L’Envers du Culte: Alien 3 (1992)

Vous connaissez peut être les circonstances catastrophiques du tournage de cet opus: David Fincher hérite de cette première réalisation en étant le cinquième choix de la Fox… et devant adapter au passage un scénario qui est déjà passé par quatre mains successives… On a vu mieux pour débuter sa carrière!

Opus mal aimé (sans vraiment de raisons, il faut bien le dire), Alien3 est une suite directe d’Aliens, dans laquelle on suit Ellen Ripley, unique survivante du Sulaco qui vient de s’écraser sur la colonie minière et pénitentière Fiorina 161 (aux allures de monastère), ramenant également un petit souvenir de son précédant périple… On remarque dès le départ que cet opus se démarque par ses prises de vue audacieuses mais aussi et surtout son esthétique sombre et maîtrisée (tout en jeux de lumière et contrastes) qui le rapproche de l’opus de 1979.

Au travers de cet univers froid et réaliste, on retrouvera des thématiques propres à Fincher que l’on retrouvera en filigrane tout au long de sa carrière: nihilisme, bien et mal, humanité, marginalité, religion,… La fin tragique ne faisant que renforcer cette atmosphère désolée. On a également droit à un (délicieux) retour aux bases de la saga: un seul alien est présent ici, le complexe minier est labyrinthique et baigné dans la pénombre comme les couloirs du Nostromo (on déplorera par contre l’abscence d’esthétique gigerienne), ses occupants vont devoir lutter sans armes à feu (chasse à l’homme qui prendra également des allures de chasse au monstre). Bref, Fincher opte clairement pour un mélange de SF, de thriller et d’horreur (avec une part généreuse de gore), comme le premier opus de Ridley Scott! Même si, il faut bien le dire, la science-fiction n’est pas vraiment à la fête (seul point que j’accorderais volontiers aux fans du second opus). Nous sommes ici au plus près de la psychologie des personnages, de leurs pulsions et de leurs traumas, Ripley en tête. Sigourney Weaver crève une fois de plus l’écran en mémorable héroïne charismatique, véritable femme forte dans un monde masculin en proie à la peur et au doute! Sans non plus tomber dans la caricature (dans ta gueule Cameron!), comme en témoigne sa romance avec le Docteur Clemens (le très bon Charles Dance). On retrouve également l’idée que la Weyland-Yutani est prêt à tout tout pour ramener le xénomorphe afin d’exploiter son potentiel (l’occasion de revoir ce bon vieux Lance Henriksen). Alien3 est bel et bien connecté à la mythologie de cette saga et ça fait plaisir!

Malheureusement, la tension installée fera rarement mouche, la faute sans doute à un suspens trop progressif, un montage arbitraire et un effet de surprise fatalement absent. Il serait d’ailleurs intéressant de voir les différences de vision entre celle du réalisateur et celle du studio pour mesurer quelle a été sa réelle part de liberté dans ce projet mais… Fincher reniant le film encore aujourd’hui, on se contentera de quelques scènes coupées! Autres défauts: ses effets spéciaux parfois brouillons (voire clairement datés), son rythme inégal donc mais aussi son climax bordélique où les vues subjectives et les course-poursuites perdent autant le spectateur qu’elles filent la nausée!

En somme, un métrage loin d’être parfait mais qui propose (entre autres) un véritable univers, ce qui fait de cet opus la suite la plus qualitative de la saga! Pour une première réalisation, c’est costaud (n’en déplaise aux fans d’Aliens, oui, j’aime cracher sur les cons) et Fincher prouvera d’ailleurs toute l’étendue de son talent dès son film suivant: un certain Seven

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0103644/

Anecdotes:

  • 1- Ayant hérité d’un film dont le scénario n’était même pas achevé, Fincher a également dû réaliser Alien3 alors que sa date de sortie était déjà fixée par les studios. Résultat, il claquera la porte pile avant le début du montage, mettant du même coup sa carrière en péril…
  • 2- Weaver a accepté de revenir dans ce troisième opus à la seule condition que son personnage n’y survive pas. En effet, en trois métrages, elle estimait avoir fait largement le tour d’Ellen Ripley.
  • 3- Dès que la Fox a émis l’idée de cette suite, Ridley Scott a proposé d’explorer les origines du xénomorphe mais le projet demandait un budget trop conséquent…
  • 4- Plus subtiles que les mutations des xénomorphes hybrides des opus suivants, le xénomorphe du film se déplace sur ses quatre membres et n’a pas d’appendices dorsaux, preuve que la créature conserve des caractéristiques de son hôte (un chien ou une vache, suivant la version que vous regarderez).
  • 5- Le synopsis du film est un mélange de trois ébauches de scénarios précédemment écrits. Les rares idées non exploitées donneront la thématique principale d’Alien, La Résurrection. Au départ, cette seconde suite devait se concentrer sur les personnages d’Hicks et Bishop puisque Weaver n’était pas enthousiaste à l’idée de rempiler!

Bisseries: Millénium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2011), Snake Eyes (1998)

Millénium (2011): Disons le d’entrée, je n’ai pas lu le roman (du même nom) de Stieg Larsson dont est tiré ce film (adaptation du premier roman de la trilogie, plus précisement) ni vu la mini série suédoise de 2009 (avec Noomi Rapace). Mais j’ai cru comprendre que cette adaptation était globalement assez fidèle!

Entrons dans le vif du sujet: l’histoire et le personnage de Lisbeth Salander (incarné par la stupéfiante Rooney Mara, déjà vue dans le soporifique The Social Network du même réal) est clairement le point fort du film. Et s’il paraît un peu cliché au début, on s’y attache sans peine au fil du récit. Au final, c’est elle, la véritable héroïne du film! Le duo journaliste baffoué/hackeuse sociopathe est intéressant car complémentaire et leur rencontre est plutôt bien amenée. L’autre point marquant, c’est évidemment son esthétique, les paysages suédois (alternant entre un Stockholm grisâtre et la glauquissime île familiale des Vanger) se mariant parfaitement à la mise en scène de Fincher. Et comme ce thriller n’est pas des plus légers, dépeignant une humanité globalement bien dégueulasse (parfois meurtrie jusqu’au sein de sa propre famille) et des héros solitaires et torturés, ça fait des étincelles! Le rythme est lancinant mais maîtrisé, les 2h30 d’enquête passent sans souci (malgré un épilogue pas forcément nécessaire, voire détonnant avec le reste du film), grâce également à une BO aux petits oignons (signée Trent Reznor et Atticus Ross, désormais collaborateurs réguliers du réal). Côté casting on retiendra bien sûr la performance de Craig et de Mara mais aussi celle du glaçant Stellan Skarsgård (vu maintes fois chez Lars Von Trier) malgré une gallerie de têtes connues (Robin Wright, Steven Berkoff, Joely Richardson,…). D’ailleurs, Fincher choisit ici de mettre en avant ses personnages, pour relayer l’intrigue au second plan et c’est une bonne chose, car au final celle ci se révèle assez indigeste sur la durée. Plus subtil qu’il n’y paraît, diablement efficace, ce Millenium, même s’il fait forcément penser à Zodiac, est un très bon cru qui reste en tête!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt1568346/

Snake Eyes: Sympathique thriller de Brian de Palma que j’avais oublié dans sa filmographie, Snake Eyes est porté par deux acteurs solides, Nicolas Cage et Gary Sinise (qui a tout de même signé dans de bons films avant d’être un acteur de série). L’histoire relate l’enquête de deux vieilles connaissances sur l’asssassinat d’un secrétaire d’état pendant un match de boxe auquel elles assistaient Ce huis clos propose pas mal de jolies choses: l’opposition entre le flic local et le colonel carriériste, de jolis plans ingénieux (plan séquence d’intro, scènes en vue subjective, travelling en contre plongée), un plot twist au milieu du film qui permet à la fois de dérouler l’intrigue et de l’expliquer sans trop de lourdeurs via quelques flashbacks bien sentis. C’est plutôt bien rythmé et les thématiques phares du réal sont bien là (pouvoir des images, corruption, mensonge, bref encore une fois le spectre d’Hitchcock n’est pas bien loin) ! Mais malgré toute la virtuosité de De Palma, le dernier tiers sombre hélas dans des écueils qui pouvaient passer jusque là au second plan: ses personnages principaux en font trop (Sinise notamment… vu que Cage et la sobriété, voilà quoi!), la fin est clichée à souhait et le côté verbeux/humoristique finit par franchement lasser. Sans ça et avec un budget un peu plus conséquent, le film aurait pu être un vrai petit bijou!

Note: Curiosité

https://www.imdb.com/title/tt0120832/