastique sur une jeune sorcière mérite le coup d’oeil pour sa beauté visuelle et donc pour l’expérience sensorielle (quasi naturaliste) qu’il offre, pour sûr. Mais seulement voilà, une fois que l’on a compris où le métrage voulait en venir et les thématiques qu’il souhaitait aborder (identité, innocence, solitude, condition humaine et notamment féminine au siècle dernier), le récit se noie dans de sérieuses longueurs et devient horriblement poussif/répétitif. La rareté des dialogues (mis en retrait au profit d’une voix off) et le rythme lancinant à grands coups de caméra portée venant bien sûr amplifier ce défaut! On en vient même en se demander si, sans la mode de l’ « elevated horror » actuelle, des Noomi Rapace et autres se risqueraient de leur plein gré dans ce genre de premier long métrage trop léger et souvent pataud (à l’image de sa morale)…qui n’arragera sans doute pas la réputation des films arty dont il est lui même issu…

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt8296030/

Petit article sur l’elevated horror, parce que… pourquoi pas?

Hellraiser (2022): Un reboot qui s’est longtemps fait attendre… Mais vu la poubelle ambulante qu’est devenue la franchise, valait elle vraiment le coup? Visuellement le pari est réussi, on a droit à un nouveau Pinhead (incarné cette fois ci par Jamie Clayton), de nouveaux cénobites (plus lisses, il faut bien le dire) et l’ensemble se regarde sans trop forcer. On sent que pour une fois l’équipe technique et les producteurs ont été plus respectueux du matériel de base que les opus précédents. Malheureusement si on regarde de près ou que l’on connaît un minimum Hellraiser, Le Pacte…il y a à beaucoup à redire! Si on peut féliciter cette volonté d’inscrire des thématiques sociales actuelles dans l’univers de la franchise (qui en soi n’est pas bien vieillôt, merci Barker!), on peut déplorer la quasi absence d’ambiance poisseuse et surtout d’aspects déviants/amoraux (mais jamais manichéens) qui faisaient tout le sel du premier opus. On pourrait aussi pointer du doigt la longueur du métrage (deux heures) et des protagonistes avec un taux de charisme/sympathie proche de zéro. Alors, oui évidemment, on est loin des catastrophiques suites (on sauvera de justesse Hellbound qui développe un peu le lore sans trop prendre de risques et, pour les plus curieux, Inferno qui nous fait une simili Jacob’s Ladder mais avec un Pinhead quasi absent) mais on a toujours autant l’impression de regarder un slasher lambda avec des boogeymen bizarres qui débarquent buter tout le monde dans la dernière moitié du film (à grands coups de chaînes et de crochets). Et si vous me suivez depuis longtemps, vous savez que le terme « slasher » n’est pas vraiment un compliment pour moi… Une belle coquille vide à réserver aux néophytes donc!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt0887261/

Bisseries: November (2017), The Perfection (2018)

November: Avec sa photographie en noir et blanc à couper le souffle (Ingmar Bergman es tu là?), November est un bon petit film estonien dans la lignée de The Witch et The Lighthouse, à savoir de l’épouvante à l’ancienne, véritablement plus orienté conte fantastique que véritablement horrifique, faisant donc la part belle aux légendes du folklore local. Le seul bémol est sa longueur, qui aurait méritée d’être pas mal raccourcie. En deux mots: déroutant et fascinant alors…laissez vous tenter! Ah et on me dit dans l’oreillette qu’il s’agit d’une adaptation d’un roman (Les groseilles de novembre d’Andrus Kivirähk).

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt6164502/

The Perfection: The Perfection est un modèle de petit thriller horrifique imprévisible (à regarder de préférence sans ne rien connaître du film comme ce fût mon cas ici), avec des actrices prometteuses (Allison Williams, Logan Browning) où chaque piste envisagée par les spectateurs est ingénieusement brouillée (A Couteaux tirés était également une des claques de 2019 pour les mêmes raisons), sans donner (trop) dans les explications invraisemblables non plus! Il se trouve que c’est une des raisons pour laquelle je regarde des thrillers depuis des années et pourquoi certains « monuments » du genre (Le Prestige, Shutter Island) ne fonctionnent pas sur moi, le moule à surprises étant tout de même bien usé! On pourrait évidemment déplorer la psychologie bâclée des personnages pour mettre l’action en avant, le budget faiblard qui se ressent par moments et certaines facilités de scénario mais bon, ne boudons pas notre plaisir, c’est du Netflix à la base!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt7772580/