Furiosa: Dernier opus de la saga Mad Max, on peut dire que Furiosa n’a pas la tâche facile… passer après Fury Road, soit un des meilleurs films de la dernière décennie en terme de rythme, de montage et d’univers (et pour l’avoir revu récemment, qui constituait une alternative et modernisation du -déjà costaud- second opus, avec plus de moyens et de technique), le risque de décevoir est grand. Et effectivement, si ce cinquième opus consitue un bon divertissement/film d’action, ses apports à la saga sont bien maigres… A tel point que George Miller se sent obligé de multiplier les clins d’oeil lourdauds aux autres opus pour tenter de mieux faire avaler la pilulle… Le film est de toute trop long pour ce qu’il a à dire (une énième histoire de vengeance), les soucis de rythme/répétitions (le choix de diviser le métrage en actes n’était clairement pas une bonne idée) et d’effets spéciaux sont nombreux. Le casting n’est pas toujours au niveau, Chris Hemsworth en tête… dans un rôle clairement mal écrit (ce qui resterait anecdotique s’il n’incarnait pas l’antagoniste principla). Reste une Anya Taylor-Joy qui s’en sort globalement bien dans un personnage finalement peu fouillé et un univers post-apocalyptique réussi mais qui fait salement redite après un Fury Road aux petits oignons. D’ailleurs, celui ci apparaît bien moins hostile dans cette préquelle!
Mickey 17: Et alors qu’en est il de ce film de Bong Joon Ho, dernier film vu en salles pour ma part? Hé bien si la bande-annonce semblait annoncer une comédie noire de science-fiction… Mickey 17 tire malheureusement vers la satire SF qui part dans tous les sens (SF, comédie, thriller, action et j’en passe). Etant plus adepte des films noirs, posés et premier degré du réalisateur, je ne peux pas dire que je suis sorti satisfait du visionnage. Visuellement, c’est splendide et le film se tient plutôt bien sur les deux tiers (notamment grace à la prestation de Pattinson) avant de sombrer dans le vrai n’importe quoi, se perdant dans des intrigues multiples (et pas vraiment essentielles), désamorçant du coup tout intérêt du spectateur pour le récit. Et ce n’est pas un problème de rythme mais bien d’écriture/montage. Alors oui, on saisit bien la critique de la culture/politique américaine actuelle: ses médias (coucou Verhoeven!), son impérialisme, son messianisme et son populisme (sur ce point on a vu plus courageux mais pourquoi pas) au travers du couple incarné par Ruffalo et (l’excellente) Colette mais question subtilité, on est vraiment au ras du sol. Comme une impression de subir un mauvais film de Terry Gilliam… Histoire bien nous achever, le métrage nous pond un moralisme niais dans son dernier tiers… pour ceux qui n’étaient pas encore lassés de ce grossier spectacle. Bref, une dystopie à fort potentiel de par ses thématiques mais qui pêche par ses excès et dans lequel j’ai même eu du mal à retrouver le Joon Ho que j’aime. On repassera!
Mad God: On ne peut pas parler de ce film sans évoquer sa génèse improbable: un tournage commencé au début des années 1990 qui sera relancé près de vingt ans après grâce à un financement participatif. Son réalisateur? Phil Tippett, un vieux briscard responsable (entre autres) des effets spéciaux sur les deux premiers Star Wars, le second volet d’Indiana Jones, Willow, la saga Robocop, Jurassic Park, Starship Troopers (pas de liens, démerdez vous un peu!) … rien que ça! Le résultat? Un univers SF/horreur délicieusement cauchemardesque et nihiliste (où l’on oscille entre les horreurs post-apo d’un champ de bataille, le steampunk pur et dur, la géniale dystopie Brazil, et les laboratoires de « scientifiques » dérangés façon Mengele) tout en stop motion (d’où les galères financières), entrecoupé de quelques séquences oniriques et avec de vrais acteurs. Néanmoins, il est clair que ce second long métrage (en réalité la fusion de trois courts métrages) souffre des défauts propres au cinéma expérimental: tout n’y est pas bon à prendre, il y a parfois du remplissage, des incohérences, quelques longueurs et lourdeurs mais la folie créative et l’absence de dialogue rendent le tout suffisament intrigant/fascinant pour aller jusqu’au bout! Et permettra au moins à chacun d’y aller de son interprétation!
Oppenheimer: Disons le d’emblée, ce n’est pas le pire film de Nolan (en même temps, quand tu succèdes à Tenet…) mais contrairement aux critiques enthousiastes que l’on peut lire un peu partout sur le web, je trouve qu’Oppenheimer montre une fois de plus les défauts récurrents du réalisateur, comme sur ces deux métrages précédents. A commencer par son côté indigeste qu’une durée totale de deux heures aurait sans doute permis d’éviter. Les personnages sont trop nombreux, ce qui rend bien soporifique l’intrigue politique dans son derniers tiers. Trop de dialogues aussi d’une façon générale. Comme si ce réalisateur, réputé pour sa mise en scène et sa dévotion pour des thématiques purement scientifiques/philosophiques, avait de moins en moins confiance en ses concepts, noyés dans une formalité bien dispensable! Et si Tenet tenait à surexpliquer son concept même, Oppenheimer, lui, noie le spectateur sous une complexification inutile du récit et un rythme effréné (même si on comprend bien que la forme et le fond ne doivent faire qu’un dans l’esprit du britannique). Malgré tout, il faut bien reconnaître que le métrage offre quelques moments de bravoure visuelle… parfois magnifiquement portés par la musique de Ludwig Göransson (on pense à la séquence d’introduction, le test Trinity ou encore les hallucinations lors du discours,…) et un casting impressionnant (Blunt, Damon, Downey Jr, Hartnett, Pugh et tant d’autres!) qui livre de jolies performances, à commencer par Cillian Murphy (acteur encore trop sous-estimé) dans le rôle titre, torturé dans le privé comme dans ses « oeuvres » (et vu les conséquences de ses travaux… on le comprend). La forme même du film (visiblement inspiré par Le Miroir de Tarkovsky), entre biopic, panorama de l’Amérique au milieu du XXe siècle, drame et thriller (à la fois psychologique et politique), mélangeant plusieurs lignes temporelles, vaut le coup d’oeil. Il n’en reste pas moins que c’est encore un film mitigé pour Christopher Nolan, définitivement enfermé dans le too much!
Mars Express: C’est tellement rare qu’un animé français (de science-fiction qui plus est) fasse date aux yeux du public! Il était donc grand temps de rattraper ce Mars Express! Cette oeuvre est la première réalisation de Jérémie Périn, le créateur de la série animée Lastman, aidé ici par Laurent Sarfati au scénario. Thriller futuriste et néo-noir passablement influencé par Blade Runner, Métal Hurlant, Ghost in the Shell et Terminator 2 (oui, oui, rien que ça), servi par un dessin épuré mais efficace, le métrage accroche le spectateur autant par la vision plutôt dystopique… mais hélas crédible qu’il propose (une société où l’homme a colonisé Mars et dans laquelle androïdes et robots sont omniprésents) que son histoire (un duo d’enquêteurs chargés de retrouver une étudiante en cybernétique qui pourrait changer l’avenir). Ce n’est certes pas le premier film à aborder la thématique de la révolte/prise de conscience des IA/robots sur fond de société hyper-technologique, urbaine et décadente mais ce Mars Express le fait admirablement bien, entre poussées de violence, corruption des institutions et final poétique à souhait. Il semblerait qu’il ait même très bien digéré ses influences! Un animé riche et bien rythmé, qui, en définitive, parle autant de nos maux modernes que de notre potentiel futur!
Juré n°2: On le sait, les thématiques américano-centrées, humanistes et morales parsèment la carrière du réalisateur Clint Eastwood. C’est encore ici le cas avec ce père de famille qui, ironie du sort, se retrouve jury lors d’une affaire judiciaire dans laquelle il découvre qu’il est personnellement impliqué. Thriller dramatique porté par d’excellents acteurs (Tony Colettesurclassant Nicholas Hoult, à mon sens), un sens du rythme et de la mise en scène (classique mais efficace, comme d’habitude) mais également une jolie photographie, ce film est clairement une des plus belles surprises de 2024. Evidemment, avec un tel synopsis, le spectateur peut facilement se mettre dans la peau du personnage principal et son dilemme moral de taille. Si Eastwood a eu l’intelligence de parsemer ce huis clos mental de quelques scènes d’extérieur, Juré n°2 évite aussi les lourdeurs et le pathos inutile en dosant les flashbacks et les moments consacrés à la famille du héros (saluons donc Jonathan A. Abrams au scénario. Le principal reproche que j’aurais à faire est de ne pas avoir poussé l’ambigüité de cette « surprise » jusqu’à la fin du métrage, ce qui aurait conduit à un twist final d’autant plus puissant. Quoiqu’il en soit, un bon film sur une institution malade! Mais contrairement au Cas Richard Jewell (qui lui aussi parlait de justice), le métrage ne laisse pas sur sa faim! Vu les naufrages récents des réalisateurs d’un certain âge, on ne va certainement pas bouder notre plaisir pour cet ultime film du grand Blondin!
The Killer: Cela fait bien longtemps que je n’avais pas vu un film récent de Fincher (hormis le Millenium chroniqué sur ce blog)… et vu les déceptions consécutives qu’ont été pour moi Gone Girl et The Social Network, il faut bien avouer que j’y suis un peu allé à reculons! On suit ici le quotidien d’un tueur à gages (jusque dans ses moindres pensées)… jusqu’à l’échec d’une de ses missions qui incitera ses employeurs à se retourner contre lui! Superbement illustré par la musique des Smiths (faut il encore les présenter?), sa photo délavée et grisonnante, des cadres variés (Paris, République Dominicaine, Nouvelle Orléans, Floride, New York, Chicago) et quelques touches humoristiques bienvenues, ce métrage prouve une fois de plus le talent de Michael Fassbender (et de Tilda Swinton parallèlement), parfaitement à l’aise dans ce rôle clinique et un brin paranoïaque (on pensera forcément à Delon dans Le Samouraï), qu’il soit en mission… ou en mode réglement de comptes! Visiblement, beaucoup de spectateurs (aux cerveaux déglingués par la dopamine, je ne vois que ça) n’ont pas aimé le film, surpris par la simplicité de son intrigue, le rythme lancinant et son personnage principal impassible. Peut être parce que c’est plus réaliste? Pas le meilleur Fincher mais pour une production Netflix, c’est plus que correct et prenant!
Nosferatu: Adorant le Nosferatu originel (pour moi, le classique de vampires par excellence, la folie expressionniste en plus) et l’univers de Robert Eggers, j’avais beaucoup d’attentes sur ce film. Et le gazier, une fois de plus, m’a conquis! Piochant à la fois dans le film de Murnau, son excellent remake par Herzog (surtout) et le Dracula de Coppola (le plus faible de tous à mon sens), le réalisateur respecte la trame principale de ses prédécesseurs tout en offrant un superbe cadre gothique (à la lumière bleutée omniprésente) infusé de thématiques nouvelles, à commencer par celle du désir féminin et une version plus horrifique d’Orlock. Porté par un casting solide (à commencer par Lily-Rose Depp et Bill Skarsgard, méconnaissable en Comte Orlock) et une mise en scène au poil, le film se permet même de jolis moments d’effroi grâce à une excellente BO (le passage du carrosse dans les bois, putain) ! Si je craignais le plagiat de certaines scènes cultes, Eggers a eu l’intelligence de leur rendre hommage tout en proposant de subtiles variations. Largement infusé de romantisme et de tragédie, ce Nosferatu met clairement en avant le personnage d’Ellen (tout en ambiguïtés, loin du personnage naïf des précédents opus) et pousse plus loin la dimension sexuelle du vampire, ce qui n’est franchement pas pour me déplaire. Beaucoup (toujours les mêmes pisse-froids évoqués au dessus) ont pointé du doigt que ce remake n’apportait rien au mythe, on attend donc que ces gens passent derrière une caméra pour sublimer un film de plus de 100 ans, qu’on rigole un peu… On leur accordera toutefois une longueur pas tout à fait nécessaire. Pour ma part, Robert Eggers vient de confirmer une fois de plus qu’il était le nouveau patron de l’épouvante/horreur (mais vu ses influences… est ce si étonnant?)!
Alors qu’on est en bonne passe de terminer une nouvelle année décidement bien pauvre en sorties mémorables, qu’en est il des dernières sorties en salles ?
Terrifier 3: Vu le tournant que prenait Terrifier 2, autant vous dire que je n’avais aucune attente concernant ce troisième volet! Suite directe du métrage précédent, nous retrouvons ici les personnages de Sienna Shaw, son frère Jonathan ainsi que Victoria Heyes, la rescapée du premier film (toujours interprétés par les mêmes acteurs). Même si bien sûr, la vraie star du film, c’est évidemment Art le Clown (toujours aussi génialement interprété)! Moins de personnages donc et un métrage plus court avec un rythme bien mieux géré, ce qui est déjà une très bonne chose en soi! L’autre gros point fort de cette suite est de renouer avec le côté vicelard et malsain du premier film, aspect qu’avait un peu perdu de vue Terrifier 2 pour se concentrer sur une pseudo mythologie qui n’apportait pas une grosse plus value. Question gore et inventivité, le métrage est tellement généreux que plusieurs personnes ont quitté la salle malgré une rarissime interdiction -18 qui n’aura échappé à personne (clairement méritée d’ailleurs). Le (mémorable) climax final synthétisant parfaitement ces deux points. Question clins d’oeil, on pensera tour à tour à Shining, The House on Sorority Row, Evil Dead2. Tom Savini himself fait même un caméo! Et ça tombe bien car, encore une fois, les FX à l’ancienne sont à tomber! Placer le récit au moment de Noël crée un contraste intéressant avec les scènes de meurtre et focaliser sur le trauma des survivants leur donne un peu de profondeur. Il semblerait que Damien Leone a retenu la leçon d’un Terrifier 2 assez tiédasse. On relèvera par contre quelques incohérences mais rien de vraiment gênant. Mais même si ce Terrifier 3 s’impose comme une suite très honnête, je ne suis pas certain qu’il faille en passer par un Terrifier 4 voire 5 (comme Leone le souhaiterait) pour clore cette saga de slasher/splatter en beauté…
The Substance: En tant qu’amateur de body horror, voilà un film sur lequel il y a beaucoup de choses à dire! Et plutôt en bien! A commencer par la mise en scène au poil (même si certains pourront la trouver un peu trop clinique) et des prises de vue inspirées. Question clins d’oeil ou influences (parfois putassières), on pensera tour à tour à Elephant Man, Carrie, Requiem for a Dream, Existenz, The Thing, Shining, Society, Basket Case, La Mouche, The Neon Demon,… bref, pas mal de classiques du body horror dans le lot! Il faut dire qu’ici les effets spéciaux à l’ancienne sont efficaces! Si la plastique de Margaret Qualley fait mouche, c’est surtout Demi Moore qui crève l’écran avec sa prestation totalement habitée! Le film, qui sous-exploite déjà ses propres personnages, manque aussi cruellement de véritables personnages secondaires (l’absence totale de famille ou de proches de l’héroïne ressemble plus à une grosse facilité scénaristique qu’une dénonciation de la solitude des femmes qui se lancent à corps perdu dans l’industrie du spectacle) et la BO est franchement moyenne. Alors évidemment, impossible d’aborder le film sans parler de son aspect coquille vide, tellement son discours féministe bas du front (devenu hélas habituel… même dans le cinéma de genre) et la pauvreté de son sous-texte (les deux étant forcément liés quand on connaît la subtilité d’analyse et l’hystérie de ses représentants) l’empêchent de dépasser son statut de simple défouloir visuel. Il est même tellement caricatural qu’il en devient un énorme contre son camp (à moins qu’il dénonce ses travers, ce dont je doute fort au vu du CV de Coralie Fargeat): on a rarement vu autant de nus gratuits dans un film censé condamner la sexualisation à outrance des femmes dans le monde actuel/du spectacle (à se demander si c’est réellement une réalisatrice aux commandes) et les personnages féminins présentés n’ont pas l’air d’être particulièrement décidés à le combattre mais bon, on est plus à un paradoxe près… On se retrouve donc avec un film féministe au message aussi absurde que le combat qu’il est censé soutenir! Ceci dit rassurez vous, on reste malgré tout à des kilomètres de l’infecte propagande woke de Titane! Heureusement les notes d’humour gomment un peu ce gros point noir. Le métrage se montre un poil longuet également (surtout pour ce qu’il a à raconter) malgré son final jouissif (qui a perdu pas mal de monde dans la salle… enfin ceux qui ont résisté à la vision des aiguilles, dents et ongles arrachés ah ah). Développer l’intrigue en essayant de remonter aux créateurs de la substance ou étoffer le discours sur les travers des réseaux sociaux aurait été bien plus pertinente par exemple! En résumé, The Substance est une expérience fascinante et délicieusement éprouvante mais qui manque cruellement de subtilité (y compris dans son symbolisme)! N’est pas Cronenberg qui veut, après tout!
Megalopolis: Perplexe je suis, perplexe je reste! Rarement un film m’aura fait une telle impression en sortant de salles. Impression qui n’est d’ailleurs toujours pas partie depuis… Mi nanard intellectuel, mi curiosité visuelle, on ne peut pas reprocher à Megalopolis de ne pas être ambitieux… sauf quand on comprend que derrière la fable satirique, le réalisateur se prend vraiment au sérieux et nous délivre un message politique (daté) sur l’avenir… si prétentieux, manichéen, naïf et creux qu’il en devient risible (et que l’on résumera à un « ok, boomer! » des familles). La SF n’est qu’un prétexte ici pour aborder les questions de pouvoir, d’idéal sociétal, de décadence civilisationnelle, du temps qui passe, de l’amour, de l’espoir,… Thématiques abordées sous l’angle du politiquement correct et sans grand lien avec la réalité actuelle (bref, la gôche dans toute sa splendeur), donc sans intérêt. On évacuera donc directement cet aspect là pour se concentrer sur le plus important: le sens de la mise en scène de son réalisateur!
Projet vieux de quatre décennies ou plus, on ne va pas se mentir, même en ignorant qu’il s’agit d’un film testament, ça se ressent sur tous les points: Megalopolis donne la désagréable sensation de partir dans tous les sens puisque son réalisateur veut en mettre plein la vue et aborder plein de sujets. Résultat: le spectateur a à peine le temps de respirer et l’indigestion se fait clairement plusieurs fois sentir… Megalopolis, film excessif et éprouvant donc. Ajoutez à cela une longueur excessive et un montage qui n’aide pas à comprendre un scénario fouillis. Le casting luxueux s’en sort plutôt bien malgré la logique incompréhensible de certains personnages. Le trop plein de références à la République romaine n’était franchement pas nécessaire et rajoute aux lourdeurs et au kitsch général du métrage. J’y ai personnellement trouvé pas mal de points communs avec l’oeuvre de Shakespeare et je pense que les inspirations d’un tel métrage sont multiples. Même chose concernant les effets spéciaux: on alterne entre la stupéfaction et l’incompréhension. Sous un joli emballage, il n’y a hélas pas grand chose à sauver de cet ovni à part des passages hallucinés ou grandiloquents (souvent plein de symbolisme) très réussis… Raccourci d’une bonne demie heure, il aurait certainement gagné en puissance. Un peu comme Beau is Afraid, le dernier Aster, tiens!
Film auto-financé, on sent que ce bon vieux Francis a a pu jouir d’une liberté artistique totale sur ce film. Certainement trop. Cette mégalomanie constitue à la fois son intérêt mais aussi ses nombreuses lacunes. Quoiqu’il en soit, sortie de scène râté pour Mr Coppola!
Alien: Romulus: Alors que Ridley Scott avait laissé la saga Alien en bien piteux état avec Covenant, qu’en est il de ce nouveau opus, bifurquant vers l’arc narratif des quatre premiers films? Hé bien, s’il est loin d’être la catastrophe annoncée par sa bande annonce façon slasher de l’espace (et puis, disons que j’ai encore en mémoire le nullissime/inutile remake d’Evil Dead de son réalisateur) porté par de jeunes acteurs inconnus et même si j’en attendais strictement rien, c’est très loin d’être correct!
Ici, le plus gros défaut de ce film est de ne rien inventer et surtout de penser qu’il suffit d’injecter une bonne dose putassière de fan service pour contenter tout le monde. C’est simple, ce film est une compilation de clins d’oeil voire carrément de remake de scènes cultes de la franchise… L’intention de lier le métrage au reste de la mythologie (y compris Prometheus et Covenant) est louable mais elle rend juste ce Romulus encore plus factice et indigeste. On sauvera tout juste les deux interprètes principaux (Cailee Spaeni et surtout David Jonsson, LE seul personnage intéressant du film) au milieu d’un casting bof bof (on ne va pas se mentir les deux films précédants souffraient déjà de l’absence d’héros porté par des comédien(ne)s de talent comme Weaver. A la place, on a eu un antagoniste mémorable et surprenant joué par Fassbender mais on attendait toujours un contrepoids… mais je m’égare!), un visuel plus qu’honnête (inspiré du jeu Alien: Isolation) avec des effets spéciaux réussis, une introduction sur une planète terraformée (que l’on aurait bien aimé plus longue) et l’idée du cocon dont se sert le chestbuster pour évoluer sous sa forme finale (mais c’est pas comme si chaque phase prenait cinq minutes montre en main depuis Covenant, hein). C’est peu, trop peu!
Le reste est un tissu d’incohérences (le passage avec les facehuggers, put*in, mais j’en ris encore!), de ressucées et de fan service lourdingue au service d’un film qui se déroule tranquillement (alors qu’avec un seul xénomorphe, on avait les bases saines du premier film), entre deux scènes chocs et un compte à rebours, manière de gonfler artificiellement la tension (contrairement à notre patience). Quelques exemples? Le coup de l’hybride moche (oh comme dans Alien Resurrection!) qui devient adulte en l’espace de quelques plans pour donner lieu à un affrontement final qui rappellera la majorité des fins des opus de la saga (d’ailleurs, c’est peut être un running gag ces histoires de dépressurisation, allez savoir!), il fallait oser! Et si t’es un inconditionnel du premier opus comme moi, rassure toi, t’auras droit à un retour d’une autre version d’Ash, l’androïde originel (oui, parce qu’apparement le film prend place entre les deux premiers métrages) parce que pfff pourquoi pas? Et même si Ian Holm est décédé il y a quatre ans bah c’est pas grave, on a la technologie pour faire des face swap mal branlés… Au moins, aucun opus ne sera épargné par la purge, j’aime cette vision moderne de la démocratie! Et si je vous disais qu’ils ont même replacés mot pour mot des punchlines des anciens films? Ah ça rigole moins dans le fond, hein? Pire que le manque d’originalité, cet opus ne prend aucun risque (à l’image de l’happy end). Même s’il était boiteux et incohérent, Covenant proposait quelque chose de nouveau… Et que dire d’Aliens qui passe pour un chef d’oeuvre incontournable à côté de ce… truc! Alors, certes, il ne déforme pas ni la mythologie ni les anciens films mais du coup, quelle est son utilité réelle?
Reste à savoir quelle est la part de responsabilité d’Álvarez ou de Disney dans ce naufrage… Visiblement tout a déjà été dit sur le sujet mais on ne refuse pas quelques billets faciles surtout si on peut toucher les nouvelles générations! On a du mal à ressentir l’amour du réalisateur pour la saga dans ce best of/spin off (malgré ses intentions) tiédasse en tout cas! A noter qu’une série sur le même univers (mais se déroulant sur Terre, comme son nom l’indique), Alien: Earth, est déjà prévue pour 2025…
MaXXXine: Prenez les bas fonds de Los Angeles des 80’s pendant la satanic panic, une suite de slasher à succès, un soupçon de giallo, un autre de thriller, une critique méta de l’industrie hollywoodienne (réécriture acerbe façon Once Upon A Time in… Hollywood), une aspirante actrice travaillant dans l’industrie pour adultes (accessoirement ultime rescapée d’un massacre bien cradingue six ans avant), un serial killer qui a réellement existé et vous aurez (quasi) tous les ingrédients pour attirer tout adepte de films de genre. Hélas…on ne va pas laisser le suspense planer inutilement, MaXXXine a beaucoup à dire sur l’industrie cinématographique (et c’est bien là que le métrage est le plus intéressant) mais bien peu de choses à nous apprendre de plus sur son personnage éponyme. Au point où après visionnage, on se demande de quoi parle finalement ce film. La faute sans doute à un scénario qui ne semble pas savoir où aller, de trop nombreux personnages/histoires parallèles et d’une tension au rabais (à l’image du reveal final prévisible…depuis le premier opus). Autre gros point noir: le personnage incarné par Kevin Bacon apporte une touche d’humour…qui vire très vite au lourdingue. Pris à part, c’est un film moyen…mais replacé dans sa trilogie d’origine (dont on reparlera bientôt sur ce blog), il fait clairement office de remplissage malgré une nouvelle interprétation mémorable de Mia Goth. C’est le métrage le moins bon des trois malgré son propos parfois original, comme celui de son prédécesseur Pearl… Plutôt avare en scènes chocs à mon goût, il conclue donc péniblement cette trilogie commencée en 2022 avec X mais… garde tout de même un certain intérêt grace à une jolie mise en scène vintage et son réalisateur, Ti West, bien décidé à sortir le genre de son petit carcan confortable!
Trap: Disons le tout de suite: le dilemme actuel avec Shyamalan, c’est sa proposition régulière de scénarios originaux…qui se transforment visiblement en films navrants depuis presque une décennie maintenant. J’ai voulu en avoir le coeur net avec ce Trap, ayant loupé tous ses métrages depuis le (très) décevant Glass. Au final, l’adage s’est vérifié puisque j’en retiens plus la mise en scène toujours aussi léchée de son réalisateur et les performances (correctes) de Josh Hartnett et de Saleka Shyamalan (qui visiblement fait réellement carrière dans la chanson) que ce thriller…beaucoup trop prévisible et grand public! Rebondissements tellement invraisemblables qu’ils finissent par énerver, fin interminable qui sombre dans la pure paresse intellectuelle (et qui aurait pourtant pu démarquer le film de tous les huis clos actuels), humour trop présent (au détriment de la tension nécessaire au bon fonctionnement d’un thriller), serial killer bien trop lisse (mais cliché à souhait dans ses traumas), les défauts de ce métrage sont nombreux et risquent de vous faire sortir du métrage comme il faut… Si l’intrigue de départ peut faire penser à un Snake Eyes à fort potentiel, je vous le dis en toute honnêté, épargnez vous ces 105 minutes de vide (quel est le propos du film, putain?) et de souffrance inutile, ça n’en vaut pas la peine. Peut être serait il temps de se refaire la main sur des synopsis moins ambitieux ou de passer plus de temps à les peaufiner? Voire même d’arrêter de prendre ses spectateurs pour des débiles finis, vu la purge qu’est ce film?
Les Bisseries sont de retour (les mauvaises langues me demanderont…pour combien de temps? :p), alors autant marquer le coup avec ces deux films vus en salles en ce début d’année!
Godzilla Minus One: Voilà un blockbuster intéressant qui nous prouve qu’ailleurs dans le monde, on sait faire des blockbusters respecteux de leurs aînés! Précisons quand même d’emblée que je ne suis pas un fan de la franchise, n’ayant vu que le mitigé opus de 1998 (par Roland Emmerich) à sa sortie…mais visiblement celle ci a sévèrement morflé quand les ricains ont repris le flambeau en 2014! Dans ce 37e film (oui, oui), on se centre beaucoup plus sur les personnages, leur passé et leur psychologie, l’impact de cette menace sur leur vie quotidienne que le monstre lui même…et c’est tant mieux. Disons le clairement, ce Godzilla est un drame rétro assumé et réussi (le métrage commence d’ailleurs juste après la Seconde Guerre mondiale) sur fond de science-fiction/film catastrophe! Ce qui n’empêche pas au film d’être spectaculaire pour autant et de mériter d’être vu sur grand écran …même si à mon goût la résolution finale est tout de même vite expédiée! Disons le, la redoutable créature et sa folie destructrice sont une réussite visuelle totale! Visiblement fortement inspiré par le Godzillaoriginel de 1954 (en même temps, c’est la Toho qui produit cet opus), les opus de 2001 et 2016, le climat anxiogène mondial actuel (qui n’est pas sans rappeller la thématique anti-nucléaire du premier film japonais), ce Minus One se révèle un compromis plutôt subtil (à l’image de sa romance centrale) entre pur Kaijū eiga et traumatismes pas si lointains d’un pays déshonoré par l’issue de la guerre (mais bien déterminé à s’organiser pour contrer le monstre, métaphore de ce passé douloureux). Même s’il est vrai que Takashi Yamazaki aurait pu aller plus loin sur ce second aspect, ne boudons pas notre plaisir!
Dune – Deuxième Partie: « Villeneuve, comme une de ses influences majeures Christopher Nolan, fait des films d’auteur esthétiquement impeccables mais qui ont la profondeur de publicités pour le parfum. Et c’est qu’il se prend au sérieux, en plus, le con! » Vous aussi, vous avez pu lire ces critiques des centaines de fois depuis le milieu des années 2010? Ben cette fois ci, on ne pourra que constater que la critique a complètement raison: cette seconde partie de Dune est assurément splendide visuellement mais reste une sacrée coquille vide! Un défaut majeur qui finalement pointait déjà son nez lors dans la première partie. Un film bien trop verbeux et qui manque cruellement de subtilité, voire qui perd complètement le spectateur dans un univers qui coulait (à peu près) de source dans son premier volet (mention spéciale à certaines intrigues qui sortent de nulle part dans son dernier tiers). Un film long, trop long pour le peu qu’il a à raconter et qui ne sait décidement ni mettre en scène la notion de danger (un comble pour un monde réputé dangereux et divisé) ou d’empathie envers son héros (pourtant on ne voit que lui… au détriment des autres factions) joué par un Thimotée Chalamet soporifique (sa sparring partner n’est pas mieux). La destinée de Paul Atréides se passera donc sans accrocs, même au moment de l’affrontement avec Feyd-Rautha (censé être redoutable). Finalement, un métrage aux thèmes majeurs déjà de taille (pouvoir, destin, religion, corruption, choix,…), qui n’a pas vraiment besoin qu’on plombe la chose avec un rythme et un scénario en chute libre, à l’image de son montage (fort) hasardeux. Alors, on sort de la salle de cinéma, mitigé, sans trop savoir ni comprendre ce que l’on a vu… Denis Villeneuve préparerait un troisième volet sur la série de romans (on ne va pas se mentir, ça se sent salement dans cette fin bâclée). Dommage car ça sera certainement sans moi!
You Won’t be alone: Attention film étrange, contemplatif et expérimental que voilà! Entre la folk horror d’un The Witch (folklore macédonien en prime) et un film introspectif de Terrence Malick, ce drame fantastique sur une jeune sorcière mérite le coup d’oeil pour sa beauté visuelle et donc pour l’expérience sensorielle (quasi naturaliste) qu’il offre, pour sûr. Mais seulement voilà, une fois que l’on a compris où le métrage voulait en venir et les thématiques qu’il souhaitait aborder (identité, innocence, solitude, condition humaine et notamment féminine au siècle dernier), le récit se noie dans de sérieuses longueurs et devient horriblement poussif/répétitif. La rareté des dialogues (mis en retrait au profit d’une voix off) et le rythme lancinant à grands coups de caméra portée venant bien sûr amplifier ce défaut! On en vient même en se demander si, sans la mode de l’ « elevatedhorror » actuelle, des Noomi Rapace et autres se risqueraient de leur plein gré dans ce genre de premier long métrage trop léger et souvent pataud (à l’image de sa morale)…qui n’arragera sans doute pas la réputation des films arty dont il est lui même issu…
Hellraiser (2022): Un reboot qui s’est longtemps fait attendre… Mais vu la poubelle ambulante qu’est devenue la franchise, valait elle vraiment le coup? Visuellement le pari est réussi, on a droit à un nouveau Pinhead (incarné cette fois ci par Jamie Clayton), de nouveaux cénobites (plus lisses, il faut bien le dire) et l’ensemble se regarde sans trop forcer. On sent que pour une fois l’équipe technique et les producteurs ont été plus respectueux du matériel de base que les opus précédents. Malheureusement si on regarde de près ou que l’on connaît un minimum Hellraiser, Le Pacte…il y a à beaucoup à redire! Si on peut féliciter cette volonté d’inscrire des thématiques sociales actuelles dans l’univers de la franchise (qui en soi n’est pas bien vieillôt, merci Barker!), on peut déplorer la quasi absence d’ambiance poisseuse et surtout d’aspects déviants/amoraux (mais jamais manichéens) qui faisaient tout le sel du premier opus. On pourrait aussi pointer du doigt la longueur du métrage (deux heures) et des protagonistes avec un taux de charisme/sympathie proche de zéro. Alors, oui évidemment, on est loin des catastrophiques suites (on sauvera de justesse Hellbound qui développe un peu le lore sans trop prendre de risques et, pour les plus curieux, Inferno qui nous fait une simili Jacob’s Ladder mais avec un Pinhead quasi absent) mais on a toujours autant l’impression de regarder un slasher lambda avec des boogeymen bizarres qui débarquent buter tout le monde dans la dernière moitié du film (à grands coups de chaînes et de crochets). Et si vous me suivez depuis longtemps, vous savez que le terme « slasher » n’est pas vraiment un compliment pour moi… Une belle coquille vide à réserver aux néophytes donc!
Terrifier 2: Loin d’être mauvaise, cette suite n’est hélas pas aussi impactante que son aîné: pas d’effet de surprise (forcément), un hommage appuyé aux années 1980… comme la majorité des films sortis depuis ces dernières années (va falloir vraiment passer à autre chose les gars maintenant…et c’est un vieux né dans les années 1980 qui vous le dit!), un lore étoffé à grands coups de surnaturel mais qui n’apporte pas grand chose de plus, un scénario et des décors plus classiques (même si on peut y voir un clin d’oeil à The Funhouse ou La Maison des 1000 Morts) flirtant parfois avec les clichés. Heureusement, on retrouve avec plaisir l’essentiel de la recette qui a fait le succès du premier opus: David Howard Thornton qui incarne toujours ce satané clown infernal, le côté gore débridé, des FX artisanaux à l’ancienne, de l’humour bien senti,… La durée excessive du métrage (un peu plus de deux heures) n’aidant évidemment pas à ce constat bien mitigé. Notez qu’un troisième volet est en préparation à ce jour!
Infinity Pool: Et alors, qu’en est il du dernier métrage du fils Cronenberg? Bah, trois ans après Possessor, l’essai n’est toujours pas transformé ma bonne dame…et se révèle même d’un ennui assez considérable! Si le concept de départ, à mi chemin entre horreur et SF, avait du potentiel (se servir de ses doubles pour commettre des atrocités sur la population locale façon Hostelou American Nightmare…avec une bonne dose de dédoublement paranoïaque en prime) même s’il rappelle évidemment le cinéma du Père, le rythme, le scénario et les personnages (aussi antipathiques qu’invraisemblables) sont totalement à revoir! Les prestations honorables de Mia Goth et Alexander Skarsgard n’y changeront rien. Et si on se met en tête de poursuivre quand même le métrage pour avoir un début de réponses, l’ennui laissera place à la frustration avec cet Infinity Pool qui ne va décidement jamais au bout de ses thématiques!