L’Envers du Culte: Les Diables (1971), L’Heure du Loup (1968)

Les Diables: Film culte (inspiré d’un récit historique réel que relatera Aldous Huxley dans Les Diables de Loudun) qui s’avère être une énorme farce au vu du (sur)jeu d’acteurs, de son scénario, de son montage et même de sa BO tellement excessifs ou à la ramasse (mais jamais dans l’entre-deux et c’est bien tout le problème) qu’ils semblent pondus sous acide, façon Jodorowsky ou Gilliam mais sans leur génie. On connaît le goût habituel de Ken Russell pour le mauvais goût, le surréalisme et la provocation mais là, les potards du grotesque ne sont pas loin d’exploser… Même Oliver Reed, souvent génial dans des rôles flamboyants, fait office de petit joueur… Alors oui, on saisit bien le propos à charge contre le rigorisme/fanatisme religieux, la frustration sexuelle, la noblesse et les abus de pouvoir en général mais honnêtement, n’était il pas possible de proposer quelque chose de plus fin, sans se vautrer dans des clichés provocateurs ridicules au point de décrédibiliser totalement ses personnages et son récit? C’est pas comme si Ken Russell était un manchot total non plus… Le métrage a au moins eu le mérite de m’arracher des rires nerveux devant le n’importe quoi ambiant et constant… J’imagine que c’est déjà énorme! Ceci dit, tout n’est pas à jeter, à commencer par quelques séquences inspirées (cf photo du dessous), les décors et les costumes foutrement réussis! Historiquement, ce film fait partie des débuts de la nunsploitation mais franchement, quelle corvée les amis!

Note: Dispensable

https://www.imdb.com/title/tt0066993/

Anecdotes:

  1. Le film s’inspire également de la pièce de théâtre du même nom de John Whiting et de La possession de Loudun de Michel de Certeau.
  2. Certains éléments modernes (et donc anachroniques) ont été volontairement intégrés au récit par Russell.
  3. Ce film a fait grand bruit au moment de sa sortie de par son caractère violent et sexuel, malgré le montage final éliminant les scènes les plus sulfureuses. Il faudra attendre 30 ans pour qu’une version director’s cut soit disponible, la Warner faisant volontairement opposition à cela.
  4. Les films Metropolis et La Passion de Jeanne d’Arc ont eu une grande influence sur les décors et les costumes.

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L’Heure du Loup: Depuis le temps, il fallait quand même bien découvrir Ingmar Bergman! Surtout qu’au vu de son univers, ça avait beaucoup de chances de me parler! Et effectivement, ce fut une très belle découverte. Déjà, le noir et blanc est magnifique ici, l’ambiance oppressante à mi chemin entre drame et fantastique que ne renieraient pas des Lars Von Trier (Antichrist surtout) ou (et c’est bien plus évident) des Lynch. Les acteurs principaux Max Von Sydow et Liv Ullmann (qui collaboreront plusieurs fois avec le réalisateur) sont totalement habités par leur rôle. Enfin, c’est surtout un film qui laisse court à l’interprétation du spectateur, ce qui est toujours appréciable. L’Heure du Loup est il un film sur l’angoisse de la paternité, les mensonges au sein d’un couple, les fantasmes et la tentation adultère, les troubles identitaires, la dévotion extrême d’une femme menant à l’isolement social? Les occupants du château sont ils seulement réels ou purement dans l’imagination/souvenirs du peintre torturé? D’ailleurs ce peintre… et si c’était l’alter-ego de Bergman lui même (qui sortait alors d’une liaison avec Ullman)? Libre à vous d’y adhérer ou pas. Ce qui est sûr, c’est qu’on replongera avec grand plaisir dans cet univers réaliste et minimaliste (très peu de musique dans celui ci… le Dogme 95 n’a finalement rien inventé) qui, grâce à de fascinantes étrangetés avant-gardistes… fait beaucoup avec peu!

Note: Solide

https://www.imdb.com/title/tt0063759/

Anecdotes:

  1. Le film s’inspire aussi bien des propres cauchemars du réalisateur, que de La Flûte Enchantée ou encore des récits gothiques de Ernst Theodor Wilhelm Hoffmann (particulièrement sa nouvelle « The Golden Pot »).
  2. Le premier jet de ce film se nommait « Les Cannibales » mais fut temporairement abandonné pour réaliser Persona (avec lequel L’Heure du Loup partage des thématiques communes).
  3. Ce métrage est un des films favoris d’Andrei Tarkovsky.

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